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L’Italie fasciste.

par Guillaume Sueur


 

Le fascisme domine la vie italienne de 1925 à 1945. C’est une dictature anti-parlementaire et anti-démocratique soutenue par une doctrine qui mêle l’exaltation de l’action, le culte de la force et la subordination de l’individu à l’État.

I. Les origines du fascisme.

Comme les autres mouvements idéologiques du début du XXe siècle, le fascisme est le produit de la Révolution industrielle et de la guerre de 14-18.

C’est dans les déclassés de la Révolution industrielle qu’il recrute ses plus fidèles partisans et militants, c’est dans la remise en cause des transformations économiques et sociales qu’il puise son programme politique, et c’est enfin dans le conflit qu’il trouve sa légitimité et sa justification.

1 ) L’Italie, la guerre et la démocratie.

Depuis l’achèvement de l’unité en 1870, l’Italie souffre d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de ses voisins européens.

= nation industrialisée sur le tard, donc au développement moindre.

= peu de conquêtes coloniales (Éthiopie, Libye)

= problème constant des terres irrédentes, revendiquées par l’Italie.

è Lors de la guerre, les Alliés ont promis beaucoup (Trentin, Istrie, Trieste, Dalmatie, voire Albanie.

è Déception lors des traités de 1919, ulcération du sentiment national (victoire mutilée)

è Gabriele D’Anunzio occupe Fiume avec des troupes de combat (arditi) en septembre 1919.

è Les gouvernements des années 18-20 sont faibles et incapable de rétablir la bonne marche de l’économie italienne.

= anciens combattants chômeurs ou mendiants

= petite bourgeoisie ruinée par inflation

= agitation ouvrière

è Déchaînement des extrémistes de tout poil

= socialistes, anarchistes

= fascistes.

2 ) Mussolini, les Fasci, et la prise du pouvoir.

Né en 1883 en Romagne, il est le fils d’un forgeron et d’une institutrice. Enfance misérable, élevé dans le culte des révolutionnaires du XIXe siècle. Adhère au PS, devient instit en 1901, fuit en Suisse en 1902 où il fréquente des révolutionnaires russes. Il revient ensuite en Italie, y est journaliste, tendance socialiste (lotta di classe), puis avanti, organe officiel du PS. Il fonde en 14 Il populo d’Italia, dont il reprend la direction après la guerre qui lui a laissé l’idée que la nation au combat était la meilleure expression d’une communauté démocratique, égalitaire et fraternelle, animée par un grand dessein.

= idéalisme : régénération par la violence, renouvellement des élites

è Fondation le 23 mars 1919 à Milan, place San Sepolcro des Fasci italiani di combattimento

= pour l’annexion des Alpes autrichiennes et du littoral adriatique

= établissement de la République, abolition du Sénat, expropriation des richesses, réforme agraire, gestion des entreprises par les syndicats. (doc 5 p. 249)

En fait, Mussolini ne s’intéresse que peu à ce programme. Il veut surtout prendre le pouvoir et développe dans ce but ces thèmes démagogiques.

= 17000 membres fin 1919.

è Reçoit le soutien des industriels et grands propriétaires de l’Italie du nord à l’occasion des troubles sociaux qui agitent l’Italie en 1920.

è Glissement de la doctrine, qui devient contre-révolutionnaire, réactionnaire

= action des squadristi, groupes d’action qui sèment le trouble, passent à tabac les leaders et militants de gauche, brisent les grèves. (= Chemises Noires)

è Election de 35 députés (dont Mussolini) aux élections de 1921

è Transformation des Faisceaux en Partito Nazionale fascista.

è Succès croissant (720 000 membres en 1922) et agitation permanente.

è Grève générale organisée par les syndicats en juillet 1922.

= brisée par la force par les fascistes.

è Fort de ce succès, Mussolini demande la dissolution de la Chambre et une participation au pouvoir.

è en octobre, Marche sur Rome des Chemises Noires (40 000)

è Peu redoutable mais le roi ne fait pas intervenir la troupe et appelle Mussolini au pouvoir le 30 octobre 1922

è M se veut rassurant et forme un gvnt de coalition.

è Mais interdit les grèves et se fait donner les pleins pouvoirs

è Création de la Milice Fasciste, armée parallèle de défense du régime

è Modification la loi électorale et triomphe aux élections de 1924

è Les fascistes sont mis en difficulté à l’occasion de l’assassinat du député socialiste Matteoti, mais les divisions des parlementaires permettent à M de garder le pouvoir.

è Mise en place de l’État fasciste.

II. L’État fasciste.

Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État

1 ) Mise en place

è Mussolini est à la fois Duce des fascistes et chef du gouvernement.

è Promulgation de lois fascistissimes

= dissolution de tous les partis politiques et des syndicats

= déchéance des députés de l’opposition

= recensement des citoyens suspects

= création de l’OVRA, police secrète et d’un tribunal spécial de défense de l’État.

è épuration de l’administration, de la presse.

è Toute puissance de l’État qui s’incarne dans la personne du Duce.

= doc 13 p. 253

= cadres du régime fournis par le parti

2 ) L’État, la masse et l’individu.

Je prends l’homme au berceau et je ne le rends au pape qu’après sa mort

è Emprise totale de l’État fasciste sur les individus

= Encadrement de la jeunesse

= de quatre à huit ans, l’enfant est fils de la Louve

= de huit à douze, il intègre les balillas et reçoit une formation prémilitaire

= de 12 à 18 dans les avant-gardistes, avant d’entrer dans les Jeunesse italiennes du Parti.

= Corporations professionnelles, rupture avec le libéralisme.

è Prise en charge par l’État des dysfonctionnements économiques

= politique de Grands Travaux pour résorber le chômage (Marais Pontins, urbanisme, autoroutes)

= assurances sociales

è Négation de l’individu, de la sphère privée, des classes sociales

Tout est dans l’État, rien d’humain ou de spirituel n’existe en dehors de l’État.

= Massification, transformation de la société de classes en société de masse.

è Culte du chef, du sauveur infatigable et infaillible, instrument employé par la Providence pour créer une nouvelle civilisation.

è Propagande exaltant l’État, la grandeur de la Nation, à travers la symbolique de la puissance de la Rome antique. On compense la perte des libertés individuelles par l’exaltation de la fierté nationale.

= omniprésente, permanente.

= Mise en scène permanente de l’État, de sa grandeur, de sa puissance (15 p. 253)

= Le XXe siècle sera le siècle du fascisme, le siècle de la puissance italienne, le siècle durant lequel, pour la troisième fois, prendra la direction de l’humanité

è Exaltation de la force, de la guerre qui est pour l’homme ce que la maternité est pour la femme.

è Volonté de créer un " homme nouveau ", une nouvelle ère (affiche p. 252)

è Population séduite par ces certitudes qui remettent de l’ordre dans une société transformée trop vite, où les repères avaient disparus.

= Le totalitarisme tire sa force de ces affirmations, qui permettent au peuple d’avoir des certitudes, même si elles ne reposent sur rien de réel, de même que l’obéissance absolue au chef permet de se décharger de ses responsabilités spirituelles et morales.

Toutefois, l’Italie fasciste est plus une dictature qu’un régime totalitaire. Totalitaire elle l’est par le parti unique, le culte du chef et l’interdiction de toute opposition, le contrôle total de l’État sur l’individu, mais elle ne le développe pas jusqu’à l’extrême, jusqu’à la terreur, à l’asservissement complet des individus.