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Niveau Terminale, évaluation

Sujet : le monde ouvrier de 1850 à 1939 en Europe :

étude de documents type bac

Par Anne Philippon


Sujet conçu et corrigé par Anne Philippon

Ce sujet a été proposé à une classe de 1ère S

Certains documents avaient déjà été vus en classe ( doc 1, 2 et 3)

5 documents proposés :

1)2 diagrammes circulaires présentant le budget ouvrier à Paris en 1906 et 1937 (Nathan 1ère doc 5 p 35)

2) chronologie des principales lois sociales de 1850 à 1936

1853 Prusse, interdiction du travail avant 12 ans
1864 France, reconnaissance du droit de grève (1875 en Angleterre)
1869 Prusse, journée de travail limitée à 10 heures pour les enfants âgés de 14 à 16 ans (6 heures pour les moins de 14 ans)
1871 Allemagne, reconnaissance du droit de grève
1876-1880 Angleterre, enseignement obligatoire
1881 France, lois Jules Ferry, enseignement public obligatoire, laïc et gratuit.
1883-1889 Allemagne, assurances maladie, accident du travail et retraite.
1884 France, reconnaissance du droit syndical
1890 Allemagne, syndicalisme reconnu
1890 Angleterre, semaine anglaise pour tous
1892 France, journée de travail de 12 heures dans l’industrie
1900 France, journée de travail de 10 heures
1907 France, loi sur le repos hebdomadaire.
1911 Angleterre, système d’assurance chômage et maladie
1919 France, premières lois sur les assurances sociales (maladie, vieillesse, famille)
1936 France, semaine de 40 heures, deus semaines de congés payés.

 

3) texte de H. Ford

" Notre première manière de faire l’assemblage consistait à monter notre voiture sur place, les ouvriers apportant les pièces au fur et à mesure qu’il en était besoin (…) Notre premier progrès dans l’assemblage consista à apporter le travail à l’ouvrier, au lieu d’amener l’ouvrier au travail (…).
Aucune question n’est plus importante que celle des salaires (…) Si nous répandons beaucoup d’argent, cet argent se dépense. Il enrichit les négociants, les détaillants, les fabricants et les travailleurs de tout ordre, et cet accroissement de demandes pour nos automobiles (…). Le salaire minimum était fixé (…) à 5 dollars par jour. En même temps nous réduisions la journée à huit heures au lieu de neuf, et la semaine à quarante huit heures.
H.Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, 1925.

4) article d’E. Pouget, militant anarcho-syndicaliste

" Décrocher les huit heures, ce n'est pas si cotonneux qu’on voudrait nous le faire croire, ce n'est pas la mer à boire. Seulement, le point n'est pas de nommer des députés socialos et d'attendre, en suçant nos pouces, que ces bouffes galettes aient pondu une loi limitant la, journée de travail à huit heures.

Y a pas à tortiller : c'est un mauvais système que d'attendre que les alouettes nous tombent rôties du ciel gouvernemental.

Le jour ou nous voudrons fermement les huit heures, nous n'aurons qu'à opérer nous-mêmes. Il n'y aura qu'à nous entendre et à quitter les ateliers et les usines une fois huit heures de travail accomplies. Ce jour-là, y aura pas d'erreur ! Ni patrons, ni gouvernants n'ayant assez de puissance pour nous faire travailler cinq minutes de plus, il faudra bien que les charognards mettent les pouces."

Article d'E. Pouget paru dans Le Père peinard en 1897.

Emile Poulet (1860-1931), militant anarcho-syndicaliste, avait fondé le premier syndicat d’employés en 1879 puis il avait lancé en 1889 Le Père peinard, l’héritier du journal révolutionnaire Le Père Duchesne. Il a participé au congrès de Toulouse de la CGT en 1897, puis il a été élu secrétaire général adjoint en 1901

5) Affiche du Syndicat national des chemins de fer (1910) dénonçant les accidents de travail doc 5 p 55 Magnard 1ère

 

Sujet corrigé: le monde ouvrier de 1850 à 1939 en Europe

I. Présentation des documents :

5 documents sont à étudier.

Deux d’entre eux sont des documents récents qui montrent l’amélioration de la vie des ouvriers.

Le document 2 est une chronologie des principales lois qui reconnaissent des droits nouveaux aux ouvriers dans les principaux pays d’Europe de 1850 à 1936 et montre ainsi les progrès réalisés dans l’amélioration de leurs conditions de travail.

Le document 1 est constitué de 2 diagrammes circulaires qui représentent le budget ouvrier en 1906 et 1937. La diminution de la part du budget consacrée aux besoins vitaux prouve l’amélioration du niveau de vie.

Les trois autres documents sont des documents historiques qui témoignent du point de vue des ouvriers et des patrons sur les conditions de travail des ouvriers.

Le document 3 date de 1925 est un extrait de Ma vie et mon œuvre, autobiographie de H. Ford, fondateur d’une des plus grandes entreprises automobiles, qui évoque sa méthode (le fordisme) visant à augmenter ses profits.

Les documents 4 et 5 sont des exemples de contestation des ouvriers qui réclament des conditions de travail moins difficiles. Emanant de représentants de la CGT (syndicat révolutionnaire), ils cherchent à mobiliser l’opinion (affiche du syndicat des chemins de fer sur les accidents de travail) et la classe ouvrière (article d’E. Pouget dans le Père peinard sur les revendications à propos du temps de travail).

III. SYNTHESE (301 mots !)

Avec l’apparition des sociétés industrielles le monde ouvrier se développe. Ses conditions de vie difficiles évoluent favorablement de 1850 à 1939. En effet, prenant conscience d’être défavorisés par rapport aux autres classes sociales, les ouvriers s’organisent et réussissent ainsi à obtenir des droits nouveaux.

Les conditions de travail du monde ouvrier sont particulièrement difficiles. La durée quotidienne de travail dépasse 10 heures, sans jour de congé, pour un travail dangereux et éprouvant. L’apparition du fordisme qui organise le travail à la chaîne rend le travail abrutissant et répétitif. De plus, les salaires sont misérables et permettent à peine de survivre : les 3/4 du salaire sont ainsi consacrés à la nourriture, pour une famille où même les enfants travaillent, dès leur plus jeune âge.

Ils ne disposent d’aucune couverture sociale : un accident de travail conduit la famille à la rue.

Cette situation est d’autant moins acceptable pour les ouvriers que les bourgeois, leurs patrons, vivent dans le luxe et méprisent souvent ceux qui les font vivre !

C’est dans ce contexte que naît le syndicalisme et que l’idéologie socialiste se répand dans la classe ouvrière qui s’organise. La CGT, révolutionnaire, devient le principal syndicat en France et réussit à imposer des réformes qui améliorent la vie du monde ouvrier. La durée du travail est ramenée à 8h, 5 jours par semaine, les ouvriers obtiennent même des congés payés en 1936. Les salaires augmentent et une couverture sociale garantit le maintien d’un niveau de vie minimum.

L’enseignement obligatoire laisse espérer une évolution sociale. On reconnaît des droits aux ouvriers, qui leur permettent de mieux se défendre.

Néanmoins, à la veille de la seconde guerre mondiale, la vie du monde ouvrier reste difficile et la solidarité née de ces conditions de vie déplorables perdure, renforçant la prise de conscience d’une identité ouvrière.

II. TABLEAU

Thème 1 : Les conditions de vie et de travail du monde ouvrier

Thème 2 : les progrès réalisés

Thème 3 : syndicalisme et luttes ouvrières

DOC 1 :

Diagramme sur l’évolution du budget ouvrier

Au début du Xxe siècle
  • salaire faible : le niveau de vie est très bas
  • l’ouvrier consacre plus des ¾ de son budget à l’alimentation et le logement
  • vie misérable, survie précaire
A la veille de la 2ème Guerre mondiale :
  • amélioration du niveau de vie
  • la part du budget consacré aux besoins vitaux a diminué (un peu plus de la moitié)
  • l’ouvrier peut envisager des dépenses pour l’équipement de son habitat, pour sa santé et quelques loisirs
  • mais leur vie reste difficile
DOC 2 : chronologie des principales lois sociales Au XIX e siècle : conditions de travail très difficiles, non réglementées.
  • les enfants travaillent très jeunes,
  • la journée de travail est longue
  • pas de repos hebdomadaire ni de congés payés
  • aucune protection sociale
  • grèves et syndicalisme interdits
  • l’enseignement est réservé aux plus riches
  • droit de grève reconnu (1864 en France, 1871 en Allemagne, 1875 en Angleterre)
  • droit syndicale (fin du XIXe)

- réduction du temps de travail ( 40h/semaine en 1936 en France, congés payés)

  • travail des enfants progressivement interdit (avant 12 ans en Prusse,...)
  • droit à l ‘enseignement
  • protection sociale (chômage, maladie, vieillesse, début du XXe)
DOC 3 : texte de H.Ford Après :Travail à la chaîne (taylorisme) è augmentation du nombre d’ouvriers non qualifiés

Avant :

  • Salaires bas
  • journée de travail très longue(9h)

- Pas de repos hebdomadaire

Application du fordisme :

- Hausse des salaires (5$/j) : pouvoir d’achat augmente

- Diminution du temps de travail (8h/j et repos hebdomadaire)

DOC 4 : article d’E. Pouget
  • journée de travail très longue
  • relations patrons-ouvriers conflictuelles (lutte des classes)

 

  • droit syndical
  • liberté de la presse

è les ouvriers ont le droit de défendre leurs intérêts

  • cgt : syndicat révolutionnaire, ne pas attendre réformes mais se révolter (grève) pour imposer journée de 8h
  • manque de confiance dans le gouvernement
  • texte très engagé, qui cherche à faire réagir les ouvriers ; appel à la révolte
DOC 5 : affiche de la CGT
  • - manque de couverture sociale
  • - fréquence des accidents de travail liés à l’absence de sécurité
  • - lutte des classes (bourgeois/ouvriers)
  •  
  • droit syndical

 

è les ouvriers ont le droit de défendre leurs intérêts

Revendications pour plus de sécurité dans le travail, pour des lois sur la protection sociale de l’ouvrier

Affiche de propagande : volonté de sensibiliser la classe ouvrière


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