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UNE MÉTROPOLE D’AMÉRIQUE DU NORD : NEW YORK

A L’AIDE D’UN FILM : WEST SIDE STORY

Par Nicolas Prévost


Photographies, cartes et textes représentent les documents les plus largement utilisés dans l’enseignement de la géographie. Leur utilisation semble évidente et la maîtrise de leur commentaire indispensable.

Toutefois, il convient de varier les supports et les approches pédagogiques dans l’enseignement de la Géographie. L’utilisation de films peut être un élément de variation. Si son utilisation en Histoire semble plus évidente, elle le paraît moins en Géographie, à tort. Ainsi, la projection du film West Side Story est utile dans le cadre d’une leçon sur New York en classe de 6ème. Trois questions se posent alors, concernant à la fois la pertinence de l’utilisation de ce film et aussi les limites qu’elle impose :

· pourquoi utiliser West Side Story dans une leçon sur New
York ?

· quels sont les moyens mis en œuvre pour intégrer ce film
dans cette leçon ?

· quels sont les inconvénients de son utilisation ?



I. Pourquoi utiliser West Side Story dans une leçon sur New York ?

L’utilisation de West Side Story apparaît pertinente au moins sur trois
points : sur la forme, sur le fond et enfin du point de vue " culturel ".

A. Sur la forme : un " médium " plus ludique

Le premier avantage, qui est décisif du point de vue des élèves, est
l’utilisation de la vidéo, de l’objet télévision. Elle leur paraît plus
proche d’eux et surtout elle semble plus ludique qu’une étude de texte par
exemple. La télévision, en comparaison du manuel ou de la photographie, a un
avantage incomparable : elle capte l’attention des élèves. Même s’ils ne
regardent pas ce qu’il faut, ils sont attentifs et regardent " sérieusement
".

Le deuxième avantage est plus important du point de vue des professeurs.
L’utilisation de la vidéo permet de changer de support. Dans l’analyse des
nombreux paysages de 6ème, l’utilisation de la photographie est
quasi-systématique. Elle peut être validée par le commentaire de textes,
expliquant l’organisation de ce paysage. Au final, l’analyse du paysage
devient totalement normative, au bout du compte, monotone. La vidéo
introduit une variation dans cette analyse. La variation des supports
pédagogiques apparaît comme un bon moyen d’intéresser les élèves, de ne pas
les enfermer dans une grille d’analyse trop rigide. Dans l’étude d’un
paysage, le document de référence reste la photographie, mais la vidéo
permet de varier les supports.

Au-delà de cet avantage sur la forme, West Side Story apporte un avantage
considérable sur le fond.

B. Sur le fond : une utilisation pertinente ?

Sur le fond, le film West Side Story a un avantage certain : il permet de
varier les prises de vue habituelles. Ainsi la prise de vue aérienne oblique
est la plus couramment utilisée pour l’analyse des paysages. Cette vue est
systématique pour toutes les photographies de paysages. Les premiers plans
de West Side Story sont une vue aérienne de Manhattan, d’abord de face.
Ensuite, la caméra passe au-dessus des gratte-ciel. Peu à peu le zoom se
fait sur le quartier de West Side. On se retrouve alors à l’intérieur du
quartier, à l’intérieur des rues, des ruelles. Ainsi les points de vue sont
différents par rapport à une photographie.

Plus décisif encore : la mobilité. La photographie est par définition
statique. Elle capte le paysage à un moment précis, sans continuité, au
contraire de la vidéo. Dans une leçon classique sur New York, on aurait
utilisé trois photos différentes pour décrire trois quartiers de New York :
le centre (Manhattan), les quartiers péri-centraux (Harlem) et la banlieue
(Queens). Chaque quartier est ainsi individualisé, séparé, sans liaisons
avec les autres. C’est une vision fractionnée de la ville qui alors
présentée, chaque quartier étant séparé par des murs ou par une sorte de "
vide sanitaire ". C’est l’avantage de la vidéo, de fournir un ensemble
d’images continues sur une durée plus ou moins longue. Ainsi tout au début
du film, passe-t-on tout doucement du quartier central (Manhattan) aux
quartiers périphériques (West Side). On peut alors noter une continuité, un
gradient, d’un quartier à un autre, sans séparations, sans ruptures. C’est
la ville dans son ensemble qui est présentée.

Sur le fond, l’utilisation de West Side Story semble don pertinent car elle
permet un changement de prise de vue et une continuité dans l’appréhension
de la ville de New York et de ses quartiers.

C. Un avantage non négligeable : l’aspect culturel

Une des finalités de l’enseignement de la Géographie est la finalité
culturelle. L’utilisation de films, et notamment de West Side Story
participe de cette finalité à sa façon.

Ainsi le cinéma n’est pas toujours un lieu connu de tous les élèves, loin de
là. Tout au plus, ont-ils vu quelques dessins animés ! Ensuite, le genre
cinématographique de West Side Story leur est souvent (presque) inconnu.
Rare sont ceux qui connaissent l’existence de comédies musicales. Cette
surprise peut certes parasiter l’essentiel mais peut leur apporter un
bénéfice au niveau de la diversification de leur culture. Voir des jeunes se
battre en dansant est certes surprenant pour qui n’est pas habitué. Mais le
plus souvent, ils en redemandent. Plus d’un a souhaité regarder la suite du
film, preuve de leur intérêt.

Clairement, l’utilisation de West Side Story dans une leçon de Géographie
semble pertinente. Sur la forme, le film apparaît plus " intéressant ", sur
le fond, il permet une variation du point de vue et surtout une continuité.
Enfin, il offre une sorte de " supplémentation culturelle " à des enfants
qui en sont le plus souvent en manque. Si la question pourquoi ne pose pas
de problèmes majeurs, c’est la question comment qui semble plus
problématique.



II. Comment utiliser West Side Story dans une leçon sur New York ?

L’organisation d’une ville d’Amérique du Nord s’effectue en classe de 6ème.
C’est un des nombreux paysages à décrire et à expliquer dans ce programme.
Cette analyse peut s’effectuer tout de suite après une leçon sur les grandes
agglomérations du monde.

Les élèves disposent de deux documents : un plan de la ville de New York
(les cinq Boroughs) et un tableau statistique montrant la croissance de la
ville dans son ensemble et dans les différents quartiers. Ils disposent
aussi d’un tableau, qui se remplira petit à petit, et d’un schéma expliquant
l’organisation d’une ville d’Amérique du Nord. C’est entre ce tableau et le
schéma que se réalise le passage du vu, du " réel " (le film) au modèle,
applicable à d’autres villes. Mais le document principal reste le film.
Toutefois, il ne s’agit pas de diffuser la totalité du film, mais juste un
extrait : les dix premières minutes.

Après l’introduction de la leçon, on peut présenter le film dans ses grandes
lignes : réalisateur, date, genre mais surtout lieu. La meilleure solution
consiste tout d’abord à projeter l’extrait une première fois dans son
entier. Il paraît souhaitable, dans certaines limites, de laisser les
élèves, qui découvrent ce film et ce genre cinématographique, libres de
leurs réactions (notamment lors des claquements de doigts du début ou lors
de la première empoignade du film). Ensuite, on peut diviser facilement cet
extrait en deux parties : d’une part, la première minute, qui est un survol
de New York, de Manhattan à West Side, et d’autre part, la poursuite entre
les deux gangs, les Jets et les Sharks, dans le quartier.

A. Le quartier central : Manhattan

L’analyse du quartier central de New York se fait avec les tous premiers
plans du film. Ils sont assez explicites pour que les élèves repèrent
immédiatement les éléments importants.

Après une première diffusion, on passe plus de temps sur cette première
partie, en s’arrêtant sur de nombreux plans.

Le premier plan est une vue large de la ville de New York. Le plan montre
bien le gigantisme de la ville. L’île de Manhattan s’individualise bien et
on peut remarquer sur la droite, un autre quartier de New York : Brooklyn.
On peut voir que la ville de New York est au bord de l’eau. La première des
activités visibles est maritime. De nombreux bateaux sont présents, en train
de naviguer ou déjà accostés au port, qui entoure l’île de Manhattan. Cette
première vision de New York suscite déjà beaucoup d’intérêt.

Dans un second temps, on s’approche un peu plus. On entre dans Manhattan par
le pont de Brooklyn Brigde, où le trafic est relativement dense. On peut
voir tour à tour un échangeur autoroutier, des bateaux à quais et les
entrepôts du port, tous les trois, signes d’une activité forte. Enfin, les
gratte-ciel apparaissent. Mais contrairement à la vue de face qui démontre
la verticalité de Manhattan, la vue aérienne du dessus écrase cette
dimension. Malgré tout, ils apparaissent dans toute leur splendeur, restant
les symboles visibles de cette ville, et du rêve américain. Mais l’avantage
décisif de ce type de prise de vue est que l’on distingue parfaitement les
rues qui se croisent à angle droit. On peut même y voir les embouteillages
dans les rues et l’activité soutenue de ce quartier. Si le niveau des élèves
le permet, on peut même préciser la notion de Block, facilement à partir de
ces images.

Peu à peu, on traverse Manhattan, du Sud-Ouest ou Nord-Est. Le survol de
bâtiments symboliques permet de caractériser les différentes activités
présentes dans Manhattan. Ainsi peut-on voir le siège de l’ONU, symbole de
la puissance mondiale de la ville, puis le stade de Base-ball des Yankees et
enfin l’Université.

Petit à petit, on s’éloigne du centre de Manhattan. La verticalité se fait
moins importante, des quartiers résidentiels apparaissent. Puis, une coupure
nette se fait. On arrive dans le quartier des Hell’s Kitchen à West Side.
Les immeubles sont petits, les blocks sont plus longs et un sentiment
d’horizontalité se dégage nettement. Les toits apparaissent crasseux et
l’activité se fait moins forte. Le décor est planté : voici le quartier de
West Side.

Ainsi la première minute du film est consacrée à cet itinéraire dans la
ville de New York. Il emprunte des lieux particuliers dans un sens
particulier. On part d’une activité forte avec le port, puis très forte dans
le centre de Manhattan et qui diminue quand on entre dans la banlieue. De
même, la hauteur des immeubles baisse entre les gratte-ciel de Manhattan et
les petits immeubles de West Side, sur lesquels on zoome. On peut donc
définir un gradient de verticalité et un gradient d’activité.

A partir de cette analyse, plus ou moins poussée, on peut remplir la
première colonne du tableau. On laisse toutefois la case " catégorie de
population " vide. On la remplira plus tard. Cette opération effectuée, il
convient ensuite de compléter le schéma, et donc de colorier en rouge le
centre.

B. Le quartier péri-central : la poursuite dans West Side

L’analyse de la deuxième partie de l’extrait est moins systématique que pour
la première. Nul besoin de s’arrêter aussi souvent. C’est en effet autant
les éléments caractéristiques qu’il faut saisir, qu’une ambiance.

Le terrain de jeu est le premier lieu que l’on voit de ce quartier. On peut
noter l’impression de vide : quelques gamins jouent au Basket, une fille
dessine à la craie, un garçon fait du vélo. Qui plus est, le cadre n’est pas
très plaisant : graffiti sur les murs, fenêtres cassées dans les immeubles.
Toute une ambiance est ainsi plantée, en quelques secondes.

Vient ensuite la traversée dans le quartier. Il nous paraît encore plus
lugubre. Les fenêtres sont remplacées par des parpaings en bois, quelques
vieux discutent paisiblement, une malheureuse voiture passe dans la rue. Une
première approche des immeubles peut se faire. Ils sont en brique, construit
sur le même modèle, avec petit escalier extérieur menant à l’entrée. Les
commerces semblent peu nombreux et sans grande effervescence. On passe alors
dans de petites ruelles, aux murs fermés, sans ouvertures. Un premier plan
d’ensemble nous permet de distinguer clairement les types d’immeubles
présents dans ces quartiers : quatre ou cinq étages, en brique, avec des
escaliers extérieurs reliant chaque étage. Il donne une impression de
monotonie, voire de tristesse.

La poursuite entre les Jets et les Sharks nous fait entrer dans le quartier,
dans ses petites ruelles, dans ses petits recoins. Vient alors la partie la
moins intéressante pour la leçon, mais souvent la plus passionnante pour les
élèves : le début de l’affrontement entre les Jets et les Sharks. Il se
déroule sur le terrain de jeu. Mais ensuite, ils retournent dans les rues.
Ils passent dans une rue où se trouvent des affiches électorales, vieilles
de quelques années et rencontrent des ouvriers sur un échafaudage, qui
peignent une façade, signe du délabrement du quartier. Ensuite, ils se
retrouvent dans les ruines d’un ancien immeuble écroulé, à l’ombre des
gratte-ciel. On retrouve enfin un Jets dans un cul-de-sac, où les sentiments
de saleté et d’insécurité dominent. Le linge pend aux balcons. Finalement,
tous se retrouvent au terrain de jeu. Quand les policiers arrivent sur les
lieux, on peut arrêter l’extrait, au grand désarroi des élèves.

Ainsi, à partir de tous ces éléments repérés dans le film, on peut discerner
les caractéristiques de ce quartier.

Mais plus encore que l’environnement, il convient aussi de s’attacher aux
personnages. Il faut expliquer aux élèves qui sont les deux gangs. Les Jets
sont des immigrés italiens. Les Sharks sont des immigrés porto-ricains. Les
Jets sont arrivés les premiers dans ce quartier. On peut clairement
remarquer le marquage sur les murs et sur la route. Les Sharks sont arrivés
à New York bien après. Ainsi on peut appréhender avec les élèves le type de
population présente dans ce quartier mais aussi la notion de territoire que
l’un et l’autre des deux gangs veulent défendre. Enfin, on peut montrer que
New York est une ville cosmopolite, qui a attiré et attire des hommes du
monde entier.

Tout cela permet de compléter le tableau et de colorier en orange la partie
du schéma correspondante. Il convient aussi d’expliquer les flèches. Les
quartiers centraux et péri-centraux perdent de la population qui émigre vers
la banlieue.

C. Un complément à la leçon : la banlieue

La troisième partie d’une ville d’Amérique du Nord est la banlieue. C’est
certainement celle qui est la plus en mouvement aujourd’hui. Le film West
Side Story ne permet pas son étude. On est obligé, en complément, d’utiliser
une photographie de la banlieue de New York. Ce complément n’est pas tout à
fait satisfaisant mais reste indispensable pour compléter le modèle
géographique d’une ville d’Amérique du Nord. Il convient d’expliquer le rôle
de l’automobile et des autoroutes dans le mouvement périphérique des
populations. Ainsi s’explique à la fois la baisse de la population au centre
et la croissance de la banlieue et par conséquent l’extension de la ville.

Une fois complété le tableau et coloriée en vert la dernière partie du
schéma, on obtient alors un modèle d’organisation d’une ville américaine.
Certes, il peut paraître un peu compliqué pour des élèves de 6ème, mais il
semble formateur et intéressant. Selon le niveau de la classe, on peut
pousser l’analyse plus ou moins loin. Mais on peut renouveler cette
utilisation au lycée avec quelques extensions.

D. Les extensions possibles au lycée (classe de 2nde)

On peut aussi utiliser West Side Story au lycée. On peut renouveler l’étude
précédente, mais de manière plus poussée. Mais on peut aussi étudier de
nouvelles parties du film ou insister sur les transformations du quartier.

West Side Story est une comédie musicale. Il semble donc logique d’utiliser
une chanson. Si on veut insister sur les populations présentes dans ce
quartier, l’analyse de la chanson " America " semble pertinente. Dans cette
chanson, s’opposent les points de vue des femmes porto-ricaines et des
hommes. Les femmes semblent ravies de leur venue en Amérique. En fait, elles
se sentent soulagées. Du fait de leur quasi-aliénation dans leur île, elles
se sentent libérées en Amérique. Anita déclare même qu’ " en Amérique, les
filles ont le droit de s’amuser ". De l’autre côté, les hommes ne se font
aucune illusion sur le rêve américain. La perte de certains avantages n’y
est pas étrangère. Les hommes semblent plus conscients du racisme latent de
la société américaine. En conclusion, l’étude de cette chanson peut être
utile afin de cerner la vie des populations des quartiers, comme celui de
West Side.

Une autre possibilité d’extension serait d’analyser les évolutions apparues
jusqu’aujourd’hui. En effet, on peut observer dans les villes américaines
d’aujourd’hui, une certaine revalorisation des centres. On peut appliquer
cette notion au quartier de West Side. En utilisant un texte ou un article
de journal, on peut montrer la revalorisation du quartier de West Side.
Ainsi, une partie de ce quartier est devenue un quartier branché de New
York, avec de nombreux bars. L’activité nocturne y est forte. On ne peut
certainement pas parler de gentryfication, mais tout de même d’une
amélioration des conditions de vie dans ce quartier, devenu attractif. Une
analyse de ces transformations semble très formatrice pour des élèves de
2nde, la notion d’aménagement étant largement présente dans ce programme.

Au final, l’utilisation du film West Side Story permet d’aboutir à un modèle
géographique, en passant par un tableau. Ces deux éléments font office de
trace écrite. Cette étude peut paraître très longue, et elle l’est, mais
elle est intéressante pour les élèves. L’utilisation d’un film n’y est pas
étrangère. Malgré tout, elle pose un certain nombre de problèmes.



III. Les limites de l’utilisation de West Side Story

On l’a vu, West Side Story est un film très utile dans une leçon sur New
York. Toutefois, son utilisation recèle quelques limites, dont il convient
de prendre conscience pour le professeur mais aussi pour les élèves. Les
connaître et les reconnaître semble indispensable.

A. Reconstitution, représentation ou vérité ?

La première question à se poser quand on utilise un film, notamment lors
d’une analyse de décors est : les décors sont-ils naturels ou sont-ils des
décors de studio ?

Il faut le dire tout de suite : toutes les scènes de West Side Story ont été
tournées en studio à Hollywood. Alors une seconde question se pose : le
décor de la banlieue ouest est-il réaliste ?

Manifestement, on ne peut pas pousser une analyse de la subjectivité des
décors en classe de 6ème. Mais il faut toutefois avertir les élèves, que
tout n’est pas forcément vrai et qu’il convient toujours de se poser des
questions sur ce que l’on voit.

Sans aucun doute, les traits sont grossis. Les rues sont sales et sans
activités. Les culs-de-sac sont trop nombreux. Trop de vêtements pendent aux
balcons. Le réalisateur, Robert Wise, a certainement voulu caricaturer ce
quartier " de voyous ". Cette vision coïncide avec la représentation que la
plupart des gens se font de ce type de quartier.

Malgré tout, on peut facilement reconnaître les types d’immeubles de quatre
ou cinq étages avec des escaliers extérieurs. Les différents éléments qui
caractérisent les quartiers péri-centraux sont présents, et c’est bien-là
l’essentiel.

B. Un risque : la focalisation sur un quartier de New York

Le risque principal est toutefois la tentation de se concentrer sur un seul
quartier de New York : le quartier de West Side. C’est un risque qui ressort
lors des évaluations, où les élèves retiennent en priorité les éléments de
cette partie de New York. Le risque vient du fait que la poursuite dans les
rues de New York est la séquence qui dure le plus longtemps.

Pour éviter cet écueil, il convient de rester plus longtemps sur la
description de la première séquence, des tous premiers plans, qui ne dure
qu’une minute. Ainsi, en passant plus de temps sur le quartier de Manhattan,
en y décrivant les types d’activités présents, on peut créer un minimum
d’équilibre. Quoi qu’il en soit, il convient d’analyser chacun des deux
quartiers, peut-être de façon différente (vue de l’extérieur/de
l’intérieur), dans un même laps de temps.

C. Un autre risque : un film vieux de 40 ans

Un autre risque, qui semble minime, mais qui est réel, est relatif à la date
de réalisation du film : 1961. Il convient tout de suite d’avertir les
élèves de cette date. A première vue, cette ancienneté apparaît comme un
handicap. Quarante ans apparaissent un espace trop long jusqu’aujourd’hui.
Mais en vérité, peu de choses ont changé : quelques gratte-ciel ont poussé,
quelques réaménagements ont été réalisés. Mais il faut faire de cet
handicap, un atout, un avantage.

On remarque très bien sur le premier plan l’activité portuaire qui est
encore assez forte à cette époque. En comparant avec une photographie
actuelle, on peut noter une baisse d’activité. Ensuite, on peut essayer de
repérer les transformations réalisées.

Si au départ, la date tardive apparaît comme un handicap, comme un risque d’
" anachronisme ", on peut la retourner à son avantage. Elle peut devenir un
atout intéressant et formateur pour les élèves.

D. Le besoin d’autres documents

La diffusion du film uniquement ne paraît pas suffisante. Il convient
d’utiliser d’autres documents, pour expliquer ce qui est montré dans le
film, ou pour pousser un peu plus loin l’étude. L’analyse du film ne se
suffit pas à elle-même, sauf si on prend le parti d’une analyse partielle.
Si on veut pousser plus loin l’analyse des activités dans le quartier
central de Manhattan, afin de définir la notion de C.B.D., la vue aérienne
n’est pas suffisante. Il faut rentrer à l’intérieur de ce quartier, à
l’intérieur de la 5ème Avenue. Les activités financières sont très
importantes à New York et il semble logique de montrer au moins la façade de
la Bourse de New York dans Wall Street. Ce besoin d’utiliser d’autres
documents est encore plus criant pour la description de la banlieue. On est
obligé d’aller chercher une photographie de ce type de quartier. Malgré
tout, l’analyse du film fournit déjà de nombreux éléments qui justifient son
utilisation, même si sa projection ne suffit pas à décrire tous les éléments
d’une ville d’Amérique du Nord.

On le voit bien, les risques, les handicaps et les problèmes sont nombreux,
mais ils peuvent être contournés. Ils peuvent devenir des atouts. Le plus
important est certainement d’en être conscient et d’en avertir, si le besoin
s’en fait sentir, les élèves. Une réflexion sur les problèmes possibles est
fructueuse dans la mesure où elle permet d’avoir un certain recul sur le
travail que l’on demande aux élèves et sur la construction de la leçon.
Certes, ce film ne reflète peut-être pas une réalité objective, mais quelle
photographie, quel film n’est pas " subjectif ".



L’utilisation de West Side Story dans une leçon sur New York est
incontestablement positive. Sur le plan scientifique, la diffusion de ce
film permet un passage en douceur du " réel " à l’abstrait, c’est-à-dire au
schéma général d’organisation d’une ville d’Amérique du Nord. Les élèves
peuvent facilement repérer les éléments caractéristiques de chacun des
quartiers de New York. Par ailleurs, les échos des élèves sont positifs. Les
meilleurs élèves ont été ravis de ce changement de support, qui les place
dans une autre situation. Mais surtout, les élèves les plus souvent en
difficulté dans un cours " normal " ont totalement accroché. La plupart a vu
l’essentiel. On peut repérer leur intérêt lors de la première diffusion, où
leurs réactions de surprise s’affichent clairement. Globalement, malgré
quelques réserves, West Side Story constitue une approche intéressante,
originale et pertinente d’étude d’un paysage urbain en classe de 6ème.

 

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