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Niveau 4eme géographie

HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES

XVIIième Siècle.

Par Stéphane Gobert


 

 Créé par S. Gobert grâce au notes de F. Gilon

 

I) Doctrine absolutiste et réalité politique au XVIIième Siècle.

 

Introduction

Le XVIIième S est appelé le siècle de Louis XIV, qui n’a cependant régné que lors de la deuxième partie du siècle, à la mort de Mazarin en 1661.

Le XVIIième S est aussi appelé le Grand Siècle, un siècle de majesté, mais aussi de crises à différents niveaux.

Mais revenons à l’absolutisme.

L’absolutisme est fragile bien qu’il semble fort. Il s’effondrera dans les pays les plus modernes (Angleterre et Pays-Bas), car trop anachronique. Il a été conçu comme la négation de la féodalité, c. à d. qu’il s’oppose au particularisme et au morcellement féodal. Mais l’absolutisme ne veut jamais dire despotisme ou tyrannie. Il reste limité par la loi divine et la loi naturelle.

En Angleterre et dans les provinces unies (P-B), des pays où le capitalisme commercial s’est développé, on trouvera les principales œuvres politiques de l’époque. Le centre économique de l’Europe est dorénavant le nord.

En France, la pensée politique ne présentera guère d’originalité. Par contre, la France brillera par les arts et les lettres.

 

  1. Mercantilisme et absolutisme.
  2. La doctrine mercantiliste accorde toute l’importance à la réserve d’or et d’argent d’un pays, en déterminant sa puissance. Le mercantilisme suppose le rationalisme, l’industrialisation, le protectionnisme.

    Le mercantilisme s’efforcera à développer la production nationale en créant et développant les manufactures, tout en amassant l’argent venant d’outre-mer. C’est Colbert qui en fut l’initiateur en France (Colbertisme), en usant d’une politique largement en faveur de l’industrie.

     

    C’est une politique qui s’oppose au particularisme (politique nationale accordant la protection aux compagnies commerciales grâce à l’obtention de monopoles). Le mercantilisme est un agent d’unification nationale, nécessitant une grande solidarité entre l’Etat, les commerçants et les agents.

    Il faut pour cela une autorité nationale. L’absolutisme en est donc le couronnement normal. Toutefois, plus tard, le développement du capitalisme ruinera l’absolutisme.

  3. L’opposition des classes.
  4. La noblesse et la bourgeoisie sont toujours en opposition, alors que la monarchie s’appuie sur les bourgeois pour gouverner. Cette opposition farouche se fera au profit de la monarchie.

  5. Les causes religieuses.
  6. L’absolutisme est sorti renforcée des guerres de religions, car la population aspire à la paix et à l’autorité du Roi.

    On retrouve en France, comme en Angleterre, un sentiment d’indépendance par rapport au Pape : le gallicanisme. C’était la ligne de conduite officielle de la monarchie, des papes de France, des différentes institutions. C’était là une façon de se libérer de toute allégeance envers Rome, traduisant de plus en plus une séparation entre le pouvoir temporel et spirituel (des papes).

    (a) En France :

    Louis XIV rejette toutes interventions dans les affaires intérieures de l’Eglise de France. Il prétendait dominer l’Eglise de France, voulant que les évêques français aient le moins de rapport avec le pouvoir de Rome. Cela entraîna un conflit avec le Pape.

    En 1682, Bossuet précisera la position gallicane dans " la Déclaration des 4 articles ". Texte dans lequel il mettait en évidence les libertés de l’Eglise gallicane de France par rapport au Pape, et sur l’indépendance du pouvoir temporel.

    Le gallicanisme va dans le sens de l’absolutisme. Le roi veut le pouvoir absolu sur son Eglise en France. Il rejette la papauté dans les affaires internes de l’Eglise.

    A la fin du siècle, suite à un conflit avec le Pape, Louis XIV abandonne le gallicanisme.

    (b) En Angleterre :

    En 1534, Henri VIII Tudor se déclare chef de l’Eglise d’Angleterre. C’est une rupture avec le Pape, un Schisme. L’Angleterre vire au protestantisme.

    Sous Elisabeth Ière, L’anglicanisme est fixé comme religion d’Etat. C’est le " Bill des 39 articles ", en 1563.

  7. Les causes politiques.
  8. La population, la Fronde, aspire à la paix et au calme après les guerres de religion. Cela va dans le sens de l’absolutisme, et explique pourquoi Louis XIV n’a pas eu de mal à s’imposer. La soumission au Roi est accentuée.

    La reprise des guerres, comme celle de 30 ans, va consolider l’absolutisme dans un premier temps. Toute la nation est derrière son Roi, le sens national étant alors très vif. Mais à la longue, les guerres vont avoir un effet inverse, provoquant un sentiment d’usure, de colère, de fatalisme (cause : impôts, critiques, …).

  9. La révolution scientifique et le développement du rationalisme.

Ceci constitue le plus grand périple pour l’absolutisme.

A l’époque de la Renaissance (au XVIième), l’esprit de curiosité scientifique et d’analyse a commencé à se développer.

Cet esprit de la Renaissance commence à porter ses fruits au XVIIième Siècle. On constate beaucoup d’efforts de l’esprit pour connaître et comprendre l’univers. C’est l’éveil de la compréhension scientifique moderne.

Bacon, avec le Novum Organum (1620), et Descartes, avec le Discours de la Méthode, vont tenter de mettre au point un système de pensée logique. Ce sont deux ouvrages essentiels du XVIIième Siècle.

Quelques savants :

Le XVIIième Siècle est donc la grande mutation scientifique préparée au XVIième Siècle. On établit alors des liens entre la pensée scientifique et politique. Ce grand essor va faire que la politique apparaît comme une science. On va donc réfléchir à la politique comme on réfléchit sur une science exacte. Cela provoque un bouleversement sur la pensée par rapport au siècle précédent.

 

II) Le droit naturel et le pouvoir.

Le droit naturel est un droit fondé sur la nature en tant que principe. Il n’est donc pas le fruit de la pensée, de la réflexion. C’est un droit attaché à tout homme, en tout lieu, en tout temps, existant antérieurement à la vie en société.

Le droit naturel est distinct du droit positif. Le droit positif est mis en place par les autorités des différents pays. Chaque groupe émet des règles pour vivre en groupe.

Le droit naturel n’est pas propre au XVIIième Siècle. L’idée qu’il y a une loi non écrite est immuable, plus haute que toute loi humaine. Exemple de loi du droit naturel : " On ne peut pas tuer car chaque homme a le droit à la vie ".

Les lois naturelles sont le reflet de la raison divine dans la nature de l’homme. Au XVIIième Siècle, il s’est produit un processus de laïcisation du droit naturel (et pas l’avènement de celui-ci). Le droit naturel se trouve coupé de ses racines théologiques. Ce n’est pas que celles-ci soient éliminées, mais on ne s’en occupe tout simplement pas. Le droit naturel va devenir un principe indépendant de la foi, valable pour toutes les nations, en tout temps, basé sur le rationalisme.

Les causes de cette évolution sont multiples. Par les progrès des scientifiques et les découvertes géographiques, l'homme connaît beaucoup plus de choses et sa confiance progresse dans la science. Cela ayant pour conséquence une laïcisation des connaissance, on écarte Dieu des débats. La politique est séparée de la religion pour la même raison. Le capitalisme économique est renforcé par le droit naturel, car il est naturel que l'homme recherche le maximum de bien-être.

Savant Hollandais calviniste, il s'exile en France sous Louis XIII. Il y rédige "A propos du droit de la guerre et de la paix" en 1625. Il est considéré comme un grand défenseur du droit naturel et un partisan de l'autorité sur le plan politique. Il estime que le droit naturel est immuable, Dieu lui-même n'y pouvant rien changer.

Dans le domaine économique, il défend la liberté de commerce, disant que l'on doit être libre entre tous. Sur le plan politique, il est pour l'autorité et l'obéissance aux souverains. Un pouvoir fort permettant de faire régner l'ordre et la paix, et assure l'expansion économique.

Il s'est intéressé aux relations internationales et a fait un exposé sur les causes justes de guerre (exemple de cause juste : la violation des droits économiques des hommes). Ce n'est cependant pas un pacifiste comme Erasme, car il envisage les règles humaines à observer dans la conduite des hostilités.

Il a le souci des lois de la nature et estime que l'autorité dans un pays doit faire des lois en respectant les droits naturels.

III) Individualisme et absolutisme en Angleterre.

 

Le XVIIième Siècle anglais a connu une évolution, et deux œuvres d'importance ont émergées : en 1651, celle de T. Hobbes, et en 1690, celle de J. Locke.

Ce sont des œuvres différentes, mais qui font preuve du même individualisme, du même souci de sécurité et de paix.

  1. Religion et politique.
  2. En Angleterre, le problème politique et religieux sont liés, le roi étant le chef de l'Eglise. Il y a donc une Eglise établie et nationale, l'Eglise Anglicane. On trouve beaucoup de discussions à propos du rôle et de l'impact de l'Eglise dans l'Etat. L'Eglise aura ses défenseurs, tels que Hooker, partisan de l'église nationale établie.

    Il existe cependant aussi des opposants à ce lien établit. Les puritains refusent une obéissance à une Eglise établie, sont contre l'intervention de l'Etat dans les affaires religieuses. Ils veulent épurer l'anglicanisme des traces de l'Eglise de Rome, prendre des distances par rapport aux papistes.

    D'autres groupes s'opposent eux aussi à l'Eglise établie, dont certains catholiques.

  3. Conservatisme et opportunisme.

En Angleterre, les juristes, les hommes de loi, défendent les libertés traditionnelles et se réfèrent à la "Grande Charte" de Jean sans Terre (1215). Beaucoup d'anglais sont opposés à l'absolutisme, les milieux parlementaires défendant leurs privilèges. Il y eut de nombreuses discussions à ce sujet, surtout sous Jacques Premier Stuart, qui prétendait imposer l'absolutisme.

Cependant, on ne voit pas apparaître pour autant une doctrine cohérente de la souveraineté populaire. En quelque sorte, la doctrine suivra la révolution. Il y a pas mal de théoriciens qui sont dans cette ligne, tels que Francis Bacon.

Partisan de la prérogative royale, mais pas de l'absolutisme, il a des idées de patriote. Il souhaitait que le roi ait envie d'une expansion nationale et voulait une noblesse pas trop forte, mais présente pour soutenir le roi.

  1. Thomas Hobbes (1588-1679)

Hobbes était fasciné par les sciences (géométrie, physique,…), et va adhérer à des philosophies matérialistes (il croit ainsi au mécanisme et au positivisme).

Le mécanisme, c'est penser que l'Homme et le monde fonctionnent comme une machine, de façon mécanique et déterminisme. C'est donc une philosophie qui s'efforce d'expliquer le monde, les phénomènes, par les seules lois de causes à effets. Le positivisme se dirige également dans le même domaine, et la politique va dans le même sens et comme toute science, elle a ses lois.

Hobbes refuse donc le recours au surnaturel, et il s'est fait taxer d'athéisme politique. Mais il est avant tout scientifique. Il veut libérer l'Homme de la peur et de ses fantasmes. Il va se tenir à des explications scientifiques et mécaniques.

Il va réfléchir au sens de l'autorité et à son pourquoi. Il est fidèle au pouvoir, y croit, et va d'ailleurs écrire "le Léviathan". Le Léviathan est un monstre marin qui représente une multitude d'individus en une seule personne. C'est le nom que Hobbes donne à l'Etat rationnel dont il rêve. Il va défendre le pouvoir absolu, au nom des intérêts de l'individu, mais aussi pour conserver la paix et donc pour l'utilité de celui-ci.

Hobbes va donner de ses convictions une justification purement rationnelle et utilitaire. Il réfléchit à la situation de l'Homme sur terre et il constate :

Hobbes par de l'idée que l'Homme a le droit de se protéger (instinct de conservation), de protéger sa vie, sa sécurité, ses biens. Il y a, pour lui, des lois naturelles qui fait qu'on a le droit de chercher la paix, la sécurité et la protection de sa vie.

Hobbes et Locke ont des pensées communes à propos de la paix et de la sécurité des gens, mais proposent des moyens différents pour y parvenir. Pour Hobbes, le seul moyen est d'établir un contrat, et de transférer à l'Etat des droits qui, s'ils étaient conservés individuellement seraient préjudiciables à la paix et à l'humanité.

Donc, il pense différemment d'Aristote. Pour lui, la société politique est un calcul, produit par la volonté humaine, guidée par le calcul et l'intérêt. Cela ne résulte pas d'une sociabilité instinctive de l'homme, comme le pensait Aristote. La souveraineté est fondée sur un contrat, non pas entre le souverain et les sujets, mais entre les sujets seuls, qui décident de confier des pouvoirs à un souverain. Le contrat ne limite pas la souveraineté, mais la fonde.

Cette souveraineté sans limite a quand même quelques freins, comme la conscience professionnelle et la raison du souverain. Cependant, il n'existe pas pour Hobbes de limites extérieures au pouvoir politique.

Individualisme et utilitarisme :

L'absolutisme de Hobbes est fondé sur des considérations utilitaires. Il ne doit rien à la foi Chrétienne (Cfr. Bossuet). Il ne doit rien à la fidélité envers le monarque. Il ne tient pas à maintenir des institutions ou à préserver un régime.

Son absolutisme est utilitaire, car il pense qu'il est utile pour l'Homme. Cet absolutisme se justifie par le droit de l'individu à sa propre sauvegarde et conservation. C'est une sorte "d'égoïsme éclairé". Il pense que l'absolutisme correspond à l'intérêt, au bonheur.

Hobbes s'est peu occupé d'aspects économiques, mais par ses conceptions, il est dans l'esprit de la bourgeoisie.

Hobbes a choisit une solution assez intermédiaire : il veut la paix pour ses sujets, mais elle est assurée par des moyens terrifiants, "c'est l'équilibre de la terreur". Il avait peur du libéralisme, de la liberté, car il n'avait pas vu que la liberté s'organise aussi.

 

IV) L'absolutisme français, progrès et difficultés.

 

La France au XVIIième Siècle subit moins de bouleversements politiques qu'en Angleterre. L'absolutisme se manifeste dans des œuvres de penseurs, mais également dans les sentiments populaires.

Les doctrinaires de l'absolutisme :

Guez de Balzac, dont le thème favoris est l'exaltation de l'Etat.

Il y a d'autres théoriciens, dans la lignée, la mouvance de Richelieu, comme Cardin le Bret, justifiant l'œuvre du Cardinal.

La supériorité de la monarchie héréditaire, l'origine divine du pouvoir, le pouvoir absolu, les devoirs du prince, le principe de la raison d'Etat, sont les thèmes de prédilection de ces doctrinaires.

Les sentiments populaires :

Le pouvoir royal est exalté dans tous les milieux, il y a une conscience dans les milieux religieux, de robes (parlementaires), libertins et chez le peuple.

  1. Epoque de Richelieu (1624-1642)

Richelieu et la raison d'Etat : pages 142 - 144 Gothier-Troux.

"Le testament" est le recueil où l'on retrouve les idées principales de Richelieu, paru après sa mort, ce qui n'empêche pas l'authenticité de l'œuvre. C'est un ensemble d'écrits rassemblés sur les idées de Richelieu (écrits par lui, ou sous sa dictée), et dédié à Louis XIII. C'est une œuvre de circonstance, marquée par son époque et son auteur. Ce n'est pas une œuvre originale de philosophie politique, Richelieu est un homme d'action. On y trouve différentes maximes, proposées de manière universelle, mais pour la France.

Richelieu a combattu la monarchie féodale et appuyé la monarchie absolue. Il était donc monarchique, et a réprimé toute désobéissance au roi. Pour lui, importait seule la raison d'Etat. il a réprimé les Huguenots, et s'en est pris à la noblesse, en réduisant celle-ci à l'obéissance. Il a lutté contre l'anarchie féodale, en s'appuyant sur les bourgeois et la noblesse en robe, contre les grands. Il a maintenu le clergé à l'obéissance. Il a renforcé l'armée et créé une marine puissante. Il a veillé à l'économie, aux princes, et à la puissance du royaume (favoriser l'industrie, le commerce, la colonisation, développer les manufactures, …)

Les thèmes préférés de Richelieu :

  1. Les idées politiques de la Fronde.

La Fronde a une grande importance sur le plan des idées politiques. Une œuvre capitale est "Les mémoires du Cardinal de Retz". La Fronde a favorisé la formulation d'idées politiques révolutionnaires, mais parfois, celles-ci restaient des formulations.

Des théories révolutionnaires circulent pendant celle-ci. Il faut distinguer le souverain et la nation. Ex : le parlement affirme qu'il incarne la nation, fait la distinction entre le roi et le royaume, entre le roi et la nation. Mais ces idées révolutionnaires n'empêchent pas que les Frondeurs restent liées au roi et à la monarchie. Le parlement veut en fait se protéger contre l'absolutisme du roi, et protéger ses intérêts. Deux auteurs ont dominé cette période, Claude Joly et le Cardinal de Retz.

Il a écrit un ouvrage contre Mazarin, ce qui lui a valu beaucoup d'ennuis. il épouse les théories du parlement, car il existe une famille de robe (les parlementaires). Dans son œuvre, on sent l'antagonisme qui existe entre les courtisans et les parlementaires. Pour lui, le pouvoir du roi doit être borné, limité.

C'est un ambitieux déchu, qui quittera la France après la victoire de Mazarin, dont il aurait bien aimé prendre la place. Il sera vaincu par ses ambitions politiques, et finira isolé et jugera très fort ses anciens amis parlementaires.

Ses idées politiques sont parfois très rétrogrades, et d'autres fois très modernes, comme l'importance donnée à l'opinion publique (suscitée par l'agitation du peuple durant la Fronde).

 

  1. L'époque de Louis XIV.

Il incarne la monarchie absolue que Bossuet défendra dans ses écrits. Il est l'auteur de "Mémoire pour l'instruction de Dauphin", où il parle à son fils, le Dauphin, mais c'est de lui dont il parle, essentiellement pour l'Etat. Il n'a pas de théorie ou de doctrine politique, mais il a le désir du pouvoir sans partage. Il a le sens de la majesté, de la pérennité du royaume.

Il n'est pas vraiment un penseur, il ne veut pas présenter un œuvre politique, et n'a écrit celle-ci que par nécessité. Il a été longtemps précepteur du roi, et a surtout écrit par soucis pédagogique. Il a aussi écrit dans le cadre de sa polémique contre les protestants.

 

Il fut aussi connut par ses oraisons funèbres. Pour lui, l'important, c'est la foi catholique. L'histoire est un ensemble de leçons utiles pour les Princes, et il est donc nécessaire de se retourner vers le passé. L'histoire, pour lui, est l'œuvre de la providence (notion de providentialisme), il existe donc chez lui du déterminisme. Pour lui, les variations sont le signe de l'erreur et l'immuabilité est le signe de la vérité. Pour lui, Réforme est synonyme de volontés de quelques hommes, et c'est un changement entaché d'erreurs. Il a un grand souci d'ordre et d'immuabilité, et il faut s'en tenir à la tradition, car les variations sont signe de désordre, d'erreur.

Il manifeste un soucis d'ordre et d'unité. Le thème le plus important pour lui est le respect de la tradition et la nécessité d'obéir au roi, à la loi. Pour lui, la monarchie est la forme idéale du gouvernement, car c'est l'autorité la plus ancienne. Mais toute autre forme de gouvernement peut convenir si ce gouvernement est légitime.

Pour Bossuet, l'autorité royale a 4 caractéristiques :

Bossuet évoque les devoirs de la royauté envers la religion et la justice. Sur le plan économique, il justifie le mercantilisme au nom de l'Ecriture Sainte. Pour lui, le Prince doit modérer les impôts et ne pas avilir le peuple. Sur le plan religieux, il est partisan du gallicanisme (volonté du roi de surveiller l'Eglise de France). Il est d'ailleurs l'auteur de la déclaration des 4 articles.

Comparaison entre Hobbes et Bossuet :

Les deux aboutissent, dans leurs théories, à la soumission au pouvoir, mais sont différents quant à leurs démarches. Deux absolutismes différents sont proposés.

Pour Bossuet, c'est dans le respect de la tradition et l'abandon à la providence (par l'intermédiaire des rois représentant Dieu sur terre).

Pour Hobbes, c'est dans une réflexion individualiste, laïque et utilitariste.

IV) Le déclin de l'absolutisme.

L'absolutisme décline. La monarchie subit certaines oppositions. En Angleterre, différentes théories vont apparaître au sujet de la liberté, tels les écrits de John Locke, ou Spinoza et Leibniz.

  1. Les difficultés de la monarchie française.

Ces difficultés viennent de 3 endroits différents. Al a mort de Louis XIV, on croit l'absolutisme intouchable. Faux ! Différents mouvements vont d'ailleurs l'égratigner.

Il y avait tout un débat parmi les croyants à propos du libre arbitre de l'Homme et de la grâce accorde par Dieu. Comment s'opère le salut que le Christ est venu apporter aux Hommes, alors qu'il est libre ? Ces deux articles de lois sont complémentaires, alors qu'à l'époque, on les opposait.

Au Vième Siècle, Pellage estimait que l'Homme pouvait gager le ciel par ses propres mérites. Au XVième Siècle, Calvin pense que les Hommes sont condamnés à la damnation par la seule volonté de Dieu. Beaucoup d'autres avaient concilié les 2 systèmes en se remettant à l'Evangile (prière, sacrement, fidélité à l'Evangile).

Jansénius, évêque de Ypres fait paraître en 1640 "l'Augustinius", qui est un commentaire de St. Augustin, qui avait beaucoup insisté sur la gratuité et l'efficacité de la grâce. Jansénius prétendait revenir à la doctrine de St Augustin, mais on l'accusa d'hérésie par les Jésuites, car il rend celle-ci rigoureuse.

La doctrine est la suivante :

Les jansénistes insistaient sur le fait que le Christ n'est venu sauver qu'un petit nombre d'élus et que Dieu refuse sa grâce même à des justes. Le jansénisme est dès lors une doctrine rigoureuse, convenant peut-être à des âmes d'élite, mais risquant de conduire la masse des fidèles au désespoir, à la désinvolture.

Ils ont créé des écoles, comme à Port Royal, et de grands penseurs ont adhéré au Jansénisme, comme Pascal.

Une querelle va se développer autour du Jansénisme. Les écoles de Port Royal seront fermées, Jansénius sera rejeté par le pape et l'Eglise. Pascal va défendre le Jansénisme dans son œuvre "Les provinciales". Cependant, on retrouvera ce mouvement au XVIIième Siècle, où il prendra figure d'opposition à l'absolutisme et aux Jésuites.

Le jansénisme a un caractère politique, dont les caractéristiques principales sont basées sur 3 points :

On retrouve des Jansénistes dans les parlementaires qui risquent d'être écartés du pouvoir à cause de l'absolutisme centralisateur.

1685 : Révocation de l'Edit de Nantes. C'est un échec pour ceux qui voulaient restaurer l'unité de la foi. Cela fut l'émigration de beaucoup de protestants français, qui ont composé à l'étranger des foyers d'opposition à l'absolutisme. Cfr. La polémique entre Jurieux et Bossuet.

Jurieux va insister sur le droit de résistance que le peuple a. Il insiste aussi sur le pacte qui doit exister entre le roi et son peuple. Il justifie alors complètement la révolution anglaise. Il serait plutôt monarchomaque.

Bossuet a répondu à Jurieux, mais avec un certain malaise, car peu aimé dans la politique pratique. Il aurait voulu que l'Ecriture Sainte lui fournisse une idée suffisante précisant que le peuple n'a pas le droit au chapitre dans le pouvoir.

Dans les 20 dernières années du règne de Louis XIV, on voit beaucoup de difficultés pour la monarchie. Ce sont des années assombries par les défaites militaires, la misère du peuple et le départ massif des protestants. L'absolutisme du roi est exposé à des réticences de la part des Grands. Ceux-ci sont opposés à l'excès de centralisation. On parle d'opposition aristocratique, car celle-ci intéresse en premier lieu la société des nobles. En fait, la noblesse regrette que le roi gouverne sans elle (rappel : révolte de la noblesse contre Mazarin sous Louis XIII).

Il y a trois traits à souligner :

A la fin du XVIIième Siècle, il y a une crise économique et sociale de conscience. Paul Hazard l'a appelée la crise de conscience Européenne.

 

 

Bourgeois, il acquiert le titre de gentilhomme. Il va être introduit dans l'entourage de la famille du Prince de Condé. Cela lui permit de découvrir un champ d'observation très large.

En 1688, il écrit "les Caractères", un ouvrage qui comprends des maximes et des portraits. Le succès est considérable, grâce à l'observation de l'homme de tout temps qui est faite, et du style très travaillé de l'auteur. Cela fournit une toile de l'ensemble de la société française.

Il critique le social et le politique : l'inégalité des fortunes, la vénalité des charges, le luxe de certains parvenus, la souveraineté du pouvoir, les guerres et leurs absurdités (dénonciation de la politique de conquête de Louis XIII), la torture, la barbarie,…

D'origine noble, il a été évêque de Cambrai. Il passe pour être un homme d'une grande sérénité, et est appelé "le cygne de Cambrai". Il fut le précepteur du fils du Duc de Bourgogne. Il est l'auteur de "Télémaque", roman pédagogique destiné au petit-fils de Louis XIV. Il s'agit de l'histoire de Télémaque, qui part à la recherche de son père Ulysse, avec Mentor, son gardien et professeur. Il arrive sur l'île de Calypso, où il rencontre la déesse, à qui il raconte part de ses aventures.

Il tombera en disgrâce pour s'être compromis dans l'affaire du Quiétisme. De ce fait, il est rentré en vive polémique avec Bossuet Homme d'un parti, Fénélon appartient de plus au groupe qui gravite autour du Duc de Bourgogne, et compte s'imposer grâce au Dauphin, le Duc de Bourgogne, petit-fils du roi (son fils étant décédé en 1711). Il avait rédigé un plan de réforme politique : les Tables de Chaulnes, qui déterminait le pouvoir des ministres et des intendants. Cependant le Dauphin meurt en 1712, mettant fin aux espoirs de réforme de Fénélon.

La politique de Fénélon :

Il est contre la mobilité sociale, et propose une politique aristocratique. Il rêve d'une monarchie dans laquelle l'aristocratie retrouverait ses anciennes prérogatives. Le pouvoir du roi serait tempéré par les états provinciaux et généraux, où les nobles auraient la majorité. La vénalité des charges serait supprimée, ainsi que les intendants. Son œuvre est réactionnaire et il s'oppose donc à la centralisation.

Il se déclare contre le luxe, le capitalisme commercial et le mercantilisme. Il préfère une société plus agraire, et propose des idées rétrogrades. Le rôle de la noblesse est d'aider le roi, de l'instruire, … Il critique les ministres, car pour lui, les nobles ont été injustement mis de côté. Il critique l'anoblissement abusif et l'usurpation de titre.

C'est une œuvre aristocratique, qui annonce le XVIIIième par différentes idées. Il fait penser aux philosophes du XVIIIième , car il a imaginé une cité idéale dans les Tables, Salente, comme on le fera fortement dans le siècle à venir.

Il va aussi s'intéresser au bonheur de l'humanité, qui doit être le but de la politique. Cette notion a été rayée des écrits. Il s'intéresse à la morale. Il y a un système de valeurs auquel il faut se soumettre (opposition avec Machiavel, pour qui c'était la raison d'Etat qui primait). La notion d'humanité dépasse celle de l'individu. Ces quelques traits ne le rendent pas si rétrograde.

Il est Duc et Pair de France, et sera l'un des plus grands écrivains français, mais ne propose pas dans ses mémoires de doctrine originale. Il propose des idées politiques proches de Fénélon. Il lutte pour les privilèges de la noblesse, qui est victime des usurpations, des ministres, des intendants et des bourgeois.

Il s'oppose strictement à l'arbitraire bureaucratique. Ce n'est pas un féodal attardé, ce qui le dérange, ce sont les cohortes de ministres de basses extraction.

Il a la passion de l'étiquette, du protocole. Il va publier des mémoires très féroces. C'est un vaincu, car il a beaucoup perdu à la mort du Duc de Bourgogne. Il n'a pas de préoccupations économiques, bien qu'il évoque parfois la misère du peuple. Il est enfin contre la persécution des protestants.

Ingénieur militaire ayant aidé à prendre et renforcer les citadelles prises sous Louis XIV (comme celle de Namur). Dans un mémoire sur la Dîme Royale (1698), il propose une réforme fiscale pour imposer chacun selon ses ressources. Il a pour but de stimuler l'activité économique (si on presse trop le peuple, il ne consomme plus, donc, plus d'économie). Vauban compte sur le roi pour réaliser ses réformes, et n'est pas un révolutionnaire. Il a critiqué la révocation de l'Edit de Nantes pour des raisons économiques.

Il a un souci de réforme et d'efficacité, et critique le système fiscal et le principe du mercantilisme (l'économie dirigée). il est pour la liberté du commerce en s'opposant à toutes les entraves (il annonce les libéraux du siècle prochain).

Tout comme Vauban, il réclame une réforme sociale et fiscale, mais non politique, en dénonçant les tares de l'époque.

 

 

  1. Les idées politiques en Angleterre avant la révolution de 1688.

Après la mort de Charles Ier, il y a une tendance à considérer que les institutions politiques ne se justifient que si elles garantissent les droits individuels et protègent les intérêts individuels.

C'est une tendance qui est déjà de l'utilitarisme. Quelques groupes sont cependant en marge du mouvement :

Actifs en 1647-1650, c'est un parti formé parmi les soldats de l'armée de Cromwell. Niveleur vient de l'accusation de vouloir niveler les conditions de tous les hommes et de supprimer la propriété. Ce qui n'est pas exact.

Les Niveleurs veulent une justice égale pour tous (égalité devant la loi), lutter contre les privilèges (égalité des droits politiques). Ils respectent la propriété, mais s'élèvent contre les privilèges des gros propriétaires (mais respectent les petits propriétaires). Ils se recrutent chez les artisans, les petits propriétaires, c'est pourquoi leurs idées politiques se fondront avec les idées des bourgeois. Ce parti va se trouver dépassé par des extrémistes (les Diggers), qui réclameront l'égalité sociale et le partage des terres.

Il s'agit d'un communisme utopique. Ils ont bêché des coins non cultivés et se sont mis à faire pousser des légumes (exploitation des terres communes pour les pauvres). Ils s'intéressent uniquement aux réformes économiques et sociales, et pensent que le vrai droit naturel (le plus important) est le droit aux moyens de subsistance.

Ils étaient contre la propriété, la terre étant en propriété collective et ce qu'elle produit doit être mis en commun, chacun devant fournir sa part de travail collectif. Mais ils n'ont pas envisagé une révolution violente et en sont restés aux théories.

Harrington est un penseur, et étudiera les causes de la révolution puritaine, en montrant que les causes principales étaient économiques. L'idée est que la propriété des terres étant de plus en plus aux mains de la bourgeoisie, cela devait amener une république homogène et plus égalitaire.

  1. John Locke (1632-1704) et la théorie de la révolution anglaise.

John Locke a exercé une profonde influence, non seulement de son temps, mais sur beaucoup de penseurs qui se réclameront de lui par la suite. Il est considéré comme le père de l'individualisme libéral.

Comment expliquer le succès de son œuvre ?

Il a écrit "Essai sur le pouvoir civil" simplement au bon moment, en 1690. Il justifie la révolution de 1688, et elle correspond à l'opinion de la bourgeoisie (la classe montante). Cette œuvre a exercé une profonde influence ultérieurement, car c'est une réflexion sur le fondement du pouvoir politique. Cette œuvre élabore une théorie politique, et cela est bien plus important qu'une justification immédiate.

John Locke représente la tendance progressiste de l'époque. il fait partie des Whig (gens voulant plus de liberté au parlement, centre du pouvoir). Il s'était exilé en Hollande entre 1683 et 1688, mais rentrera en même temps que Guillaume III en Angleterre.

Il appartient à une famille puritaine d'origine modeste. Il devient médecin en philosophie, et participe aux luttes contre les Tay. Il est plutôt progressiste.

Son œuvre politique s'intègre dans une philosophie cohérente dont le trait dominant est l'empirisme. C'est le fait que toutes nos connaissances nous viennent de nos expériences. John Locke pense que l'esprit humain doit être comme une table rase et ensuite toutes les idées que nous allons faire nôtre ne peuvent venir que de l'expérience. Pour John Locke, il n'y a pas d'idées innées. Il ne faut rien admettre sans examen, ni réflexion. Il défend la liberté du jugement.

En ce qui concerne l'idée de Dieu, elle n'est pas innée. La raison nous y mène, à laquelle s'ajoute la révélation.

Ses idées vont lui permettre d'accepter le fait accompli (la révolution) et la puissance des faits. On ne peut aller contre le fait qui fait partie de la raison. Pour lui, le but de la politique est la recherche du bonheur, de la paix et de la sérénité, c'est pourquoi il est nécessaire d'avoir des garanties politiques.

Il s'interroge sur ce qu'est l'état de nature, qui est un état de parfaite liberté dans lequel la propriété existe. La propriété est antérieure à la société civile et est bienfaisante. L'homme actif produit des biens. Les ressources du genre humain s'accroissent. la propriété confère bonheur et pouvoir, mais elle doit être garantie. C'est ce qui se passe dans la société civile.

"Les hommes se réunissent afin de sauvegarder leur vie, leur liberté et leur fortune". Le but de la société est de sauvegarder le propriété et la personne.

 

Dans la société civile, il y aura un gouvernement civil, dont le rôle est de garder la propriété et de mettre en place ce qui n'existe pas dans l'état de nature (juge, police,…). Les Hommes sortent de l'état de nature pour garantir la propriété.

John Locke réfléchit sur ce qu'est l'état de nature. C'est état d'égalité, personne n'ayant plus de pouvoir qu'un autre. C'est un état de parfaite liberté avec comme seule limite, la loi naturelle. Cependant, il n'y a pas de vraie liberté sans loi, c'est pourquoi les hommes se sont organisés en sociétés civiles. La liberté, c'est d'être sur de ne pas dépendre du vouloir arbitraire d'un autre.

Les hommes ont désiré avoir une loi positive, claire, avec des juges connus, compétents, impartiaux, pour statuer sur les conflits entre les hommes. Et une puissance pour faire respecter la loi. L'Homme confie à des lois le soin de sa sauvegarde et abandonne son droit de punir.

L'homme ne serait pas encore avancé s'il s'abandonnait à une puissance absolue. Donc, tout pouvoir politique est un pouvoir délégué en vue de sa sauvegarde et de sa propriété. Le pouvoir législatif est le pouvoir suprême. Il fait des lois pour préserver les propriétés et limiter le pouvoir exécutif. Ce pouvoir législatif délégué est une émanation de la volonté du peuple (comparaison avec 1688). C'est une description du parlementarisme.

Les pouvoirs doivent être séparés. Ils ne peuvent pas être réunis dans la même main (condamnation de l'absolutisme). Le pouvoir législatif est limité par les droits naturels.

John Locke estime que les gouvernés ont le droit de résister si le pouvoir porte atteinte à la liberté et à la propriété. C'est un droit qui appartient à la communauté et pas aux individus isolés. Ce droit de résistance doit s'exercer pour défendre ou restaurer l'ordre établit et non pas pour réaliser des aspirations populaires. Si, par exemple, les représentants du peuple brimaient les autres, il faudrait s'opposer à eux.

Ce droit est un moyen pour que le Prince respecte la réalité.

Il a une pensée très laïque. Il souhaite la séparation du temporel et du spirituel, et estime que la tolérance est un droit absolu dans le domaine des opinions religieuses. Le pouvoir public ne doit s'occuper que des choses civiles. J. Locke affirme sa foi dans la révélation. Il a une religion rationaliste, et il annonce ainsi le courant déisme du 18ième (croyance en un Dieu au-dessus de tout, expliquant les choses incomprises).

 

Ce qui les rapproche :

Ce qui les sépare :

Locke a fait la théorie de la révolution, tout en n'étant pas un révolutionnaire. Il se défie aussi bien de l'absolutisme du roi que de la souveraineté du peuple (théorie démocratique). Son idéal politique est celui de la classe en expansion (la bourgeoisie), ce qui en fera un succès.

Ses idées :