MODULE DE SECONDE :
JEU DE RÔLE SUR LE PROCES DE ROBESPIERRE
PAR JEROME RIFFAULT
1. Objectifs :
2. Déroulement des deux séances :
Equipe |
Nom du personnage |
Nom de lélève |
Fonctions (métier, rôle politique) |
Les Juges |
DUMOURIEZ |
Kirsten |
Juge réputéepour son intégrité |
VALENCIENNES |
Merri |
Juge réputé pour son calme |
|
Les Accusateurs Publics |
Pierre TALLIEN |
Nafissatou |
Accusatrice réputée pour son obstination, a toujours gagné |
Jeanne THURIOT |
Julia |
Accusatrice réputée pour son calme autoritaire |
|
Charlotte DUVAL |
Amandine |
Accusatrice réputée pour son calme |
|
les Accusés |
Maximilien de ROBESPIERRE |
Karim S. |
Député du Tiers Etat, élu au Comité de Salut Public, froid et cruel dit-on |
COUTHON |
Aziz |
Député dévoué corps et âme à la Révolution |
|
Les Avocats |
Jacqueline ROUX |
Jean-Louis |
Avocat rigoureux et précis, na pas encore perdu de procès |
Joseph FOUQUIER |
Karim P. |
Avocat favorable à la Révolution, réputé très calme |
|
FOUQUIER-TINVILLE |
Marem |
Députée bourgeoise reconverti en avocat |
|
Les Vendéens |
Jeanne CORMARTIN |
Mélissa |
Lune des chefs les plus sanguinaire de la révolte vendéenne |
Billot VARENNE |
Housseini |
Combattant vendéen, a échappé de justesse aux noyades de CARRIER |
|
Pierrette SAPINAUD |
Mickaël. |
Combattant vendéen, sa famille a péri dans les noyades de CARRIER |
|
Les Parisiens |
Jean de PARIS |
Lény |
Porteur (payé à la tâche) |
Jeanne des HALLES |
Anna |
Vendeuse de pain dans le quartier des Halles |
|
Henriette de MONTMARTRE |
Leïla |
Mère de famille nombreuse sur la Butte Montmartre (Paris) |
3. La séance préparatoire du procès (module) :
4. Le procès : Déroulement(assuré par les juges) :
1. Lecture des chefs daccusation par Mesdames les Juges
2. Audition des témoins et production des documents éventuels
a. De laccusation
b. De la défense
3. Plaidoiries
a. De laccusation
b. De la défense
4. Votes (par chacun des participants au procès)
5. Exécution des coupables si nécessaire
5. Documents communs à tous les participants au procès :
Document 1. Chronologie des événements de la période dite de la Terreur impliquant les accusés :
1er janvier 1793. La France entre en guerre avec lAngleterre et la Hollande.
23 février 1793.La Convention décrète la levée de 300 000 hommes au nom de la patrie en danger.
11 mars 1793. Début de la guerre de Vendée (royalistes français contre république française).
6 avril 1793. Création du Comité de Salut Public (chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre la révolution).
4 mai 1793. Maximum des grains et des farines (les prix sont bloqués à un prix maximum à ne pas dépasser afin déviter la spéculation et la hausse des prix).
juin 1793. Des fédéralistes (des députés hostiles aux mesures révolutionnaires prises par la majorité des députés) se soulèvent partout en France contre le pouvoir de Paris.
27 juillet 1793. Robespierre est élu au Comité de Salut Public.
1er août 1793. Destruction systématique de la Vendée est décidée.
17 septembre 1793. Loi des suspects : tout individu soupçonné dagir contre la Révolution peut être traduit en justice et exécuté séance tenante. La guillotine commence à tourner à plein régime.
29 septembre 1793. Maximum sur les salaires et les denrées (aliments).
24 mars 1794. Exécution des chefs des sans-culottes (les Enragés) par le Comité de Salut Public qui les jugeait trop extrémistes.
5 avril 1794. Exécution des Modérés (Danton) par le Comité de Salut Public qui les jugeait trop modérés.
27 juillet 1794 (le 9 Thermidor). Robespierre est destitué par une coalition de députés.
28 juillet 1794. Son procès souvre au Lycée La Fontaine de Niamey.
Document 2 : les chiffres de la Terreur
500 000 personnes considérées suspectes et jugées
17 000 condamnations à mort prononcées et mises à exécution
20 000 exécutions sommaires
8 % des victimes étaient des nobles ou des ecclésiastiques
60 % des victimes étaient des paysans, journaliers, ouvriers
Les JUGES
Daprès les 3 textes ci-dessous il sagira pour vous de vous faire une idée globale des responsabilités des accusés afin davoir la vision la plus générale possible des débats. Vous devrez également bien étudier les différents acteurs du procès afin de savoir dans quel(s) sens risque de pencher la balance.
Document 1 : Robespierre selon lhistorien Pierre CHAUNU :
" Je crois que Robespierre a été porté par un concours de circonstances, à un niveau de responsabilités qui dépassait ses capacités. Et je néprouve que de la répulsion pour tout ce quil a représenté pour le pouvoir terroriste, que rien nexcuse. Je dirais pourtant quil était relativement honnête, contrairement à beaucoup de ses pairs. Autrement dit lhomme nétait pas intégralement méprisable. En dautres temps il aurait été sans doute un paisible bourgeois dArras. Bref ce nétait pas un monstre et pourtant il lest devenu. Ce qui est accablant dans certains régimes, cest quils sont capables de faire des monstres avec des gens qui nen sont pas. Cétait un homme qui sest trouvé disposer dun pouvoir que même les rois dAncien Régime navaient pas, un pouvoir tel quaucun homme na la dimension nécessaire pour lexercer. Quant à son culte de la vertu on touche là le caractère pervers du régime révolutionnaire ! Parler de vertu quand on est entouré de crapules authentiques comme Fouquier-Tinville, et de conventionnels (député qui siégeaient à la Convention, assemblée qui a pris le relais du pouvoir lorsque Louis XVI a été démis de ses fonctions) qui se sont enrichis de manière scandaleuse pendant la Terreur ! Mais laissons-là la vertu et Robespierre. Je trouve ridicule de le monter en épingle, comme le font certains. "
Magazine " LHistoire ", mai 1994
Document 2 : Robespierre selon lhistorien Albert MATHIEZ (conférence donnée en 1920) :
" Nous aimons Robespierre parce quil a conçu et pratiqué lart du gouvernement comme un sacerdoce (= fonction que lon exerce avec une conviction infinie). Il aurait voulu, lui, que la politique fût une morale en action. Nous aimons Robespierre parce quil a répété, sans se lasser une vérité quil tenait de Jean-Jacques ROUSSEAU et de MONTESQUIEU, à savoir que de tous les gouvernements, le plus démocratique est le plus difficile à pratiquer, parce quil faut du dévouement au bien public, autrement dit de la vertu. Nous aimons Robespierre parce quil a incarné la France révolutionnaire dans ce quelle a de plus noble, de plus généreux, de plus sincère. "
Document 3 : la Terreur selon lhistorien Jean-Pierre ESSENNE :
" Il semble évident que celle-ci (=la Terreur) ne résulte pas dune cause unique. Le poids des circonstances et la gravité des menaces qui pèsent sur la République ne peuvent être totalement écartés ; ils nexpliquent pas tout, tant il est vrai que la Terreur ne cesse pas quand le péril faiblit. La cruauté des de certains représentants en mission ne saurait être niée. La fascination de la mort purificatrice ne disparaît pas avec la " légalisation " de la violence. Enfin la hantise du complot et lantagonisme Révolution/Contre-Révolution aboutissent à une sorte denfermement dans lincapacité de concevoir la lutte politique autrement que comme une élimination, y compris physique de ladversaire. Entre eux les Montagnards ne sont pas épargnés par ce mécanisme. "
Les ACCCUSES
Avec les documents ci-dessous vous devrez justifier lutilisation de la violence pour sauver la Révolution, ainsi que la fixation des " maximum ". Les attaques viendront de partout soyez prêts à y répondre.
Document 1 : citation de Robespierre :
" Vouliez-vous une révolution sans révolution ? A ce prix quel peuple pourrait jamais secouer le joug de la tyrannie ? "
Document 2 : Robespierre présente un rapport à la Convention le 25 décembre 1793 à propos du Comité de Salut Public :
" Citoyens représentants du peuple [...] vaincre les anglais et les traîtres est une chose facile à la valeur de nos soldats républicains : il est une entreprise non moins importante et plus difficile, cest de confondre par une énergie constante les intrigues éternelles de tous les ennemis de notre liberté. Tels sont les premiers devoirs que vous avez imposés à votre Comité de Salut Public. Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République : celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder. La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis ; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible. Ces notions suffisent pour expliquer lorigine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. Si le gouvernement révolutionnaire doit être plus actif dans sa marche, et plus libre dans ses mouvements que le gouvernement ordinaire, en est-il moins juste et moins légitime ? Non, il est appuyé sur la plus sainte de toutes les lois, le salut du peuple ; sur le plus indiscutable de tous les titres, la nécessité. En indiquant les devoirs du gouvernement révolutionnaire, nous avons marqué ses écueils. Plus son pouvoir est grand, plus son action est libre et rapide ; plus il doit être dirigé par la bonne foi. Le jour où il tombera dans des mains impures ou perfides, la liberté sera perdue. Ce nest pas dans le cur des patriotes ou des malheureux quil faut porter la terreur, cest dans les repaires des brigands étrangers où lon partage les dépouilles, et lon boit le sang du peuple français. "
Document 3 : Robespierre selon lhistorien Albert MATHIEZ (conférence donnée en 1920) :
" Nous aimons Robespierre parce quil a conçu et pratiqué lart du gouvernement comme un sacerdoce (= fonction que lon exerce avec une conviction infinie). Il aurait voulu, lui, que la politique fût une morale en action. Nous aimons Robespierre parce quil a répété, sans se lasser une vérité quil tenait de Jean-Jacques ROUSSEAU et de MONTESQUIEU, à savoir que de tous les gouvernements, le plus démocratique est le plus difficile à pratiquer, parce quil faut du dévouement au bien public, autrement dit de la vertu. Nous aimons Robespierre parce quil a incarné la France révolutionnaire dans ce quelle a de plus noble, de plus généreux, de plus sincère. "
Document 4 : loi des suspects du 17 septembre 1793
" Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République et qui sont encore en liberté seront mis en état darrestation.
Sont réputés suspects :
-ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos, leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté ;
- ceux à qui a été refusé un certificat de civisme
- ceux des ci-devant nobles (mari, femme, père, mère, fils, filles, frères, soeurs) qui nont pas manifesté leur attachement à la Révolution ;
- ceux qui ont émigré quoiquils soient rentrés en France. "
Document 5 : citation de DANTON pour justifier la mise en place du Tribunal Révolutionnaire pour juger les suspects :
" Soyons terribles pour dispenser le peuple de lêtre "
Document 6 : citation de MARAT répondant aux députés qui accusent le Comité de Salut Public de faire preuve de dictature :
" Cest par la violence que doit sétablir la liberté et le moment est venu dorganiser momentanément le despotisme de la liberté pour écraser le despotisme des rois. "
Document 7 : un historien justifie la haine du christianisme chez les révolutionnaires les plus intransigeants
" Leur haine de lEglise leur venait de la conviction que les prêtres pendant des siècles avaient distribué un enseignement dobéissance aux aristocrates et aux riches. "
Les AVOCATS
Amis ou bien convaincus de la légitimité des actes des 2 accusés, vous défendrez corps et âme les deux accusés (qui sont dans de bien mauvais draps...). Avec les documents ci-dessous, il va vous falloir élaborer une stratégie judiciaire : récolter les arguments qui pourront justifier la Terreur, faire venir des témoins à la barre pour faire pencher la balance du bon côté... Anticipez les arguments de vos adversaires.Document 1 : citation de Robespierre :
" Vouliez-vous une révolution sans révolution ? A ce prix quel peuple pourrait jamais secouer le joug de la tyrannie ? "
Document 2 : Robespierre selon lhistorien Albert MATHIEZ (conférence donnée en 1920) :
" Nous aimons Robespierre parce quil a conçu et pratiqué lart du gouvernement comme un sacerdoce (= fonction que lon exerce avec une conviction infinie). Il aurait voulu, lui, que la politique fût une morale en action. Nous aimons Robespierre parce quil a répété, sans se lasser une vérité quil tenait de Jean-Jacques ROUSSEAU et de MONTESQUIEU, à savoir que de tous les gouvernements, le plus démocratique est le plus difficile à pratiquer, parce quil faut du dévouement au bien public, autrement dit de la vertu. Nous aimons Robespierre parce quil a incarné la France révolutionnaire dans ce quelle a de plus noble, de plus généreux, de plus sincère. "
Document 3 : Robespierre présente un rapport à la Convention le 25 décembre 1793 à propos du Comité de Salut Public :
" Citoyens représentants du peuple [...] vaincre les anglais et les traîtres est une chose facile à la valeur de nos soldats républicains : il est une entreprise non moins importante et plus difficile, cest de confondre par une énergie constante les intrigues éternelles de tous les ennemis de notre liberté. Tels sont les premiers devoirs que vous avez imposés à votre Comité de Salut Public. Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République : celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder. La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis ; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible. Ces notions suffisent pour expliquer lorigine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. Si le gouvernement révolutionnaire doit être plus actif dans sa marche, et plus libre dans ses mouvements que le gouvernement ordinaire, en est-il moins juste et moins légitime ? Non, il est appuyé sur la plus sainte de toutes les lois, le salut du peuple ; sur le plus indiscutable de tous les titres, la nécessité. En indiquant les devoirs du gouvernement révolutionnaire, nous avons marqué ses écueils. Plus son pouvoir est grand, plus son action est libre et rapide ; plus il doit être dirigé par la bonne foi. Le jour où il tombera dans des mains impures ou perfides, la liberté sera perdue. Ce nest pas dans le cur des patriotes ou des malheureux quil faut porter la terreur, cest dans les repaires des brigands étrangers où lon partage les dépouilles, et lon boit le sang du peuple français. "
Document 4 : loi des suspects du 17 septembre 1793
" Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République et qui sont encore en liberté seront mis en état darrestation.
Sont réputés suspects :
-ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos, leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté ;
- ceux à qui a été refusé un certificat de civisme
- ceux des ci-devant nobles (mari, femme, père, mère, fils, filles, frères, soeurs) qui nont pas manifesté leur attachement à la Révolution ;
- ceux qui ont émigré quoiquils soient rentrés en France. "
Document 5 : les résultats de quelques mesures révolutionnaires prises par ROBESPIERRE et le Comité de Salut Public
Les ACCUSATEURS
Un moment convaincus de la justesse des mesures révolutionnaires, vous avez rapidement pris conscience du danger de cette fuite en avant (il nest quà voir le nombre de morts engendrés par cette politique). Aussi vous devrez rassembler tous les arguments et les témoignages prouvant linutilité de la politique menée par Robespierre et ses acolytes.
Document 1 : Robespierre selon lhistorien Pierre CHAUNU :
" Je crois que Robespierre a été porté par un concours de circonstances, à un niveau de responsabilités qui dépassait ses capacités. Et je néprouve que de la répulsion pour tout ce quil a représenté pour le pouvoir terroriste, que rien nexcuse. Je dirais pourtant quil était relativement honnête, contrairement à beaucoup de ses pairs. Autrement dit lhomme nétait pas intégralement méprisable. En dautres temps il aurait été sans doute un paisible bourgeois dArras. Bref ce nétait pas un monstre et pourtant il lest devenu. Ce qui est accablant dans certains régimes, cest quils sont capables de faire des monstres avec des gens qui nen sont pas. Cétait un homme qui sest trouvé disposer dun pouvoir que même les rois dAncien Régime navaient pas, un pouvoir tel quaucun homme na la dimension nécessaire pour lexercer. Quant à son culte de la vertu on touche là le caractère pervers du régime révolutionnaire ! Parler de vertu quand on est entouré de crapules authentiques comme Fouquier-Tinville, et de conventionnels (député qui siégeaient à la Convention, assemblée qui a pris le relais du pouvoir lorsque Louis XVI a été démis de ses fonctions) qui se sont enrichis de manière scandaleuse pendant la Terreur ! Mais laissons-là la vertu et Robespierre. Je trouve ridicule de le monter en épingle, comme le font certains. "
Magazine " LHistoire ", mai 1994
Document 2 : BRISSOT député expose ses vues sur ce que devrait être la Révolution en critiquant les actions menées :
" Les désorganisateurs sont ceux qui veulent tout niveler(=mettre au même niveau), les propriétés, laisance, le prix des denrées, les services à rendre à la société, etc... qui veulent que louvrier reçoive lindemnité du législateur ; qui veulent niveler même les talents, les connaissances, les vertus parce quils nont rien de tout cela ! Le peuple est fait pour servir la Révolution, mais quand elle est faite, il doit rester chez lui et laisser à ceux qui ont plus desprit que lui la peine de le diriger. "
Document 3 : décision de la Convention sur le sort de la Vendée (1er août 1793) :
" Les forêts seront abattues, les repaires de bandits seront détruits, les récoltes seront coupées pour être portées sur les derrières de larmée, et les bestiaux (= les animaux) seront saisis. Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits à lintérieur. "
Document 4 : un historien donne sa vision des mesures de répression prises par le Comité de Salut Public :
" Il y a avait dans ce foisonnement même, une menace danarchie. Pour essayer de la contrôler le Comité peut-il compter sur ses représentants en mission ? Ceux-ci ne font au contraire, quaccroître les distorsions chacun agissant en fonction de la gravité des problèmes. Certains profitèrent de leur mission pour extorquer par leur chantage de largent (par exemple Saint Just à Strasbourg). Même inégalité dans la Terreur : modérée dans louest Girondin (aucune condamnation à mort), elle fut sauvage à Nantes où CARRIER fit noyer près de 3000 vendéens. "
Les VENDEENS
Vous vous êtes soulevés contre la République parce que ses projets allaient contre vos sentiments royalistes et religieux. Désireux de mieux comprendre les raisons de la répression qui a suivi votre soulèvement, vous vous rendez dans la capitale pour demander des comptes aux principaux responsables. Vous devrez donc formuler une série de questions les plus embêtantes possibles à poser aux accusés lors du procès notamment en mettant en parallèle ce qui était proclamé par la révolution à ses débuts et ce qui sest finalement passé. Et puis vous êtes aussi là pour essayer de faire pencher la balance dans votre sens, imaginez donc une stratégie pour que la Révolution revienne à la royauté.
Document 1 : décision de la Convention sur le sort de la Vendée (1er août 1793) :
" Les forêts seront abattues, les repaires de bandits seront détruits, les récoltes seront coupées pour être portées sur les derrières de larmée, et les bestiaux (= les animaux) seront saisis. Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits à lintérieur. "
Document 2 : exemple de répression de la révolte vendéenne :
" (...) Même inégalité dans la Terreur : modérée dans louest Girondin (aucune condamnation à mort), elle fut sauvage à Nantes où CARRIER fit noyer près de 3000 vendéens. "
Document 3 : la Terreur selon lhistorien Jean-Pierre ESSENNE :
" Il semble évident que celle-ci (=la Terreur) ne résulte pas dune cause unique. Le poids des circonstances et la gravité des menaces qui pèsent sur la République ne peuvent être totalement écartés ; ils nexpliquent pas tout, tant il est vrai que la Terreur ne cesse pas quand le péril faiblit. La cruauté des de certains représentants en mission ne saurait être niée. La fascination de la mort purificatrice ne disparaît pas avec la " légalisation " de la violence. Enfin la hantise du complot et lantagonisme Révolution/Contre-Révolution aboutissent à une sorte denfermement dans lincapacité de concevoir la lutte politique autrement que comme une élimination, y compris physique de ladversaire. Entre eux les Montagnards ne sont pas épargnés par ce mécanisme. "
Les PARISIENS
Habitants de Paris, vous réussissez péniblement à gagner votre vie en temps normal. Larrivée des événements révolutionnaires va vous plonger dans la précarité : la loi des maximums et la loi des suspects sont des menaces permanentes pour votre survie (peut-être même quelques-uns des membres de votre famille ont-ils été guillotinés accusés un peu trop facilement et légèrement dêtre des ennemis de la Révolution parce quils avaient manifesté dans les rues pour avoir du pain...). Mais la Révolution doit mener au bonheur de lhomme, alors peut-être que tous ces sacrifices sont-ils nécessaires
Vous devrez donc formuler une série de questions les plus embêtantes possibles à poser aux accusés lors du procès notamment en mettant en parallèle ce qui était proclamé par la révolution à ses débuts et ce qui sest finalement passé. Arrangez-vous également pour que le cours de la Révolution penche de nouveau de votre côté.
Document 1 : loi des suspects du 17 septembre 1793
" Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République et qui sont encore en liberté seront mis en état darrestation.
Sont réputés suspects :
-ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos, leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté ;
- ceux à qui a été refusé un certificat de civisme
- ceux des ci-devant nobles (mari, femme, père, mère, fils, filles, frères, soeurs) qui nont pas manifesté leur attachement à la Révolution ;
- ceux qui ont émigré quoiquils soient rentrés en France. "
Document 2 : affiche trouvée dans les rues de Paris en 1793 :
" Le Peuple sait que dans les assemblées populaires les orateurs qui les haranguent (= qui leur parlent) et débitent de beaux discours soupent bien tous les jours. De ce nombre est le citoyen Couthon. "
Document 3 : résistance de travailleurs journaliers à lapplication du maximum sur les salaires :
" Lagent national représentant les députés dans la région sud de Paris croit devoir faire observer au Comité de Salut Public que le décret sur les maximum sur les salaires éprouve les plus grands obstacles dans son exécution, tant de la part des moissonneurs que de celle des cultivateurs qui les embauchent.
Ladministration que je représente fixa les salaires des travailleurs journaliers à 36 sols par jour. Cette taxe ne fut pas plutôt publiée que les ouvriers manifestèrent leur mécontentement : ils demandaient hautement 60 sols par jour. De ce fait les ouvriers ont refusé de travailler. Les cultivateurs dans la crainte de voir perdre le fruit de leur récolte, en raison de lexcessive chaleur, ont loué les ouvriers présents à 60 sols par jour, et ceux qui ont voulu être fidèle observateurs de la loi se sont trouvés sans ouvriers. Le seul remède pour parer à de si grands maux est de sévir tant contre les ouvrier que contre les cultivateurs... "
Document 4 : citation de Jacques ROUX, curé, défenseur acharné de la cause des pauvres suite à une émeute dans le quartier des Halles où des femmes se sont livrées au pillage des épiceries :
" Je pense que les épiciers nont fait que restituer au peuple ce quils lui faisaient payer beaucoup trop cher depuis longtemps. "
Les PAYSANNES et leur CURE
Habitants dun petit village français, vous ne comprenez plus très bien ce qui se passe depuis la rédaction des cahiers de doléances. Depuis lors les soucis se multiplient : levées de soldats pour défendre la " patrie en danger " (quest-ce que ça peut bien vouloir dire ?), limitation des salaires et du prix des aliments (les maximums), et puis même parfois la venue de représentants révolutionnaires qui recherchent des suspects à la Révolution et proclament quil faut abolir la religion chrétienne... Tout cela est bien compliqué, alors vous avez décidé daller à Paris pour comprendre ce qui se passe et faire entendre votre voix...
Document 1 : résistance de travailleurs journaliers à lapplication du maximum sur les salaires :
" Lagent national représentant les députés dans la région sud de Paris croit devoir faire observer au Comité de Salut Public que le décret sur les maximum sur les salaires éprouve les plus grands obstacles dans son exécution, tant de la part des moissonneurs que de celle des cultivateurs qui les embauchent.
Ladministration que je représente fixa les salaires des travailleurs journaliers à 36 sols par jour. Cette taxe ne fut pas plutôt publiée que les ouvriers manifestèrent leur mécontentement : ils demandaient hautement 60 sols par jour. De ce fait les ouvriers ont refusé de travailler. Les cultivateurs dans la crainte de voir perdre le fruit de leur récolte, en raison de lexcessive chaleur, ont loué les ouvriers présents à 60 sols par jour, et ceux qui ont voulu être fidèle observateurs de la loi se sont trouvés sans ouvriers. Le seul remède pour parer à de si grands maux est de sévir tant contre les ouvrier que contre les cultivateurs... "
Document 2 : refus de la municipalité dAlençon dappliquer la loi sur les grains
" Nous citoyens dAlençon assemblés pour aviser aux moyens de faire cesser la disette (= le manque) des grains qui dévore les citoyens, avons décidé des mesures suivantes :
- Puisque la loi de limitation des prix du grain et de sa libre-circulation nest pas partout appliqué (dans certains lieux le maximum nest point exécuté, et la concurrence se trouve admise indéfiniment entre les acheteurs), à partir de ce jour il y aura concurrence entre les vendeurs et les acheteurs de grains. "
Document 3 : résistance à la levée des 300 000 hommes dans la Manche (rapport de lenvoyé du ministre de lIntérieur en Normandie)
" On a assemblé dimanche dernier la jeunesse composée de 5 à 6000 individus afin de lengager à fournir le contingent demandé. On a ouvert un registre pour ceux de bonne volonté aucun ne sest présenté. Un sest offert : il a été hué, bafoué. 120 contraints et forcés par la voie du tirage au sort convinrent entre eux que dans le cas de supériorité de la part des ennemis (notamment des rebelles vendéens) ils se joindraient à eux. Je doute que lon puisse jamais rassembler les 5000 hommes nécessaires dans ce département.
Les REVOLUTIONNAIRES
Amis des accusés, vous avez échappé de peu au procès, daprès les documents ci-dessous vous allez devoir vous positionner pour défendre vos amis ou au contraire les enfoncer en apportant les témoignages nécessaires...Document 1 : Robespierre présente un rapport à la Convention le 25 décembre 1793 à propos du Comité de Salut Public :
" Citoyens représentants du peuple [...] vaincre les anglais et les traîtres est une chose facile à la valeur de nos soldats républicains : il est une entreprise non moins importante et plus difficile, cest de confondre par une énergie constante les intrigues éternelles de tous les ennemis de notre liberté. Tels sont les premiers devoirs que vous avez imposés à votre Comité de Salut Public. Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République : celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder. La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis ; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible. Ces notions suffisent pour expliquer lorigine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. Si le gouvernement révolutionnaire doit être plus actif dans sa marche, et plus libre dans ses mouvements que le gouvernement ordinaire, en est-il moins juste et moins légitime ? Non, il est appuyé sur la plus sainte de toutes les lois, le salut du peuple ; sur le plus indiscutable de tous les titres, la nécessité. En indiquant les devoirs du gouvernement révolutionnaire, nous avons marqué ses écueils. Plus son pouvoir est grand, plus son action est libre et rapide ; plus il doit être dirigé par la bonne foi. Le jour où il tombera dans des mains impures ou perfides, la liberté sera perdue. Ce nest pas dans le coeur des patriotes ou des malheureux quil faut porter la terreur, cest dans les repaires des brigands étrangersoù lon partage les dépuilles, et lon boit le sang du peuple français. "
Document 2 : reniement de COUTHON (lun des 3 accusés) par un comité révolutionnaire
" Nous ne connaissons, nous ne soupçonnons même aucun des habitants de notre arrondissement pour avoir été en relations daucunes espèces avec le perfide COUTHON. Sur une dénonciation de la société populaire dArtonne, nous avons nommé deux commissaires pour aller examiner la correspondance des citoyens ROZIER en contact avec COUTHON. Nous pensons avec le public que cest surtout sur les fonctionnaires publics créés par ce scélérat, sur ceux qui avaient sa confiance, qui lont si constamment entouré [NB : les auteurs de cette lettre sont pourtant dans ce cas] et lui ont si bassement fait la cour pendant son séjour dans notre département, que les soupçons doivent naturellement tomber ; nous navons pas du moins nous ne connaissons pas dans notre arrondissement un seul individu de cette espèce ; dailleurs vous savez bien, citoyens, que ce nest pas dans notre district quil faut rechercher les complice de ce lâche conspirateur. "
Document 3 : un historien, Jacques SOLLE donne son avis sur les acteurs de la Terreur les Sans-Culottes (petits artisans parisiens qui durant la Révolution servaient de milice armée aux députés)
" Les Sans-Culottes, parmi lesquels se recruta une partie importante du personnel terrorisrte, croyaient plus à la pratique directe de la souvenraineté populaire quà la valeur des institutions représentatives. Les militants des sections leur avaient opposé les principes de linitiative populaire, du référendum, du rappel des députés et droit de porter des armes. Leurs pétitions et leurs manifestations avaient pour but de dimposer leurs opinions à ceux qui les représentaient , et leur conception de la justice populaire, et des châtiments qui lui étaient propres, ne répondait quà la seule nécessité. Leur expérience avait appris aux Sans-Culottes à seméfier de tous leurs chefs et à utiliser linsurrection contre ceux qui les trahissaient. Leur haine de lEglise leur venait de la conviction qu les prêtres pendant des siècles avaient distribué un enseignement dobéissance aux aristocrates et aux riches. Leur idée de la Révolution était dabord morale. Ils combattaient la dépendance économiquet souhaitaient une vie décente. Cet idéal pouvait entraîner les réquisitions forcées de vivres à destination des villes, des taxes révolutionnaires sur les riches, la diminution des inégalités, et linstitution dun système de sécurité sociale. Tout cela ne pouvait se dérouler que dans le cadre dune lutte permanente. "