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LE FASCISME
Par
Jean-Marie frissen
1. DEFINITIONS
1.
L'État fasciste est totalitaire
: il réclame de l'individu l'abandon de tous ses droits. L'individu n'est
qu'une partie d'un tout. Le tout est dans l'État qui prend un caractère
mystique. Cet État est conduit par le chef (Führer en Allemagne ;
Duce en Italie ; Caudillo en Espagne) de qui
émanent tous les pouvoirs et qui détermine les relations politiques,
économiques et sociales des individus :
" l’État n’entend pas abdiquer devant qui que ce
soit ; quiconque se dresse contre l’État sera puni ; ce rappel
s’adresse explicitement à tous les citoyens et je suis persuadé qu’il sonne
d’une façon particulièrement agréable aux oreilles des fascistes qui ont lutté
pour avoir un État s’imposant à tous (je dis à tous) … "
MUSSOLINI le 16 novembre 1922 (Discours
à la Chambre).
La notion
démocratique d'un pouvoir issu de la masse et délégué à ses représentants
disparaît.
" Le qualificatif de souverain, appliqué au peuple, est une
tragique plaisanterie… "
MUSSOLINI, Préface
pour le Prince.
2.
Dans l'État
totalitaire, les trois pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) sont à
la discrétion du chef. Les groupes sociaux, en principe opposés
(prolétariat, patronat) doivent harmoniser leurs aspirations particulières pour
qu'elles concourent toutes au renforcement du pouvoir intérieur et
international de l'État. L'économie (de paix ou de guerre) est et ne peut
être qu'une économie d'État.
3.
En un sens, l'idéologie
fasciste - formée pour l'essentiel entre la fin du 19ème s. et 1914 - est une
dérive de l'idéologie socialiste qui, après révision, n'aura plus rien de
commun avec le socialisme de départ. Les fascistes veulent toujours
l'émancipation du prolétariat et cela ne peut s'obtenir, d'après eux, que par
une victoire totale sur la bourgeoisie ; par la destruction de cette société
bourgeoise et de ses valeurs qu'ils exècrent. La lutte des classes leur
convient parfaitement mais ils constatent que le prolétariat se laisse
corrompre par la bourgeoisie, les réformes sociales, l'extension du droit de
suffrage. Le prolétariat n'est donc pas fondamentalement révolutionnaire. Aussi
les fascistes perdent-ils confiance en lui. Il leur faut désormais un
socialisme différent. Pourquoi pas un socialisme pour toute la nation ?
Pourquoi pas un socialisme qui engloberait aussi les prolétaires, mais pas
seulement eux ? Bref, pas simplement un socialisme anticapitaliste tel que
celui prôné par Marx ( et puis Lénine). Constatant, en effet, que le
capitalisme mène au développement, et ne voulant pas d'un socialisme de misère,
ils le garderont.
" Nous
venons seulement de faire depuis un an la vraie, l’unique, la profonde
révolution. Nous avons enterré le vieil État démocratique, libéral, agnostique
et paralytique, le vieil État qui attendait en hommage aux immortels principes
que la lutte des classes se transformât en une catastrophe sociale. A ce vieil
État que nous avons enterré avec des funérailles de troisième classe, nous
avons substitué l’État corporatif et fasciste, l’État de la société nationale,
l’État qui réunit, contrôle, harmonise et tempère les intérêts de toutes les
classes sociales qui se voient ainsi également protégées (…) et il n’est pas
aujourd’hui un seul Italien travailleur qui ne cherche sa place dans les
corporations, dans les fédérations, qui ne désire être une molécule vivante de
cet immense organisme vivant qu’est l’État national corporatif fasciste (…)
MUSSOLINI, Discours du 4ème
anniversaire de la Marche sur Rome
La
révolution fasciste ne sera donc plus prolétarienne mais nationale, et ne se
fera pas entre fractions opposées de la nation, mais entre nations
révolutionnaires contre nations réactionnaires.
Aussi la guerre, la violence, sont-elles des
préoccupations majeures du fascisme. Pour ses fondateurs, la Première guerre
mondiale a été un magnifique laboratoire où se sont vérifiées les théories de
la mobilisation des nations par les mythes ( relisez les documents 5a et 5b de
Péguy et Chamberlain), et celle du pouvoir fort ; les masses veulent obéir et
la guerre crée l'environnement où peuvent s'exprimer les grandes vertus
humaines et sociales : violence, héroïsme, solidarité, "fraternité des
tranchées".
"Avant tout, le fascisme, en
ce qui concerne d'une manière générale l'avenir et le développement de
l'humanité, - et abstraction faite de toute considération de politique
actuelle, - ne croit ni à la possibilité ni à l'utilité de la paix perpétuelle.
Il repousse le pacifisme, qui cache une fuite devant la lutte et une lâcheté
devant le sacrifice. La guerre seule porte au maximum de tension toutes les
énergies humaines et imprime une marque de noblesse aux peuples qui ont le
courage de l'affronter. Toutes les autres épreuves ne sont que secondaires et
ne placent jamais l'homme en face de lui-même, dans l'alternative de la vie et
de la mort".
MUSSOLINI, La
doctrine du fascisme, 1930
Ainsi peut-on définir plus simplement le
fascisme comme étant une idéologie révolutionnaire et totalitaire, qui
réunit un socialisme fait de violence, d'héroïsme et de solidarité et un
nationalisme considérant la Nation comme un organisme vivant, englobant toutes
les classes, et supérieur aux autres nations.
4. L'État fasciste est anti-individualiste
puisque les nécessités de l'État passent avant celles des individus :
l'homme doit vivre pour l'État et faire abstraction de lui-même. Dans ce
contexte idéologique, l'État fasciste doit donc tout contrôler et tout
organiser : presse, syndicats, production et même vie privée.
"Anti-individualiste, la
conception fasciste est faite pour l'État : elle l'est aussi pour l'individu en
tant qu'il fait corps avec l'État, conscience et volonté universelle de l'homme
dans son existence historique. Le libéralisme met l'État au service de
l'individu... Pour le fascisme, tout est dans l'État, rien d'humain ou de spirituel
n'existe en dehors de l'État. Ni groupements (partis politiques, associations,
syndicats), ni individus en dehors de l'État. Par conséquent, le fascisme est
opposé au socialisme qui rétrécit le mouvement historique au point de le
réduire à la lutte des classes et qui ignore l'unité de l'État qui, lui, fond
les classes en un seul bloc économique et moral. Pour les mêmes raisons, le
fascisme est l'ennemi du syndicalisme...
Le fascisme n'est pas seulement le créateur des lois et le
fondateur des institutions, il est aussi et surtout éducateur et promoteur de
la vie intellectuelle. Il veut renouveler non pas les formes extérieures de la
vie humaine, mais son essence même, l'homme, le caractère, la foi".
MUSSOLINI, La doctrine du fascisme, 1930.
5. L'État fasciste est également antilibéral
puisque le libéralisme signifie la liberté de chaque individu en tant qu'être
autonome et responsable. Or, toute liberté est dans l'État et par l'État,
régulateur de la société. L'individu n'existe pas en tant qu'être ; seule son
appartenance à la masse ou au groupe a une valeur.
6.
L'État fasciste est
nationaliste et anti-intellectuel : chaque nation étant conçue comme
un organisme vivant différent, le nationalisme niera toute morale
universelle, tout droit naturel, et accordera à l'irrationnel ainsi qu'aux
instincts la primauté sur la raison. Par-là s'expliqueront en partie le
culte de la violence et l'anti-intellectualisme des fascistes (" Quand j'entends le mot
"culture", je sors mon revolver "). En Allemagne, nous allons
le voir, le régime national-socialiste d'Hitler organisera d'énormes
destructions de livres par le feu, afin de "purifier" les esprits des
"idioties inutiles et compliquées" qui les pervertissent. Le
nationalisme apportant également au fascisme le culte du pouvoir fort puisque
l'État, émanation de l'unité nationale, doit être fort pour rester un bon
gardien de cette unité.
7.
7. L'État fasciste est
antidémocratique et se caractérise par la haine du parlementarisme et donc
la suppression du pluripartisme, pour le système du parti unique dans lequel
chacun est sensé se retrouver.
" Le fascisme nie que le
nombre, par le seul fait d'être le nombre, puisse diriger la société humaine ;
il nie que ce nombre puisse gouverner au moyen d'une consultation périodique ;
il affirme l'inégalité irrémédiable, féconde et bienfaisante des hommes, qui ne
peuvent devenir égaux par un fait mécanique et extrinsèque tel que le suffrage
universel"
MUSSOLINI, op. cit.
L’inégalité
" irrémédiable, féconde et bienfaisante " des hommes est, de
facto, l’argument principal pour nier la justification du parlementarisme.
Puisque les individus sont inégaux, leur donner les mêmes droits (ici
politiques) relève évidemment de l’idiotie aux yeux des fascistes.
De plus, le parlementarisme est un système
dans lequel personne n'est responsable puisqu'une multitude d'individus sont à
la barre :
" Une majorité
vacillante d'individus peut-elle jamais être rendue responsable ? L'idée de
responsabilité a-t-elle un sens, si elle n'est pas encourue par une personne
déterminée ? Peut-on pratiquement rendre un chef de gouvernement responsable
d'actes dont l'origine et l'accomplissement incombent à la volonté et à
l'inclination d'une multitude d'individus ?".
HITLER, Mein
Kampf.
8.
L'inégalité des
individus explique aussi le culte du chef dans l'État fasciste. Il est celui qui sort du
" troupeau ", celui qui, selon le philosophe allemand
Friedrich Nietzsche (1844-1900) s’est élevé au-dessus de la masse pour devenir
un surhomme, une espèce d’homme-dieu : " Je vous enseigne le Surhomme. L’Homme
est quelque chose qui doit être dépassé ".
F.NIETZSCHE, Ainsi
parlait Zarathoustra.
Le chef devient donc à la fois le
responsable, mais aussi le guide ; celui dont chacun a besoin pour se décharger
des décisions difficiles, et pour se décharger aussi de la réflexion. Le chef
décide seul ; il incarne l'État, agit en son nom, connaît le chemin à suivre
pour mener la Nation vers sa grandeur. Seule la guerre et la domination
des autres Nations permettent à la Nation d'accéder à la grandeur. Seule la
guerre permet à l'individu de faire quelque chose de "valable" de sa
vie en mourant, s'il le faut, pour la grandeur de son pays.
2.
LA GENESE DU TOTALITARISME
Moins de 3 mois après la signature du Traité
de Versailles, dans une brasserie de Munich, se constituait un petit
"Parti des Ouvriers allemands", qui allait ajouter plus tard à son
nom l'étiquette de "national-socialiste". Parmi les membres
fondateurs se trouvait un caporal d'une trentaine d'années, Autrichien d'origine,
qui se nommait Adolf HITLER. On était en septembre 1919. Quelques mois plus
tôt, en Italie, un instituteur déçu par le socialisme, ayant embrassé la
carrière de journaliste, mis sur pied des groupes de combat baptisés "
Fascio di Combattimento " ( Faisceaux de combat ), qui se
multiplièrent tellement, qu'en 1921, cet homme nommé Benito MUSSOLINI put les
réunir en un seul et grand parti : le Parti national fasciste. Dans les deux
cas, les frustrations nées des traités de paix devaient servir de détonateur à
leur ascension.
Si on ajoute à ceux-ci le régime communiste
de LENINE, étudié au chapitre précédent, nous avons trois mouvements
contemporains (1917-1919) qui, sous leurs symboles respectifs - la croix
gammée, les faisceaux, la faucille et le marteau - allaient, au nom du
nationalisme et du socialisme, mener le combat contre les démocraties libérales
capitalistes. Ils se réclamaient tous trois d'une économie étroitement
contrôlée et centralisée ; ils faisaient valoir le caractère unique de leurs destinées
nationales, militaires et idéologiques. Nous ne reviendrons pas sur le régime
bolchevique. Nous nous attacherons à comprendre, pour les deux autres , le
comment et le pourquoi de leur succès.
3.
LA MONTEE DU FASCISME : les origines historiques.
A.
L'Italie
L'Italie
s'était rangée aux côtés des alliés en 1915, moyennant certaines promesses
territoriales, notamment des colonies. Celle-ci ne seront pas tenues : L'Istrie
et le Trentin ne constituent qu'un bien maigre butin pour un pays qui recense 645
000 morts, plus d'un million de blessés ( dont 300 000 mutilés ) et ses riches
provinces du Nord dévastées. Sa dette est colossale et l'Italie souffre en
outre d'un retard industriel grave.
Bref,
au lendemain de la guerre, s'y produit une crise économique dont les
principales victimes sont les anciens combattants qui, revenant de la guerre
sont réduits au chômage, c'est-à-dire à la misère. La monnaie italienne perd
une grande partie de sa valeur ; en un an, la valeur du dollar passe de 8 à 28
lires (ce qui ruine la petite bourgeoisie). Il en résulte une hausse du coût de
la vie et une augmentation du chômage. La faim pousse les paysans à s'emparer
des grandes propriétés et les ouvriers à occuper des usines : l'Italie sombre
ainsi dans une anarchie généralisée (anarkia = absence de commandement).
Voulant
rétablir l'ordre et rendre à l'Italie le prestige d'une grande puissance digne
de la Rome antique, MUSSOLINI (1883-1945) rassemble dans ses " faisceaux
de combat " revêtus de "chemises noires " les mécontents :
anciens combattants, jeunes chômeurs, et petite bourgeoisie ruinée par la
dépréciation de la monnaie. Ils organisent, surtout contre les socialistes, des
expéditions punitives qui sèment la terreur (bastonnades, destruction des
imprimeries, incendie de locaux politiques...) MUSSOLINI élimine ainsi ses
adversaires et reçoit le soutien des milieux industriels qui redoutent
communisme et syndicats.
"Une question que je
n'étais pas le seul à me poser : d'où venait aux chefs du fascisme l'argent
dont ils semblaient abondamment pourvus ? On disait bien que le fascisme tirait
ses principales ressources de la contribution que lui payaient les gros
propriétaires pour être à l'abri des syndicalistes tant communistes que
catholiques. On le disait aussi financé par les grands industriels en vue de
combattre l'ennemi commun : le communisme".
Baron
BEYENS, Quatre ans à Rome, 1921-1926
- Les fascistes contre la grève générale :
"Il paraît que l'Alliance du
Travail entend proclamer aujourd'hui, à partir de minuit, la grève générale
nationale, y compris les services publics... Si dans les quarante-huit heures
après la proclamation de la grève, le Gouvernement n'a pas réussi à la faire
cesser, les fascistes s'en chargeront eux-mêmes directement..."
Circulaire
du Parti national fasciste, 31 juillet 1922.
-Les
fascistes contre les militants ouvriers : témoignage sur l'assassinat du
communiste Valenti, le 12 octobre 1922.
"Garrotté, Valenti avait été
jeté dans une automobile qui filait vers Fossombrone (Ombrie). En route, après
l'avoir abreuvé d'outrages et couvert de crachats, ses tortionnaires lui
coupèrent le nez et les oreilles et le lardèrent de coups de poignard. A
Fossombrone, ils attachèrent leur victime sanglante au garde-boue de
l'automobile et le traînèrent ainsi par les rues désertes, car la population
terrorisée se cachait dans les demeures closes. Les assassins tenaient la
rue... Du local fasciste, l'automobile, remorquant son affreuse charge,
repartit dans les rues et par les routes, changeant d'allure pour varier et prolonger le
plaisir. Ce n'est qu'arrivé au cimetière de Fossombrone que Valenti fut
achevé..."
Cité
d'après Le fascisme italien, dans Textes et documents, n° 23,
Paris, 1965.
Protégés
par les puissants, assurés de l'impunité, ils peuvent, comme nous venons de le
lire, multiplier les violences avant de revendiquer le pouvoir et menacer de
s'en emparer par la force. Après la démonstration de leur puissance lors de la
spectaculaire Marche sur Rome (27-30 octobre 1922), où 40000
Chemises noires défilent militairement, les fascistes contraignent le roi
VICTOR-EMMANUEL III à charger MUSSOLINI de former un gouvernement. Ce dernier
est devenu le Duce, le chef de l'Italie. Il remporte les
élections de 1924 mais, devant une opposition qui reste puissante, il fait
assassiner le socialiste Matteoti avant d'enlever leur mandat parlementaire aux
députés. Il peut dès lors organiser sa dictature.
Le
Duce entend gouverner en maître. Il élimine tous les partis, sauf le sien,
déporte ou assassine les chefs de l'opposition ; abolit le suffrage universel ;
réduit les pouvoirs du roi et du Parlement ; fait des ministres des agents
d'exécution de ses ordres et impose le "salut romain"(bras droit
tendu). Les libertés individuelles sont supprimées et la censure établie.
L'opinion est manipulée par de spectaculaires manifestations de masse et la
milice, la police politique, est organisée afin de tout contrôler.
La
propagande va s'exercer, avant tout, sur les jeunes générations en mettant
l'école au service du fascisme : instituteurs et professeurs doivent être
fidèles au régime et enseigner en chemises noires. Dès l’âge de 4 ans, les
enfants sont incorporés dans des formations à caractère militaire : "les
Fils de la louve" ; sont "balillas" de 8 à 14 ans, reçoivent un
uniforme et un petit fusil ; de 14 à 18 ans, ils sont
"avant-gardistes" avant de devenir, membres des "Jeunesses
fascistes". Quant au peuple, il suivra les mots d'ordre du pouvoir : "Credere, obidere,
combattere"
(croire, obéir, combattre), car "le Duce a toujours raison".
Afin
de résorber le chômage, MUSSOLINI entreprend une politique de grands travaux :
irrigation, assèchement de marais, électrification des chemins de fer,
équipement de centrales électriques, construction d'autoroutes, dégagement du
Colisée ou fouilles à Pompeï afin de ressusciter le passé grandiose de Rome.
L'économie
est totalement dirigée par l'État, dans le but d'isoler l'Italie du reste du
monde par un protectionnisme rigoureux et un frein au départ de ceux qui espèrent
trouver de meilleures conditions de vie ailleurs. En fait, cette politique
basée sur l'autarcie et le dirigisme est peu adaptée à un pays dépourvu de
matières premières et qui cherchera très vite à régler ce problème par la force
(Éthiopie, 1935).
Enfin,
la politique extérieure du régime se caractérise par l'impérialisme. Le Duce
veut rendre la Méditerranée à l'Italie et trouver des territoires où installer
l'excédent de population. Il envahit l'Éthiopie, proie idéale. Pauvre, arriéré,
ce pays où sévissait encore l'esclavage, était bien pourvu en matières
premières et suffisamment éloigné de l'Europe et des intérêts vitaux des
grandes puissances pour qu'aucune d'elles ne songeât à se battre pour lui. En
1939, il s'attaque à l'Albanie. Avant cela, il s'était rapproché d'HITLER et,
pendant la guerre civile en Espagne (1936-1939), il avait apporté son aide au
futur Caudillo, le général FRANCO. Pendant la deuxième guerre mondiale,
croyant imminente la victoire nazie, il se jette sur la France en revendiquant
Nice, la Corse et la Tunisie. Dès l'automne 1940, il se tourne vers la Grèce
pour une campagne qui deviendra vite un désastre. La suite ne sera guère plus
glorieuse, l'Allemagne devant secourir cet allié de plus en plus encombrant
dans les Balkans et en Afrique du Nord.
En juillet 1943, VICTOR-EMMANUEL III fait
arrêter un MUSSOLINI affaibli. Il sera libéré par les Allemands. Début 1945,
quand le front allemand s'effondre en Italie, il tente de fuir vers la Suisse
mais est reconnu par des partisans antifascistes et exécuté sommairement le 28
avril 1945 avec sa compagne Clara Petacci. Leurs corps seront exposés à Milan,
pendus par les pieds à un crochet de boucher.
Il
serait injuste toutefois d'assimiler, malgré ses excès, le fascisme italien au
fascisme allemand (nazisme). Ce n'est qu'après 1938 que le fascisme italien
prit quelques mesures racistes, assez grotesques du reste, dans un pays où la
population juive n'était composée que d'une infime minorité. Et cela encore par
pur rapprochement politique avec le IIIème Reich puisque Mussolini lui-même
s’était bien défendu de s’attaquer aux Juifs par le passé :
" L’antisémitisme
n’existe pas en Italie. Les Juifs italiens se sont toujours bien comportés
comme citoyens et bravement battus comme soldats. Ils occupent des situations
éminentes dans les universités, dans l’armée, dans les banques. Il y en a toute
une série qui sont généraux ".
EMIL LUDWIG, Entretiens
avec Mussolini, p.85, Paris, 1932.
Parallèlement, le fascisme allemand, le
National-socialisme ou nazisme, était inséparable de ses conceptions racistes
et de l'idée de la suprématie de la race germanique.
Lorsque
l'Italie montra la faiblesse de son armée lors de la campagne de Grèce en 1940,
c'est vers l'imitation du "modèle allemand" que les mouvements
fascistes de l'Europe occidentale occupée se tournèrent. Ce fut notamment le
cas en Belgique du mouvement rexiste de Léon DEGRELLE.
B.L'Allemagne
Le Traité de Versailles, nous l'avons vu
précédemment, avait imposé de lourdes indemnités à l'Allemagne. Son potentiel
industriel avait diminué et le Mark commence à s'effondrer dès la guerre
terminée (voir document " valeur du $ en Mark ", Trêve de
20 ans). L'inflation ruine les rentiers, les retraités et la petite bourgeoisie
dont le "bas de laine" a fondu. La misère est partout.
C'est
dans ce climat que la République de Weimar (1919-1933) a succédé à
l'empire autocratique vaincu de Guillaume II (2ème Reich). Ce gouvernement
républicain qui signe le Traité de Versailles doit bientôt faire face à une
situation anarchique.
L'orgueil
national a été bafoué. Les Allemands ne cessent de protester contre le
"Diktat" (paix dictée) de Versailles et supportent mal l'occupation
par la France et la Belgique du bassin minier de la Ruhr en compensation du non-paiement
des "réparations" prévues en 1919 et contestent un régime - fut-il
démocratique - imposé par les vainqueurs. Si encore ce dernier trouvait des
solutions à la crise, à l'inflation, à la misère, au chômage... Mais la
situation est désastreuse : 1 Allemand sur 4 est chômeur en 1923 (et la crise
économique mondiale de 1929-1932 n'arrangera rien). Le Gouvernement est
contesté à gauche par des "disciples" de LENINE qui veulent une
révolution prolétarienne (les Spartakistes de Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBURG)
; à droite par le Parti national-socialiste d'Adolf HITLER dont la formidable
organisation paramilitaire, les sections d'assaut (S.A.
ou Sturmabteilung) bénéficient, comme en Italie, de l'appui de
nombreux banquiers et industriels pour ses positions anticommunistes. Après la
guerre, ces derniers justifieront leur choix de façon assez simple :
"En réponse à la question
de savoir pourquoi ma famille s'est déclarée pour Hitler, j'ai répondu :
l'économie a besoin d'un développement sain et progressif. Les nombreux partis
politiques allemands luttaient entre eux dans le désordre ; une activité
constructive n'était plus possible. Nous autres, hommes de Krupp, ne sommes pas
des idéalistes, mais des réalistes. Nous avions l'impression que Hitler nous donnerait
la possibilité d'un développement sain. Il l'a du reste fait. Auparavant, le
système des partis était chaotique. Hitler avait un plan et il savait agir
(...) L'existence est une lutte pour se maintenir en vie, pour le pain et le
pouvoir (...) Dans cette lutte implacable, nous avions besoin d'être menés par
une main forte et dure. Celle de Hitler l'était. Après les années passées sous
sa conduite, nous nous sentions bien plus à l'aise".
Déposition
de l'industriel Krupp, au procès de Nuremberg.
En
1923, à Munich, HITLER tente un putsch qui échoue et le conduit en prison. Il y
rédigera Mein Kampf (Mon Combat) où est exposée la
doctrine ultra nationaliste et raciste du nazisme.
Libre
moins d'un an plus tard, et comprenant que la lutte ouverte et la violence
devaient, pour être payantes, reposer sur la légalité, il réorganisa son parti
de façon à renforcer son aspect militaire : aux S.A. en chemise brune,
il adjoignit son " échelon de protection " (Schutzstaffel ou S.S.) en uniforme noir. Il sema alors la terreur
politique au moyen d'émeutes et de combats de rues, tout en affirmant
publiquement qu'il ne voulait accéder au pouvoir que par des voies légales.
Hitler
sentait bien que les institutions de la République de Weimar étaient caduques
et que, dans le fond, bien des Allemands attendaient un renouveau total : les
ruinés, les nationalistes dont les cœurs brûlaient d'un désir de revanche après
l'humiliation, le monde économique en général et les industriels de l'acier en
particulier, avides de commandes qui n'arrivent plus ( l'armée allemande à été
limitée en nombre et donc en armement lourd par le Traité de Versailles). Il
joue aussi sur la crainte de la Russie et de "la peste bolchevique" ;
sur l'antisémitisme, qui permet de rendre responsables de tous les maux ceux
qui ne sont pas de "bons Allemands".
Ainsi,
en semant la discorde parmi ses adversaires, et en promettant n'importe quoi à
n'importe qui - sauf aux Juifs et aux communistes - il arriva au pouvoir
notamment grâce à l'argent des industriels, des grands propriétaires terriens,
des nationalistes et même des politiciens conservateurs qui l'aidèrent dans son
ascension en pensant le neutraliser. Ses extraordinaires capacités oratoires
firent le reste :
"Hitler répond aux
vibrations du cœur humain avec la sensibilité d'un sismographe ou peut-être
d'un poste récepteur de radio. On m'a très souvent demandé quel était le secret
de l'extraordinaire pouvoir de Hitler orateur. Je ne peux l'attribuer qu'à son
intuition mystérieuse qui diagnostique de façon infaillible les maux dont
souffrent ses auditeurs. Adolf Hitler pénètre dans une salle, respire
l'atmosphère. Pendant une minute, il tâtonne, cherche son chemin, se pénètre de
cette atmosphère. Et soudain, il éclate. Ses mots frappent leur cible comme
autant de flèches, il retourne le couteau dans chaque plaie, libère le
subconscient de la masse, exprime ses aspirations les plus profondes, lui dit ce qu'elle
désire le plus entendre.
Le lendemain, ce n'est plus
devant de braves petits bourgeois, mais devant des industriels qu'il prend la
parole. Même incertitude au début... Mais un éclair illumine ses yeux : il a
senti. L'effort de l'individu régénère les nations, seul l'individu compte, la
masse est aveugle et stupide ; chacun de nous est un chef et l'Allemagne est
faite de ces chefs...
Il est tombé juste ;
les industriels pensent, crient, jurent qu'Hitler est leur homme".
Otto
STRASSER, Hitler et moi.
Bref, les conservateurs persuadèrent le
vieux président HINDENBURG de le désigner comme chancelier, le 30 janvier
1933.
A
partir de ce moment, Hitler allait agir à une vitesse éclair et d'une façon
implacable. Quatre semaines après sa désignation comme chancelier, il fait
incendier le Parlement allemand ( le Reichstag ) avant d'en accuser les
communistes. Criant au danger, il se donna un prétexte pour réclamer plus de
pouvoir afin de réprimer leurs excès. Il put ainsi, par un décret, étrangler
littéralement les libertés que garantissait la Constitution de Weimar ;
libertés de presse et de réunion, respect de la personne humaine et de la
propriété privée...
"Les restrictions à la
liberté personnelle, au droit de la libre expression des opinions, y compris la
liberté de la presse ; les restrictions sur les droits d'assemblées et d'associations ; les violations du secret des
communications postales, télégraphiques et téléphoniques ; les mandats de
perquisition, les ordonnances de confiscations aussi bien que les restrictions
sur la propriété sont également autorisés au-delà des limites légales autrement
prévues".
Décret pour la
protection du peuple et de l'État, signé par le Président Hindenburg à la
demande d'Hitler, le 28 février 1933 ( lendemain de l'incendie du Reichstag).
En
1934, à la mort d'HINDENBURG, grâce à l'appui d'une majorité écrasante de
députés, il put réunir à la fois les fonctions de chancelier et de président et
devenir Reichsführer, c'est-à-dire le "guide" d'un
nouvel État : le IIIè Reich. HITLER est ainsi devenu légalement dictateur. Une
formidable machine de propagande orchestrée par GOEBBELS permit au pouvoir de
faire croire tout ce qu'il désirait à une population "hypnotisée" :
"La faculté
d'assimilation de la grande masse n'est que très restreinte, son entendement
petit ; par contre, son manque de mémoire est grand. Donc toute propagande
efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à
coup de formules stéréotypées... La masse n'ouvrira sa mémoire qu'après la
répétition mille fois renouvelée des notions les plus simples...
Si vous mentez, que vos
mensonges soient énormes... Du plus grand des mensonges, l'on croit toujours
une certaine partie..."
HITLER,
Mein Kampf.
"La dictature de Hitler
se distinguait, par un trait fondamental, de tous les précédents historiques.
C'était la première dictature d'un État industriel dans cette époque de
technique moderne ; une dictature qui se servait à la perfection, pour la
domination de son propre peuple, des moyens techniques. C'est par les moyens de
la technique, tels que la radio et les haut-parleurs, qu'on ôta à 80 000000
d'hommes l'indépendance de la pensée. C'est ainsi qu'ils purent être soumis à
la volonté d'un seul individu".
Déclaration
du ministre du Reich, A. SPEER, procès de Nuremberg, le 31 août 1946.
4.
LA DOCTRINE D’HITLER
Elle est exposée dans son livre Mein
Kampf qui devint la Bible du mouvement National-socialiste ( Nazi ).
Elle repose notamment sur les théories raciales de Gobineau et la notion de
"Surhomme" que l'on trouve chez Nietzsche. La spiritualité y est même
présente à certains moments.
Elle
est raciste : selon lui, les Aryens (Indo-européens, population de
l'Antiquité dont sont issus les Grecs, les Slaves, les Celtes, les Latins et
les Germains) sont les meilleurs représentants de la race blanche. Une hiérarchie
existe toutefois puisque les Germains en sont les "seigneurs". Il
faut par contre persécuter les éléments qui menacent la pureté aryenne et en
particulier les Juifs (de race sémite), rendus responsables de tous les maux.
Dès 1935, les Lois de Nuremberg retirent aux Juifs leur citoyenneté
allemande et interdisent les unions avec des Aryens. Les avocats, médecins…
juifs sont boycottés, de même que les magasins qui leur appartiennent. En
novembre 1938, Goebbels organise un vaste pogrom connu sous le nom de
" Nuit de Cristal ". Des synagogues sont
incendiées, des magasins détruits et pillés et 30000 Juifs sont arrêtés et
internés dans des camps de concentration. Bref, après une série de mesures
vexatoires qui en feront des citoyens de seconde zone, on procédera à leur
élimination pure et simple.
" Je vous
demande avec insistance d’écouter simplement ce que je dis ici en petit comité
et de ne jamais en parler. La question suivante nous a été posée :
" Que fait-on des femmes et des enfants ? " Je me suis
décidé et j’ai trouvé là aussi une solution évidente. Je ne me sentais pas en
droit d’exterminer les hommes – dites, si vous voulez, de les tuer ou de les
faire tuer – et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos
enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire
disparaître ce peuple de la terre… "
Discours
prononcé par Himmler à Posen, 6 octobre 1943
Des camps d'extermination seront équipés de
chambres à gaz et de fours crématoires pour les anéantir. On évalue à près de 6
millions le nombre de Juifs assassinés par des nazis dont l'objectif est
l'extermination pure et simple de la race juive en Europe ( la Solution
finale ).
"Ainsi donc le but
suprême de l'État racial doit être de conserver avec vigilance ces éléments
primitifs de la Race d'où émane la culture, et qui confèrent beauté et dignité
à une humanité supérieure..., créer des êtres à l'image du Seigneur et non des
monstres qui tiennent le milieu entre l'homme et le singe..."
Hitler, Mein Kampf.
"5 à 10 % de la
population, l'élite, doivent régner. Le reste doit obéir et travailler (...) La
sélection de la nouvelle aristocratie est assurée par les S.S. (...), par l'élimination de tous les inférieurs sur le plan racial
biologique, et par la liquidation de tous les adversaires politiques
irréductibles, de ceux qui se refusent à accepter l'État national-socialiste.
Cette voie nous permettra de dicter à l'Europe la loi d'Adolf Hitler, d'arrêter
ainsi le déclin du continent et d'assurer la véritable communauté des peuples,
avec à sa tête l'Allemagne".
KOGON,
l'État S.S.
"De même que la nuit
s'oppose au jour et que l'ombre et la lumière sont des adversaires perpétuels,
de même le pire ennemi de l'homme dominant la terre, c'est le sous-homme... Le
sous-homme n'a jamais respecté la paix, il n'a jamais laissé les autres
tranquilles. Car il avait besoin de la pénombre et du chaos. Il craignait la
lumière du progrès. Pour sa conservation, il lui fallait la gadoue, l'enfer et
non pas le soleil. Et ce monde ignoble de sous-homme trouva son chef : le JUIF
!"
Manifeste
émanant de la Centrale S.S.
"Le manifeste que le
parti national-socialiste a publié prescrit un boycottage systématique,
organisé dans tous ses détails, des commerçants, des médecins et des avocats
juifs... Sans doute, le document proscrit les sévices contre les personnes mais
(...) elles (les mesures) aboutissent à condamner ces centaines de milliers
d'hommes, de femmes et d'enfants à mourir de faim..."
Extrait
du journal Le Progrès du 30 mars 1933
"Pénétré de la conscience
que la pureté du sang allemand est la prémisse de la perpétuation du peuple
allemand, et inspiré de la volonté indomptable d'assurer l'avenir de la nation
allemande, le Reichstag a adopté à l'unanimité la loi suivante, qui est
proclamée par les présentes :
§1. Les mariages
entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé sont interdits.
§2. Le rapport extra
marital entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé est interdit...
Tout contrevenant
sera puni de travaux forcés".
Extraits
des Lois de Nuremberg, 15 septembre 1935.
"En
1940, je fus nommé commandant à Auschwitz. J'ai dirigé ce camp jusqu'au 1er
décembre 1943 et j'estime qu'au moins deux millions cinq cent mille victimes
furent exterminées par les gaz puis incinérées ; un demi million au moins
moururent de faim ou de maladie, ce qui fait un chiffre total de trois millions
de morts. Parmi les gazés et incinérés, se trouvaient environ vingt mille
prisonniers de guerre russes. Le reste des victimes comprenait environ cent
mille Juifs allemands et un très grand nombre de Juifs de Hollande, de
Belgique, de France, de Pologne, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Grèce et
autres pays. Dans le seul été 1943, quatre cent mille Juifs hongrois furent
exécutés..."
Déposition de Rudolf
Hösz, procès des criminels de guerre, Nuremberg, 1945-1946
Voici
la liste des principaux camps de concentration (camps de travail où on meurt
d'épuisement et de maladies et camps d'extermination) et les chiffres
approximatifs des victimes :
AUSCHWITZ..............................:.............
+ de 2000000 morts
MAJDANEK-LUBLIN.................................
XXXXmorts TREBLINKA.....................................................800000
morts
BELZEC...........................................................
600000 morts CHELMNO.......................................................200000
morts
SOBIBOR.........................................................150000
morts
MAUTHAUSEN...............................................122800
morts
SACHSENHAUSEN........................................100000
morts
RAVENSBRUCK.............................................
.92000 morts
NEUENGAMME................................................82000
morts
STUTTHOF........................................................80000
morts
FLOSSENBURG................................................73300
morts
TEREZIN............................................................58000
morts
BUCHENWALD...................................... 56000 morts BERGEN-BELSEN............................................
48000 morts
DACHAU............................................................32000
morts
"L'épaisse
fumée bleue des incendies flottait au-dessus des bois de sapins le long de la
route de Winsen à Belsen. Dans les champs, le blé vert avait une senteur de
printemps et les herbes qui se consumaient lentement dans les bois de sapins
dégageaient un parfum agréable. En respirant à plein poumons, on sentait
sourdre en soi la jeunesse et la joie de vivre. Puis, soudain, une nouvelle
odeur s'insinuait dans les narines. Cela sentait la mort. C'était la puanteur
qui nous parvenait du grand charnier, pour nous rappeler - et cette fois sans
possibilité de l'ignorer ou de l'oublier - l'horrible crime commis par Hitler
et les nazis contre le genre humain, contre le fondement même de la vie et de
la foi...
Je n'oublierai jamais l'horreur de ce
que j'allais découvrir pas à pas. A première vue, cela ressemblait, en pis, à
un énorme camp de baraques parsemées de miradors en bois. Dissimulé dans la
pinède, ce camp immense était divisé en enclos entourés de fils de fer barbelés
et contenant chacun une trentaine de longues baraques qui pouvaient loger,
selon les normes militaires, quelque cinquante personnes. Les occupants, des
hommes, des femmes et des enfants, y étaient récemment arrivés. pour la
première fois depuis des jours il y avait de l'eau dans le camp, et pour la
première fois depuis des semaines, ces gens se lavaient et lessivaient leurs
vêtements. Le plus étrange, c'est que ça et là des hommes et des femmes se
soulageaient - n'importe où, à l'endroit où ils se trouvaient. Il n'y avait pas
d'installations sanitaires dans cet enfer perdu dans les bois.
J'eus alors devant les yeux l'image de
la lente destruction d'êtres humains, qui, après avoir été dépouillés de toute
dignité et abaissés au rang des bêtes, mouraient à l'état d'épaves. Cet enfer, qui dépassait les plus hallucinantes
descriptions de Dante, contenait quelque 60000 âmes. Des âmes ! Pouvait-on appeler ainsi ces
tragiques créatures de l'espèce humaine qui pourrissaient dans leurs propres
excréments, ces choses qui avaient été des hommes et qu'on avait réduit à
l'état de squelettes, par une famine lente et délibérée, non sans les avoir
préalablement dépouillés de tout reste de dignité humaine, si bien qu'en
réalité, ils étaient déjà morts avant de mourir. Des cadavres gisaient près des
fils de fer barbelés, couverts de lambeaux, ou complètement nus, des hommes,
des femmes et des enfants, véritables déchets de l'espèce humaine, presque
méconnaissables. Et pourtant il n'y avait qu'une heure qu'ils étaient morts...
Ils s'étaient couchés
et ils étaient morts. En s'enfonçant dans le camp, c'étaient des monceaux de
cadavres qu'on trouvait, en tas bien faits. Des cadavres aux membres
grotesques, entassés dans des positions terribles. Un petit chariot était
chargé d'une douzaine de corps de femmes et d'enfants, la peau du visage tendue
sur le crâne, comme du parchemin. Ils venaient de mourir. Une jambe portait un
bas brun, qu'une petite jarretière noire de moins de 10 centimètres de diamètre
ne parvenait pas à serrer. Une auréole de cheveux roux cernait le visage mort
d'une femme qui fixait le ciel bleu sans plus le voir. Le monde normal était
loin. L'horreur en elle-même ne signifie pas grand chose pour un individu.
Cette femme avait une vie, un but, elle était aimée de quelqu'un. Maintenant,
il y avait morts par centaines, des morts, des vivants et des demi vivants. Les morts en petits tas de trois
ou quatre à l'ombre des sapins, les mourants sur le bord de la route dans des
attitudes de dormeurs, certains s'éteignant tranquillement, d'autres s'asseyant
brusquement et parlant précipitamment. Ici, une femme était assise ; ses yeux
ronds rentraient profondément dans leurs orbites. Une femme plus jeune essayait
d'arrêter son babillage. Elle parlait comme un enfant dont elle n'était que la
grotesque caricature. Celui qui n'aurait pas été au courant, aurait pu croire
qu'elle réclamait un jouet, mais c'était la mort qu'elle implorait...
Et lentement, l’aumônier m'entraîna vers le grand
cimetière où nos soldats étaient en train de creuser des fosses au bulldozer
pour y enterrer tous les morts, toutes ces épaves humaines en train de se
décomposer, qu'Adolf Hitler et ceux de sa race avaient lentement, délibérément
réduits à cet état. Jour et nuit, un gros camion avec des remorques charria des
cargaisons de corps. Restez un moment avec moi au bord de cette fosse emplie de
cadavres. C'est mon affaire, c'est votre affaire, c'est l'affaire du monde
entier. La fosse a 10 mètres de profondeur, mais cela ne peut pas se voir parce
qu'elle est remplie de corps humains, déversés n'importe comment, enlacés dans
la mort... Il y a des filles, des garçons, des hommes, des femmes, nus ou à
moitié nus, placés dans tous les sens, de toutes les façons, les uns fixant le
ciel, d'autres ayant la tête enfouie dans des débris humains. A l'autre bout de
la clairière sablonneuse se dresse le four crématoire, mais le pétrole a manqué. Un rapport
approximatif du responsable des incinérations signale la destruction de 17000
corps le mois dernier. Il paraît que les prisonniers étaient assommés avant
d'être jetés au four, car il y avait si peu de différence entre les morts et
les mourants. On ne pouvait même pas voir la différence sur les visages...
L'Allemagne m'était devenue un objet
d'horreur. Je la haïssais jusqu'à l'obsession... Il m'était difficile de parler
à un Allemand quel qu'il soit. Je circulais parmi les civils ou les prisonniers
comme s'ils n'étaient pas là, sentant une sorte de mur de flammes entre eux et moi...
L'horreur m'avait transformé. Ma conception de la vie avait changé - j'en avais
la révélation - et toutes mes idées en matières sociale, politique et
économique s'étaient cristallisées. Je suis devenu un pur idéaliste. J'ai
renoncé à tous les "ismes". J'ai foi en l'esprit humain, et je crois
que ce n'est qu'en améliorant le cœur des hommes que la civilisation pourra
être sauvée.
Car, s'il est vrai que ce sont les
Allemands qui ont fait cela, il n'y a pas que les Allemands qui sont capables
de le faire. Des prisonniers l'ont fait à d'autres prisonniers. L'espèce
humaine peut faire cela à l'espèce humaine".
R.W.
THOMPSON, Men Under Fire, et son article au Sunday Times, le 19
avril 1945.
Elle
est nationaliste : selon HITLER, l'Allemagne est peuplée des Aryens les
plus purs ; les Allemands sont donc des " hommes supérieurs "
destinés à devenir les "maîtres du monde ". Le peuple allemand,
" race de seigneurs " a le droit d'étendre son " espace vital
" au détriment des peuples inférieurs ( principalement les Slaves ).
"Réduire l'ensemble de
l'économie polonaise au minimum absolument
indispensable à la
simple survie de la population, et fermer toutes les institutions culturelles,
en particulier les écoles et les collèges techniques, afin d'empêcher la
formation d'une nouvelle élite polonaise. La Pologne sera traitée comme une
colonie ; les Polonais deviendront les esclaves du Grand Reich Allemand ".
FRANK,
gouverneur général de la Pologne, 1939.
"Il doit y avoir
une règle absolue pour les SS : être honnêtes, corrects, loyaux et amicaux
entre les membres de notre propre race et envers personne d’autre. Ce qui peut
arriver à un Russe ou à un Tchèque ne m'intéresse pas le moins du monde. Nous
prendrons dans ces nations ce qu'elles peuvent offrir de sang pur en leur
enlevant, si besoin est, leurs enfants et en les élevant chez nous. Que ces
peuples soient prospères ou meurent de faim ne m'intéresse que dans la mesure
où nous avons besoin d'eux comme esclaves de notre Kultur : en dehors de
cela, je ne m'en soucie aucunement. Peu importe que 10000 femmes russes tombent
d'épuisement en creusant un fossé antichar pourvu que ce fossé soit terminé.
Nous ne seront jamais brutaux et insensibles lorsque cela ne sera pas
indispensable, c’est évident. Nous, Allemands, qui sommes les seuls au monde à avoir une attitude correcte
envers les animaux, nous aurons également une attitude correcte envers ces
animaux humains. Mais ce serait un crime contre notre race de nous soucier
d’eux et de leur donner un idéal, car nos fils et nos petits-fils auraient
encore plus de difficultés avec eux. (…)
Si quelqu’un vient
vers moi pour me dire : " Je ne peux pas faire construire le
fossé antichars par des enfants ou des femmes. Cela est inhumain, car ils
mourront ", je dois lui répondre : " Tu es un assassin pour ceux de ta
race, car si le fossé n’est pas construit, des soldats allemands mourront et ce
sont des fils de mères allemandes. Ils sont de notre race ". C’est ce que je voudrais
inculquer à chaque SS, et – comme je le crois
– ce que j’ai inculqué comme un des lois les plus sacrées de l’avenir :
Notre souci, notre devoir, c’est notre peuple, c’est notre race ".
HIMMLER
aux officiers S.S., 1943.
Par ailleurs,
tous ceux qui sont de sang allemand doivent se retrouver unis dans une grande
nation allemande (théorie du Deutschtum) :
"
1. Nous demandons la réunion de tous les Allemands en une Grande Allemagne,
conformément au droit des peuples à disposer librement d'eux-mêmes.
2. Nous réclamons l'égalité des droits pour le peuple allemand
vis-à-vis des autres nations, et l'annulation des traités de Versailles et de
Saint-Germain.
1.
Nous
réclamons des terres et du sol (colonies) pour nourrir notre peuple et établir
notre excédent de population ".
Programme du
N.S.D.A.P. (Parti
National-Socialiste des Travailleurs Allemands), 24 février 1920.
Elle est totalitaire : comme en
Italie, toutes les forces de la Nation doivent être soumises à l'État. Il ne
peut y avoir qu'une seule opinion, qu'un seul parti politique. Il faut donc
éliminer les socialistes et les communistes, " responsables " de la
défaite de 1918. La grève est interdite, les syndicats dissous.
"
Le Parti National- Socialiste des Travailleurs Allemands (N.S.D.A.P.)
constitue le seul parti politique d'Allemagne. Quiconque entreprend de
maintenir la structure d'un autre parti politique ou de former un autre parti
politique, sera puni d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de travaux
forcés ou de six mois à trois ans de prison ; si le crime n'est pas passible
d'un châtiment plus grave aux termes d'autres règlements"
Loi
du 14 juillet 1934.
Elle
est dictatoriale : pour veiller à la pureté de la race, pour faire du
peuple allemand un peuple de seigneurs, pour diriger le parti nazi, il faut un
chef, un guide, un führer : " Ein Volk, ein Reich, ein Führer " ( un peuple, un empire, un chef ). La volonté
d'Adolf HITLER sera transmise à une pyramide de chefs dans laquelle chacun est
lié à ses supérieurs et au Führer par une soumission volontaire et un
dévouement absolu. Le Führer se déclare également chef suprême de l'armée :
c'est à lui, et non au drapeau ou à la Nation que les soldats prêtent le
serment de fidélité.
Serment du S.S. : "
A toi, Adolf Hitler, Führer et chancelier du Reich, je prête serment de
fidélité et de courage. Je te jure, à toi et aux chefs par toi désignés,
obéissance jusqu'à la mort. Que Dieu me soit témoin ! "
Cité
in J.LEFEVRE et J. GEORGES, Les temps contemporains vus par leurs témoins,
doc.119, p. 82, Casterman, 1973.
"Lorsqu'une
décision doit être prise, nous ne comptons pas plus que le sol sur lequel nous
nous trouvons. C'est le Führer et le Führer seul qui décide".
Déclaration
du ministre allemand Göring à l'ambassadeur d'Angleterre.
5.
LA DICTATURE D'HITLER
Avec ses pleins pouvoirs, Hitler supprime
toutes les autres formations politiques ; il impose aux Allemands son emblème,
un symbole religieux hindou en forme de croix aux branches coudées, la
Svastika (croix gammée) ; son drapeau et le salut hitlérien (bras levé)
accompagné du " Heil Hitler " pour remplacer les formules de
politesse traditionnelles. La Gestapo (police secrète) et les S.S.
enserrent tous les Allemands dans un réseau de suspicion et d'oppression
généralisées : la peur devient le moyen le plus efficace de gouvernement.
Dès
l'année de son arrivée au pouvoir, le Führer fait créer les premiers camps de
concentration et y autorise la détention sans jugement (Dachau, près de Munich,
dès mars 1933). Les premières victimes en sont des Allemands
"ennemis" du régime (socialistes, communistes, libéraux, anarchistes,
intellectuels...) et des gens" hors normes ", tels les condamnés de
droit commun, les Témoins de Jéhovah et les homosexuels.
Le
Reichstag n'est plus convoqué que pour écouter les discours du chef.
Celui-ci gouverne avec l'aide de collaborateurs, comme GOERING (président du Reichstag
et ministre de l'aviation), GOEBBELS (ministre de la propagande) et HIMMLER
(chef des S.S.et de toutes les polices). Le ministère de la
propagande contrôle la littérature, la presse, la radio, le théâtre, la musique
et les beaux-arts. L'uniformisation de l'opinion s'achève par la mainmise sur
l'enseignement. Les bibliothèques sont épurées des auteurs juifs ou marxistes
(avec autodafés des livres interdits).
"Hier soir, devant
l'Université de Berlin, sous la présidence de M. Goebbels, ministre du Reich,
et en présence d'une foule nombreuse qui chantait le Deutschland über alles et l'hymne raciste Horst Wessel, les
étudiants ont fait un autodafé monstre d'environ vingt mille volumes
d'écrivains les plus divers. Ces ouvrages, enlevés dans plusieurs bibliothèques
avec l'approbation du ministre de l'Éducation et des Cultes, avaient été
déclarés contraires à l'esprit allemand régénéré et, par conséquent funestes..."
Extrait
de journal, le 12 mai 1933.
Parallèlement,
tout comme en Italie, la jeunesse est contrôlée dans des organisations (les
Jeunesses hitlériennes) où on inculque l'obéissance au Führer, la supériorité de
la Nation allemande, la haine des races " inférieures "et la notion
du "Surhomme" ou de "l'Homme-Dieu" si chère au philosophe
allemand Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) :
"Ma pédagogie
est dure. La faiblesse doit être chassée à coups de fouet. Dans mes séminaires
grandira une jeunesse qui effraiera le monde. Je veux une jeunesse brutale,
impérieuse, impavide et cruelle. La jeunesse doit être tout cela. Elle doit
supporter la souffrance. Il ne doit y avoir en elle rien de faible ou de
tendre. Le fauve libre et magnifique doit à nouveau briller dans ses yeux.
Forte et belle : voilà comme je veux ma jeunesse. Elle pratiquera tous les
exercices physiques. Je veux une jeunesse athlétique, c'est la première chose,
et la plus importante. C'est ainsi que j'effacerai des millénaires de
domestication humaine. Ainsi j'aurai devant moi le fruit pur et noble de la
nature. Ainsi je pourrai créer du nouveau. Je ne veux pas d'éducation
intellectuelle. La science corromprait ma jeunesse. Ce que je préférerais,
c'est qu'elle n'apprenne que ce qu'elle s'appropriera volontairement en
pratiquant une activité de jeu. Mais elle doit apprendre à se dominer. Je veux
qu'elle apprenne à vaincre, dans les plus rudes épreuves, la crainte de la
mort. C'est là le stade de la jeunesse héroïque. D'elle sortira l'homme libre,
mesure et centre du monde, l'homme-créateur, l'homme-Dieu. Dans mes séminaires,
il y aura comme image du culte l'homme beau et maître de lui, et il préparera
la jeunesse au stade ultérieur, celui de la maturité virile..."
H.
RAUSCHNING, Conversation avec Hitler. Cité d'après P. MILZA, Fascismes
et idéologies réactionnaires en Europe (1919-1945), dossier "sciences
humaines" n°9, pp. 38-39, Paris, 1969.
"L'État national doit, en première ligne, orienter son effort
pédagogique, non vers la simple absorption de connaissances, mais vers
l'élevage de corps foncièrement sains...
Le couronnement de tout le
travail de formation et d'éducation de l'État national ne peut être que
l'impression, au fer rouge, dans les cœurs et dans le cerveau de la jeunesse
qui lui est confiée, de l'esprit de race et du sentiment de race en s'adressant
à la fois à l'instinct et à l'intelligence".
HITLER,
Mein Kampf.
D'un point de vue économique, le nazisme est
fidèle aux grands principes de l'idéologie fasciste : autarcie, dirigisme
économique, augmentation des rendements, grands travaux, armement massif.
Hitler réussit à redresser artificiellement l'économie en résorbant l'énorme
chômage allemand ; mais les caisses sont vides et les industriels attendent
encore des commandes. La guerre servira d'écran de fumée devant les problèmes
financiers et contentera les industriels avides de bénéfices.
6.
LES INFRACTIONS A LA PAIX
Peu après son arrivée au pouvoir, HITLER
montre déjà clairement son agressivité. Il rétablit le service militaire
obligatoire et remilitarise la Rhénanie contrairement aux stipulations de la
paix. En 1925 avaient été signés les Accords de Locarno ( Tessin, Suisse
) entre la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie.
Ceux-ci, en reconnaissant les frontières des pays signataires, assuraient une
paix durable en Europe. Un système d’arbitrage devant régler les éventuels
conflits. Grâce à sa bonne volonté, l'Allemagne put devenir membre de la
Société des Nations. HITLER fera sortir son pays de la S.D.N avant de dénoncer
le pacte de Locarno. Il se rapproche de MUSSOLINI : les deux États totalitaires
seront associés dans l'aide au général FRANCO en Espagne. En 1936, Cet axe
Rome-Berlin sera renforcé par le pacte antikomintern (contre
l'Internationale communiste) signé avec le Japon.
Une
série d'agressions, conformes au plan d'unification de la "communauté
germanique" (Deutschtum) commence. L'Autriche, pays natal du
Führer, ( dont le chancelier DOLFUSS est assassiné par les nazis dès
1934 ) est annexée au Reich en mars 1938 (= l'Anschluss).
La même année, la population germanique des Sudètes (3 millions), enlevée à la
Tchécoslovaquie, est rattachée au "Grand Reich allemand". Aux fameux Accords
de Munich (29-30 septembre 1938), les démocraties, représentées par la
France de DALADIER et la Grande-Bretagne de CHAMBERLAIN crûrent éviter la
guerre en acceptant les exigences allemandes. Elles encouragèrent en fait
HITLER dans sa politique d'expansion. Déjà, elles avaient permis à HITLER
d'occuper la Rhénanie, laissé à MUSSOLINI les mains libres en Éthiopie,
abandonné les républicains espagnols à leur sort face à FRANCO, ou encore fermé
les yeux sur l'Autriche. Ici, elles abandonnèrent une démocratie alliée tout en
se mettant à dos l'U.R.S.S. exclue des débats. Moins d'un mois après Munich, la
Tchécoslovaquie était envahie, sans un seul coup de feu. Dans la lignée,
MUSSOLINI envahit l'Albanie en avril 1939 et l'allié japonais, qui a également
quitté la S.D.N. occupe la Chine.
Décidé
à régler le sort de la Pologne, née en partie sur les cendres de l'ancien
empire allemand, HITLER réussit à signer avec l'U.R.S.S. de STALINE un pacte de
non-agression (Pacte germano-soviétique)afin d'éviter de devoir
éventuellement se battre sur deux fronts. Afin de "neutraliser" les
Soviétiques, il était prévu d'envahir la Pologne et de leur en céder une partie
tout en reconnaissant l'appartenance de certaines terres à la
"sphère" soviétique (notamment la Finlande, l'Estonie et la
Lettonie). Les nazis se réservant le reste de la Pologne, la Lituanie et
la Roumanie (23 août 1939).
Cette
guerre par fragments n'était que le prélude d'un conflit universel, déchaîné
par l'ambition d'hégémonie des régimes fascistes en général, du
national-socialisme hitlérien en particulier.
Le
1er septembre 1939, l'armée allemande (la Wehrmacht) pénètre en
Pologne sans déclaration de guerre. Les parachutistes, les tanks, l'infanterie
motorisée étaient couverts par une aviation (Luftwaffe) détruisant voies
de communication, aérodromes et avions, avant même qu'ils ne décollent. C'est
la furieuse guerre-éclair des nazis : la Blitzkrieg. Tout
est fini en quelques jours.
HITLER
espéra, une nouvelle fois, que les pays occidentaux s'inclineraient devant son
coup de force. Mais dès le 3 septembre, la Grande-Bretagne et la France lui
déclarent la guerre. La seconde guerre mondiale est commencée.
Lorsque
cinq ans plus tard, on jugea les criminels nazis au Procès de Nuremberg, ils se
déclarèrent tous innocents. Ils avaient simplement "obéi au chef"...
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