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CORRECTION DU D.S. D’HISTOIRE N° 4

PAR Géraldine Villarubias, professeur d'histoire-géographie (Lens)

Commentaire de document

Extrait du discours de J.F. Kennedy, la " Nouvelle Frontière "

Manuel Hachette p. 147

  1. Présentez l’auteur du texte.

John Fitzgerald Kennedy est né en 1917 d’une famille catholique très aisée d’origine irlandaise. Après des études de droit à Harvard, il s’engage dans la marine et participe à la 2de Guerre mondiale. Député puis sénateur du Massachusetts, il est désigné candidat du parti démocrate et remporte à une courte majorité les élections présidentielles de 1960 : à 43 ans, il devient le plus jeune président américain et le 1er catholique à la tête des Etats-Unis. Dans son discours sur la " Nouvelle Frontière ", il définit son action politique : mettre en place des réformes dans les domaines de l’éducation, de l’assistance sociale (Welfare state) et de l’intégration raciale (loi anti-ségrégation de 1960). Il mène également une politique de conquête spatiale.

Confronté au contexte difficile de la Guerre froide, il affronte 2 graves crise : la construction du mur de Berlin en 1961 et la crise des fusées cubaines en octobre 1962. Favorable à une politique de coexistence pacifique avec l’URSS, il rencontre Nikita Khrouchtchev à Vienne en 1961 et est à l’origine de la mise en place du " téléphone rouge " en 1963.

Il meurt assassiné à Dallas le 22 novembre 1963 par Lee Harvey Oswald, un ancien membre des marines US, dans des circonstances encore mal élucidées.

 

  1. Replacez le texte dans le processus électoral américain.

La désignation d’un président américain se déroule en plusieurs étapes :

 

  1. Quelle est l’analyse de l’auteur à propos de la situation intérieure américaine ?

Les Etats-Unis sont la 1ère puissance économique du monde en 1960 et le chef de file du " monde libre " face à l’URSS. La société la plus riche du monde présente pourtant de fortes inégalités à la fois sociales et raciales.

Kennedy évoque tout d’abord les mutations économiques des années 1960 marquées par la croissance des " Trente Glorieuses ". L’" explosion de la production " -qui est multipliée par 3 de 1945 à 1973 grâce à une " révolution technologique " - mais qui est de plus en plus mal maîtrisée et crée une situation de surproduction et par conséquent une crise des débouchés. De ce fait, les agriculteurs voient leurs revenus diminuer. Autre mutation évoquée, celle des techniques de production (" automation ") dans les mines et les usines qui entraîne une augmentation du chômage chez les ouvriers (" une révolution de l’automation remplace les hommes ").

Les répercussions sociales du chômage sont une paupérisation accrue de la société américaine : ¼ de la population vit dans la pauvreté (" sans leur donner… le moyen d’assurer à leur famille alimentation, logement et soins médicaux "). Ce phénomène touche non seulement les familles mais aussi les personnes âgées, de plus en plus nombreuses grâce aux progrès médicaux (" une révolution médicale a allongé la vie de nos aînés ") mais dont les retraites ne sont pas assurées (" sans leur fournir sécurité et dignité pour leurs vieux jours ").

Une des manifestations de ces difficultés sociales est la crise urbaine qui a " désorganisé les banlieues ". Les exclus de la société d’abondance s’entassent dans les centres-villes bruyants, souvent sales (" insalubrité de nos taudis ") et aux prises avec la délinquance.

Kennedy dénonce également dans son discours d’investiture à la Convention les inégalités raciales dont sont victimes les Noirs (" poches de préjugés "). En effet, la ségrégation raciale est encore très présente surtout dans les Etats du Sud. A partir du milieu des années 1950, les Noirs s’organisent pour obtenir l’égalité des droits civiques et la fin de la ségrégation, sous l’influence d’un pasteur non-violent, Martin Luther King. On comprend la révolte des Noirs, victimes des 2 types d’inégalités.

Kennedy dresse un tableau pessimiste de la situation et critique la gestion précédente (" un dérapage de notre force morale et intellectuelle "), ce qui est habituel lors d’une élection, en particulier lorsque le prédécesseur (le républicain Eisenhower) n’appartient pas au même parti.

 

  1. Que propose Kennedy aux Américains ?

A travers une référence au passé américain – celui des pionniers élargissant chaque jour les frontières du pays - John Kennedy, élu président des Etats-Unis en 1960, lance le mot d’ordre de la " Nouvelle frontière ". 

Tout d’abord, la lutte contre la pauvreté : il s’agit d’intégrer au mode de vie américain tous ceux dont les revenus ne leur permettent pas de mener une vie décente. Kennedy sera à l’origine de l’établissement du " Welfare State " (ou " Etat Providence ") reprenant les théories économiques de Keynes déjà développées par les présidents démocrates Roosevelt (" New Deal ") et Truman (" Fair Deal ").

Kennedy entend aussi combattre la ségrégation raciale, opprobre pour le système américain qui se veut le défenseur de la liberté et de la démocratie. En 1960, il fait promulguer une loi anti-ségrégation. Il appuya la décision d’un juge de la Cour suprême autorisant l’accès d’un étudiant noir à l’université du Mississippi en 1962. L’année suivante, il obligea l’Etat d’Alabama à ouvrir les écoles publiques aux Noirs. Ses propositions en matière de lutte contre la ségrégation aboutirent à la loi sur les droits civiques de 1964.

La Nouvelle frontière, c’est enfin le progrès de la science et des techniques qui doivent ouvrir à l’homme les frontières de l’espace (ne pas oublier la rivalité entre USA et URSS après le lancement de Spoutnik par les Russes en 1957). Kennedy sera à l’origine du lancement du programme Apollo. (1961 : projet d’envoyer un homme dans l’espace).

 

  1. Quels résultats a-t-il obtenus ?

Lorsqu’il est assassiné à Dallas en novembre 1963, le président Kennedy n’est parvenu à imposer au Congrès qu’une partie de ses réformes :  projet Medicare et Medicaid d’assurances sociales pour les personnes âgées et les plus démunis ; aide aux régions les plus touchées par les difficultés économiques. Son successeur Lyndon Johnson fait voter des lois sur les droits civiques et lutte contre la discrimination raciale en 1964. Cependant, le problème noir resurgit. Les lois interdisant la ségrégation votées en 1964 ne peuvent empêcher le déferlement des émeutes dans les grandes villes. Avec les assassinats de Kennedy en 1963, de Malcom X (le leader des " Black Muslims ") en 1965 et de Martin Luther King en 1968, les USA sombrent dans la violence.


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