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Niveau Première, histoire, cours

LE FASCISME

Par Jean-Marie frissen


1. DEFINITIONS

           

1.      L'État fasciste est totalitaire : il réclame de l'individu l'abandon de tous ses droits. L'individu n'est qu'une partie d'un tout. Le tout est dans l'État qui prend un caractère mystique. Cet État est conduit par le chef (Führer en Allemagne ; Duce en Italie ; Caudillo en Espagne) de qui émanent tous les pouvoirs et qui détermine les relations politiques, économiques et sociales des individus :

" l’État n’entend pas abdiquer devant qui que ce soit ; quiconque se dresse contre l’État sera puni ; ce rappel s’adresse explicitement à tous les citoyens et je suis persuadé qu’il sonne d’une façon particulièrement agréable aux oreilles des fascistes qui ont lutté pour avoir un État s’imposant à tous (je dis à tous) … "

            MUSSOLINI le 16 novembre 1922 (Discours à la Chambre).

 

La notion démocratique d'un pouvoir issu de la masse et délégué à ses représentants disparaît.

" Le qualificatif de souverain, appliqué au peuple, est une tragique plaisanterie… "

                                   MUSSOLINI, Préface pour le Prince.

 

2.      Dans l'État totalitaire, les trois pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) sont à la discrétion du chef. Les groupes sociaux, en principe opposés (prolétariat, patronat) doivent harmoniser leurs aspirations particulières pour qu'elles concourent toutes au renforcement du pouvoir intérieur et international de l'État. L'économie (de paix ou de guerre) est et ne peut être qu'une économie d'État.

 

3.      En un sens, l'idéologie fasciste - formée pour l'essentiel entre la fin du 19ème s. et 1914 - est une dérive de l'idéologie socialiste qui, après révision, n'aura plus rien de commun avec le socialisme de départ. Les fascistes veulent toujours l'émancipation du prolétariat et cela ne peut s'obtenir, d'après eux, que par une victoire totale sur la bourgeoisie ; par la destruction de cette société bourgeoise et de ses valeurs qu'ils exècrent. La lutte des classes leur convient parfaitement mais ils constatent que le prolétariat se laisse corrompre par la bourgeoisie, les réformes sociales, l'extension du droit de suffrage. Le prolétariat n'est donc pas fondamentalement révolutionnaire. Aussi les fascistes perdent-ils confiance en lui. Il leur faut désormais un socialisme différent. Pourquoi pas un socialisme pour toute la nation ? Pourquoi pas un socialisme qui engloberait aussi les prolétaires, mais pas seulement eux ? Bref, pas simplement un socialisme anticapitaliste tel que celui prôné par Marx ( et puis Lénine). Constatant, en effet, que le capitalisme mène au développement, et ne voulant pas d'un socialisme de misère, ils le garderont.

" Nous venons seulement de faire depuis un an la vraie, l’unique, la profonde révolution. Nous avons enterré le vieil État démocratique, libéral, agnostique et paralytique, le vieil État qui attendait en hommage aux immortels principes que la lutte des classes se transformât en une catastrophe sociale. A ce vieil État que nous avons enterré avec des funérailles de troisième classe, nous avons substitué l’État corporatif et fasciste, l’État de la société nationale, l’État qui réunit, contrôle, harmonise et tempère les intérêts de toutes les classes sociales qui se voient ainsi également protégées (…) et il n’est pas aujourd’hui un seul Italien travailleur qui ne cherche sa place dans les corporations, dans les fédérations, qui ne désire être une molécule vivante de cet immense organisme vivant qu’est l’État national corporatif fasciste (…)

           MUSSOLINI, Discours du 4ème anniversaire de la Marche sur Rome

 

            La révolution fasciste ne sera donc plus prolétarienne mais nationale, et ne se fera pas entre fractions opposées de la nation, mais entre nations révolutionnaires contre nations réactionnaires.

 

Aussi la guerre, la violence, sont-elles des préoccupations majeures du fascisme. Pour ses fondateurs, la Première guerre mondiale a été un magnifique laboratoire où se sont vérifiées les théories de la mobilisation des nations par les mythes ( relisez les documents 5a et 5b de Péguy et Chamberlain), et celle du pouvoir fort ; les masses veulent obéir et la guerre crée l'environnement où peuvent s'exprimer les grandes vertus humaines et sociales : violence, héroïsme, solidarité, "fraternité des tranchées".

 

                   "Avant tout, le fascisme, en ce qui concerne d'une manière générale l'avenir et le développement de l'humanité, - et abstraction faite de toute considération de politique actuelle, - ne croit ni à la possibilité ni à l'utilité de la paix perpétuelle. Il repousse le pacifisme, qui cache une fuite devant la lutte et une lâcheté devant le sacrifice. La guerre seule porte au maximum de tension toutes les énergies humaines et imprime une marque de noblesse aux peuples qui ont le courage de l'affronter. Toutes les autres épreuves ne sont que secondaires et ne placent jamais l'homme en face de lui-même, dans l'alternative de la vie et de la mort".

MUSSOLINI, La doctrine du fascisme, 1930

 

Ainsi peut-on définir plus simplement le fascisme comme étant une idéologie révolutionnaire et totalitaire, qui réunit un socialisme fait de violence, d'héroïsme et de solidarité et un nationalisme considérant la Nation comme un organisme vivant, englobant toutes les classes, et supérieur aux autres nations.

 

4. L'État fasciste est anti-individualiste puisque les nécessités de l'État passent avant celles des individus : l'homme doit vivre pour l'État et faire abstraction de lui-même. Dans ce contexte idéologique, l'État fasciste doit donc tout contrôler et tout organiser : presse, syndicats, production et même vie privée.

 

            "Anti-individualiste, la conception fasciste est faite pour l'État : elle l'est aussi pour l'individu en tant qu'il fait corps avec l'État, conscience et volonté universelle de l'homme dans son existence historique. Le libéralisme met l'État au service de l'individu... Pour le fascisme, tout est dans l'État, rien d'humain ou de spirituel n'existe en dehors de l'État. Ni groupements (partis politiques, associations, syndicats), ni individus en dehors de l'État. Par conséquent, le fascisme est opposé au socialisme qui rétrécit le mouvement historique au point de le réduire à la lutte des classes et qui ignore l'unité de l'État qui, lui, fond les classes en un seul bloc économique et moral. Pour les mêmes raisons, le fascisme est l'ennemi du syndicalisme...

          Le fascisme n'est pas seulement le créateur des lois et le fondateur des institutions, il est aussi et surtout éducateur et promoteur de la vie intellectuelle. Il veut renouveler non pas les formes extérieures de la vie humaine, mais son essence même, l'homme, le caractère, la foi".

                                   MUSSOLINI, La doctrine du fascisme, 1930.

 

5. L'État fasciste est également antilibéral puisque le libéralisme signifie la liberté de chaque individu en tant qu'être autonome et responsable. Or, toute liberté est dans l'État et par l'État, régulateur de la société. L'individu n'existe pas en tant qu'être ; seule son appartenance à la masse ou au groupe a une valeur.

6.      L'État fasciste est nationaliste et anti-intellectuel : chaque nation étant conçue comme un organisme vivant différent, le nationalisme niera toute morale universelle, tout droit naturel, et accordera à l'irrationnel ainsi qu'aux instincts la primauté sur la raison. Par-là s'expliqueront en partie le culte de la violence et l'anti-intellectualisme des fascistes (" Quand j'entends le mot "culture", je sors mon revolver "). En Allemagne, nous allons le voir, le régime national-socialiste d'Hitler organisera d'énormes destructions de livres par le feu, afin de "purifier" les esprits des "idioties inutiles et compliquées" qui les pervertissent. Le nationalisme apportant également au fascisme le culte du pouvoir fort puisque l'État, émanation de l'unité nationale, doit être fort pour rester un bon gardien de cette unité.

7.      7. L'État fasciste est antidémocratique et se caractérise par la haine du parlementarisme et donc la suppression du pluripartisme, pour le système du parti unique dans lequel chacun est sensé se retrouver.

                        " Le fascisme nie que le nombre, par le seul fait d'être le nombre, puisse diriger la société humaine ; il nie que ce nombre puisse gouverner au moyen d'une consultation périodique ; il affirme l'inégalité irrémédiable, féconde et bienfaisante des hommes, qui ne peuvent devenir égaux par un fait mécanique et extrinsèque tel que le suffrage universel"

                                   MUSSOLINI, op. cit.

 

            L’inégalité " irrémédiable, féconde et bienfaisante " des hommes est, de facto, l’argument principal pour nier la justification du parlementarisme. Puisque les individus sont inégaux, leur donner les mêmes droits (ici politiques) relève évidemment de l’idiotie aux yeux des fascistes.

De plus, le parlementarisme est un système dans lequel personne n'est responsable puisqu'une multitude d'individus sont à la barre :

" Une majorité vacillante d'individus peut-elle jamais être rendue responsable ? L'idée de responsabilité a-t-elle un sens, si elle n'est pas encourue par une personne déterminée ? Peut-on pratiquement rendre un chef de gouvernement responsable d'actes dont l'origine et l'accomplissement incombent à la volonté et à l'inclination d'une multitude d'individus ?".

HITLER, Mein Kampf.

 

8.      L'inégalité des individus explique aussi le culte du chef dans l'État fasciste. Il est celui qui sort du " troupeau ", celui qui, selon le philosophe allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900) s’est élevé au-dessus de la masse pour devenir un surhomme, une espèce d’homme-dieu : " Je vous enseigne le Surhomme. L’Homme est quelque chose qui doit être dépassé ".

F.NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra.

 

Le chef devient donc à la fois le responsable, mais aussi le guide ; celui dont chacun a besoin pour se décharger des décisions difficiles, et pour se décharger aussi de la réflexion. Le chef décide seul ; il incarne l'État, agit en son nom, connaît le chemin à suivre pour mener la Nation vers sa grandeur. Seule la guerre et la domination des autres Nations permettent à la Nation d'accéder à la grandeur. Seule la guerre permet à l'individu de faire quelque chose de "valable" de sa vie en mourant, s'il le faut, pour la grandeur de son pays.

2. LA GENESE DU TOTALITARISME

 

Moins de 3 mois après la signature du Traité de Versailles, dans une brasserie de Munich, se constituait un petit "Parti des Ouvriers allemands", qui allait ajouter plus tard à son nom l'étiquette de "national-socialiste". Parmi les membres fondateurs se trouvait un caporal d'une trentaine d'années, Autrichien d'origine, qui se nommait Adolf HITLER. On était en septembre 1919. Quelques mois plus tôt, en Italie, un instituteur déçu par le socialisme, ayant embrassé la carrière de journaliste, mis sur pied des groupes de combat baptisés " Fascio di Combattimento " ( Faisceaux de combat ), qui se multiplièrent tellement, qu'en 1921, cet homme nommé Benito MUSSOLINI put les réunir en un seul et grand parti : le Parti national fasciste. Dans les deux cas, les frustrations nées des traités de paix devaient servir de détonateur à leur ascension.

Si on ajoute à ceux-ci le régime communiste de LENINE, étudié au chapitre précédent, nous avons trois mouvements contemporains (1917-1919) qui, sous leurs symboles respectifs - la croix gammée, les faisceaux, la faucille et le marteau - allaient, au nom du nationalisme et du socialisme, mener le combat contre les démocraties libérales capitalistes. Ils se réclamaient tous trois d'une économie étroitement contrôlée et centralisée ; ils faisaient valoir le caractère unique de leurs destinées nationales, militaires et idéologiques. Nous ne reviendrons pas sur le régime bolchevique. Nous nous attacherons à comprendre, pour les deux autres , le comment et le pourquoi de leur succès.

 

3. LA MONTEE DU FASCISME : les origines historiques.

 

A.   L'Italie

 

            L'Italie s'était rangée aux côtés des alliés en 1915, moyennant certaines promesses territoriales, notamment des colonies. Celle-ci ne seront pas tenues : L'Istrie et le Trentin ne constituent qu'un bien maigre butin pour un pays qui recense 645 000 morts, plus d'un million de blessés ( dont 300 000 mutilés ) et ses riches provinces du Nord dévastées. Sa dette est colossale et l'Italie souffre en outre d'un retard industriel grave.

            Bref, au lendemain de la guerre, s'y produit une crise économique dont les principales victimes sont les anciens combattants qui, revenant de la guerre sont réduits au chômage, c'est-à-dire à la misère. La monnaie italienne perd une grande partie de sa valeur ; en un an, la valeur du dollar passe de 8 à 28 lires (ce qui ruine la petite bourgeoisie). Il en résulte une hausse du coût de la vie et une augmentation du chômage. La faim pousse les paysans à s'emparer des grandes propriétés et les ouvriers à occuper des usines : l'Italie sombre ainsi dans une anarchie généralisée (anarkia = absence de commandement).

            Voulant rétablir l'ordre et rendre à l'Italie le prestige d'une grande puissance digne de la Rome antique, MUSSOLINI (1883-1945) rassemble dans ses " faisceaux de combat " revêtus de "chemises noires " les mécontents : anciens combattants, jeunes chômeurs, et petite bourgeoisie ruinée par la dépréciation de la monnaie. Ils organisent, surtout contre les socialistes, des expéditions punitives qui sèment la terreur (bastonnades, destruction des imprimeries, incendie de locaux politiques...) MUSSOLINI élimine ainsi ses adversaires et reçoit le soutien des milieux industriels qui redoutent communisme et syndicats.

                                   "Une question que je n'étais pas le seul à me poser : d'où venait aux chefs du fascisme l'argent dont ils semblaient abondamment pourvus ? On disait bien que le fascisme tirait ses principales ressources de la contribution que lui payaient les gros propriétaires pour être à l'abri des syndicalistes tant communistes que catholiques. On le disait aussi financé par les grands industriels en vue de combattre l'ennemi commun : le communisme".

                                   Baron BEYENS, Quatre ans à Rome, 1921-1926

 

- Les fascistes contre la grève générale :

                        "Il paraît que l'Alliance du Travail entend proclamer aujourd'hui, à partir de minuit, la grève générale nationale, y compris les services publics... Si dans les quarante-huit heures après la proclamation de la grève, le Gouvernement n'a pas réussi à la faire cesser, les fascistes s'en chargeront eux-mêmes directement..."

                                   Circulaire du Parti national fasciste, 31 juillet 1922.

 

                        -Les fascistes contre les militants ouvriers : témoignage sur l'assassinat du communiste Valenti, le 12 octobre 1922.

                   "Garrotté, Valenti avait été jeté dans une automobile qui filait vers Fossombrone (Ombrie). En route, après l'avoir abreuvé d'outrages et couvert de crachats, ses tortionnaires lui coupèrent le nez et les oreilles et le lardèrent de coups de poignard. A Fossombrone, ils attachèrent leur victime sanglante au garde-boue de l'automobile et le traînèrent ainsi par les rues désertes, car la population terrorisée se cachait dans les demeures closes. Les assassins tenaient la rue... Du local fasciste, l'automobile, remorquant son affreuse charge, repartit dans les rues et par les routes, changeant d'allure pour varier et prolonger le plaisir. Ce n'est qu'arrivé au cimetière de Fossombrone que Valenti fut achevé..."

                                   Cité d'après Le fascisme italien, dans Textes et documents, n° 23, Paris, 1965.

 

            Protégés par les puissants, assurés de l'impunité, ils peuvent, comme nous venons de le lire, multiplier les violences avant de revendiquer le pouvoir et menacer de s'en emparer par la force. Après la démonstration de leur puissance lors de la spectaculaire Marche sur Rome (27-30 octobre 1922), où 40000 Chemises noires défilent militairement, les fascistes contraignent le roi VICTOR-EMMANUEL III à charger MUSSOLINI de former un gouvernement. Ce dernier est devenu le Duce, le chef de l'Italie. Il remporte les élections de 1924 mais, devant une opposition qui reste puissante, il fait assassiner le socialiste Matteoti avant d'enlever leur mandat parlementaire aux députés. Il peut dès lors organiser sa dictature.

            Le Duce entend gouverner en maître. Il élimine tous les partis, sauf le sien, déporte ou assassine les chefs de l'opposition ; abolit le suffrage universel ; réduit les pouvoirs du roi et du Parlement ; fait des ministres des agents d'exécution de ses ordres et impose le "salut romain"(bras droit tendu). Les libertés individuelles sont supprimées et la censure établie. L'opinion est manipulée par de spectaculaires manifestations de masse et la milice, la police politique, est organisée afin de tout contrôler.

            La propagande va s'exercer, avant tout, sur les jeunes générations en mettant l'école au service du fascisme : instituteurs et professeurs doivent être fidèles au régime et enseigner en chemises noires. Dès l’âge de 4 ans, les enfants sont incorporés dans des formations à caractère militaire : "les Fils de la louve" ; sont "balillas" de 8 à 14 ans, reçoivent un uniforme et un petit fusil ; de 14 à 18 ans, ils sont "avant-gardistes" avant de devenir, membres des "Jeunesses fascistes". Quant au peuple, il suivra les mots d'ordre du pouvoir : "Credere, obidere, combattere" (croire, obéir, combattre), car "le Duce a toujours raison".

            Afin de résorber le chômage, MUSSOLINI entreprend une politique de grands travaux : irrigation, assèchement de marais, électrification des chemins de fer, équipement de centrales électriques, construction d'autoroutes, dégagement du Colisée ou fouilles à Pompeï afin de ressusciter le passé grandiose de Rome.

            L'économie est totalement dirigée par l'État, dans le but d'isoler l'Italie du reste du monde par un protectionnisme rigoureux et un frein au départ de ceux qui espèrent trouver de meilleures conditions de vie ailleurs. En fait, cette politique basée sur l'autarcie et le dirigisme est peu adaptée à un pays dépourvu de matières premières et qui cherchera très vite à régler ce problème par la force (Éthiopie, 1935).

            Enfin, la politique extérieure du régime se caractérise par l'impérialisme. Le Duce veut rendre la Méditerranée à l'Italie et trouver des territoires où installer l'excédent de population. Il envahit l'Éthiopie, proie idéale. Pauvre, arriéré, ce pays où sévissait encore l'esclavage, était bien pourvu en matières premières et suffisamment éloigné de l'Europe et des intérêts vitaux des grandes puissances pour qu'aucune d'elles ne songeât à se battre pour lui. En 1939, il s'attaque à l'Albanie. Avant cela, il s'était rapproché d'HITLER et, pendant la guerre civile en Espagne (1936-1939), il avait apporté son aide au futur Caudillo, le général FRANCO. Pendant la deuxième guerre mondiale, croyant imminente la victoire nazie, il se jette sur la France en revendiquant Nice, la Corse et la Tunisie. Dès l'automne 1940, il se tourne vers la Grèce pour une campagne qui deviendra vite un désastre. La suite ne sera guère plus glorieuse, l'Allemagne devant secourir cet allié de plus en plus encombrant dans les Balkans et en Afrique du Nord.

En juillet 1943, VICTOR-EMMANUEL III fait arrêter un MUSSOLINI affaibli. Il sera libéré par les Allemands. Début 1945, quand le front allemand s'effondre en Italie, il tente de fuir vers la Suisse mais est reconnu par des partisans antifascistes et exécuté sommairement le 28 avril 1945 avec sa compagne Clara Petacci. Leurs corps seront exposés à Milan, pendus par les pieds à un crochet de boucher.

                        Il serait injuste toutefois d'assimiler, malgré ses excès, le fascisme italien au fascisme allemand (nazisme). Ce n'est qu'après 1938 que le fascisme italien prit quelques mesures racistes, assez grotesques du reste, dans un pays où la population juive n'était composée que d'une infime minorité. Et cela encore par pur rapprochement politique avec le IIIème Reich puisque Mussolini lui-même s’était bien défendu de s’attaquer aux Juifs par le passé :

" L’antisémitisme n’existe pas en Italie. Les Juifs italiens se sont toujours bien comportés comme citoyens et bravement battus comme soldats. Ils occupent des situations éminentes dans les universités, dans l’armée, dans les banques. Il y en a toute une série qui sont généraux ".        

EMIL LUDWIG, Entretiens avec Mussolini, p.85, Paris, 1932.      

 

Parallèlement, le fascisme allemand, le National-socialisme ou nazisme, était inséparable de ses conceptions racistes et de l'idée de la suprématie de la race germanique.

            Lorsque l'Italie montra la faiblesse de son armée lors de la campagne de Grèce en 1940, c'est vers l'imitation du "modèle allemand" que les mouvements fascistes de l'Europe occidentale occupée se tournèrent. Ce fut notamment le cas en Belgique du mouvement rexiste de Léon DEGRELLE.

 

                         B.L'Allemagne

 

Le Traité de Versailles, nous l'avons vu précédemment, avait imposé de lourdes indemnités à l'Allemagne. Son potentiel industriel avait diminué et le Mark commence à s'effondrer dès la guerre terminée (voir document " valeur du $ en Mark ", Trêve de 20 ans). L'inflation ruine les rentiers, les retraités et la petite bourgeoisie dont le "bas de laine" a fondu. La misère est partout.

            C'est dans ce climat que la République de Weimar (1919-1933) a succédé à l'empire autocratique vaincu de Guillaume II (2ème Reich). Ce gouvernement républicain qui signe le Traité de Versailles doit bientôt faire face à une situation anarchique.

            L'orgueil national a été bafoué. Les Allemands ne cessent de protester contre le "Diktat" (paix dictée) de Versailles et supportent mal l'occupation par la France et la Belgique du bassin minier de la Ruhr en compensation du non-paiement des "réparations" prévues en 1919 et contestent un régime - fut-il démocratique - imposé par les vainqueurs. Si encore ce dernier trouvait des solutions à la crise, à l'inflation, à la misère, au chômage... Mais la situation est désastreuse : 1 Allemand sur 4 est chômeur en 1923 (et la crise économique mondiale de 1929-1932 n'arrangera rien). Le Gouvernement est contesté à gauche par des "disciples" de LENINE qui veulent une révolution prolétarienne (les Spartakistes de Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBURG) ; à droite par le Parti national-socialiste d'Adolf HITLER dont la formidable organisation paramilitaire, les sections d'assaut (S.A. ou Sturmabteilung) bénéficient, comme en Italie, de l'appui de nombreux banquiers et industriels pour ses positions anticommunistes. Après la guerre, ces derniers justifieront leur choix de façon assez simple :

                                   "En réponse à la question de savoir pourquoi ma famille s'est déclarée pour Hitler, j'ai répondu : l'économie a besoin d'un développement sain et progressif. Les nombreux partis politiques allemands luttaient entre eux dans le désordre ; une activité constructive n'était plus possible. Nous autres, hommes de Krupp, ne sommes pas des idéalistes, mais des réalistes. Nous avions l'impression que Hitler nous donnerait la possibilité d'un développement sain. Il l'a du reste fait. Auparavant, le système des partis était chaotique. Hitler avait un plan et il savait agir (...) L'existence est une lutte pour se maintenir en vie, pour le pain et le pouvoir (...) Dans cette lutte implacable, nous avions besoin d'être menés par une main forte et dure. Celle de Hitler l'était. Après les années passées sous sa conduite, nous nous sentions bien plus à l'aise".

                                    Déposition de l'industriel Krupp, au procès de Nuremberg.

 

            En 1923, à Munich, HITLER tente un putsch qui échoue et le conduit en prison. Il y rédigera Mein Kampf (Mon Combat) où est exposée la doctrine ultra nationaliste et raciste du nazisme.

            Libre moins d'un an plus tard, et comprenant que la lutte ouverte et la violence devaient, pour être payantes, reposer sur la légalité, il réorganisa son parti de façon à renforcer son aspect militaire : aux S.A. en chemise brune, il adjoignit son " échelon de protection " (Schutzstaffel ou S.S.) en uniforme noir. Il sema alors la terreur politique au moyen d'émeutes et de combats de rues, tout en affirmant publiquement qu'il ne voulait accéder au pouvoir que par des voies légales.

            Hitler sentait bien que les institutions de la République de Weimar étaient caduques et que, dans le fond, bien des Allemands attendaient un renouveau total : les ruinés, les nationalistes dont les cœurs brûlaient d'un désir de revanche après l'humiliation, le monde économique en général et les industriels de l'acier en particulier, avides de commandes qui n'arrivent plus ( l'armée allemande à été limitée en nombre et donc en armement lourd par le Traité de Versailles). Il joue aussi sur la crainte de la Russie et de "la peste bolchevique" ; sur l'antisémitisme, qui permet de rendre responsables de tous les maux ceux qui ne sont pas de "bons Allemands".

            Ainsi, en semant la discorde parmi ses adversaires, et en promettant n'importe quoi à n'importe qui - sauf aux Juifs et aux communistes - il arriva au pouvoir notamment grâce à l'argent des industriels, des grands propriétaires terriens, des nationalistes et même des politiciens conservateurs qui l'aidèrent dans son ascension en pensant le neutraliser. Ses extraordinaires capacités oratoires firent le reste :

                        "Hitler répond aux vibrations du cœur humain avec la sensibilité d'un sismographe ou peut-être d'un poste récepteur de radio. On m'a très souvent demandé quel était le secret de l'extraordinaire pouvoir de Hitler orateur. Je ne peux l'attribuer qu'à son intuition mystérieuse qui diagnostique de façon infaillible les maux dont souffrent ses auditeurs. Adolf Hitler pénètre dans une salle, respire l'atmosphère. Pendant une minute, il tâtonne, cherche son chemin, se pénètre de cette atmosphère. Et soudain, il éclate. Ses mots frappent leur cible comme autant de flèches, il retourne le couteau dans chaque plaie, libère le subconscient de la masse, exprime ses aspirations les plus profondes, lui dit ce qu'elle désire le plus entendre.

                   Le lendemain, ce n'est plus devant de braves petits bourgeois, mais devant des industriels qu'il prend la parole. Même incertitude au début... Mais un éclair illumine ses yeux : il a senti. L'effort de l'individu régénère les nations, seul l'individu compte, la masse est aveugle et stupide ; chacun de nous est un chef et l'Allemagne est faite de ces chefs...

Il est tombé juste ; les industriels pensent, crient, jurent qu'Hitler est leur homme".

                                   Otto STRASSER, Hitler et moi.

Bref, les conservateurs persuadèrent le vieux président HINDENBURG de le désigner comme chancelier, le 30 janvier 1933.

            A partir de ce moment, Hitler allait agir à une vitesse éclair et d'une façon implacable. Quatre semaines après sa désignation comme chancelier, il fait incendier le Parlement allemand ( le Reichstag ) avant d'en accuser les communistes. Criant au danger, il se donna un prétexte pour réclamer plus de pouvoir afin de réprimer leurs excès. Il put ainsi, par un décret, étrangler littéralement les libertés que garantissait la Constitution de Weimar ; libertés de presse et de réunion, respect de la personne humaine et de la propriété privée...

                        "Les restrictions à la liberté personnelle, au droit de la libre expression des opinions, y compris la liberté de la presse ; les restrictions sur les droits d'assemblées et d'associations ; les violations du secret des communications postales, télégraphiques et téléphoniques ; les mandats de perquisition, les ordonnances de confiscations aussi bien que les restrictions sur la propriété sont également autorisés au-delà des limites légales autrement prévues".

                                    Décret pour la protection du peuple et de l'État, signé par le Président Hindenburg à la demande d'Hitler, le 28 février 1933 ( lendemain de l'incendie du Reichstag).

           

            En 1934, à la mort d'HINDENBURG, grâce à l'appui d'une majorité écrasante de députés, il put réunir à la fois les fonctions de chancelier et de président et devenir Reichsführer, c'est-à-dire le "guide" d'un nouvel État : le IIIè Reich. HITLER est ainsi devenu légalement dictateur. Une formidable machine de propagande orchestrée par GOEBBELS permit au pouvoir de faire croire tout ce qu'il désirait à une population "hypnotisée" :

                        "La faculté d'assimilation de la grande masse n'est que très restreinte, son entendement petit ; par contre, son manque de mémoire est grand. Donc toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coup de formules stéréotypées... La masse n'ouvrira sa mémoire qu'après la répétition mille fois renouvelée des notions les plus simples...

                   Si vous mentez, que vos mensonges soient énormes... Du plus grand des mensonges, l'on croit toujours une certaine partie..."

                                   HITLER, Mein Kampf.

 

                        "La dictature de Hitler se distinguait, par un trait fondamental, de tous les précédents historiques. C'était la première dictature d'un État industriel dans cette époque de technique moderne ; une dictature qui se servait à la perfection, pour la domination de son propre peuple, des moyens techniques. C'est par les moyens de la technique, tels que la radio et les haut-parleurs, qu'on ôta à 80 000000 d'hommes l'indépendance de la pensée. C'est ainsi qu'ils purent être soumis à la volonté d'un seul individu".

                                   Déclaration du ministre du Reich, A. SPEER, procès de Nuremberg, le 31 août 1946.

 

 

             4. LA DOCTRINE D’HITLER

                       

                         

Elle est exposée dans son livre Mein Kampf qui devint la Bible du mouvement National-socialiste ( Nazi ). Elle repose notamment sur les théories raciales de Gobineau et la notion de "Surhomme" que l'on trouve chez Nietzsche. La spiritualité y est même présente à certains moments.

           

            Elle est raciste : selon lui, les Aryens (Indo-européens, population de l'Antiquité dont sont issus les Grecs, les Slaves, les Celtes, les Latins et les Germains) sont les meilleurs représentants de la race blanche. Une hiérarchie existe toutefois puisque les Germains en sont les "seigneurs". Il faut par contre persécuter les éléments qui menacent la pureté aryenne et en particulier les Juifs (de race sémite), rendus responsables de tous les maux. Dès 1935, les Lois de Nuremberg retirent aux Juifs leur citoyenneté allemande et interdisent les unions avec des Aryens. Les avocats, médecins… juifs sont boycottés, de même que les magasins qui leur appartiennent. En novembre 1938, Goebbels organise un vaste pogrom connu sous le nom de " Nuit de Cristal ". Des synagogues sont incendiées, des magasins détruits et pillés et 30000 Juifs sont arrêtés et internés dans des camps de concentration. Bref, après une série de mesures vexatoires qui en feront des citoyens de seconde zone, on procédera à leur élimination pure et simple.

 

" Je vous demande avec insistance d’écouter simplement ce que je dis ici en petit comité et de ne jamais en parler. La question suivante nous a été posée : " Que fait-on des femmes et des enfants ? " Je me suis décidé et j’ai trouvé là aussi une solution évidente. Je ne me sentais pas en droit d’exterminer les hommes – dites, si vous voulez, de les tuer ou de les faire tuer – et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre… "

                                   Discours prononcé par Himmler à Posen, 6 octobre 1943

Des camps d'extermination seront équipés de chambres à gaz et de fours crématoires pour les anéantir. On évalue à près de 6 millions le nombre de Juifs assassinés par des nazis dont l'objectif est l'extermination pure et simple de la race juive en Europe ( la Solution finale ).

 

                   "Ainsi donc le but suprême de l'État racial doit être de conserver avec vigilance ces éléments primitifs de la Race d'où émane la culture, et qui confèrent beauté et dignité à une humanité supérieure..., créer des êtres à l'image du Seigneur et non des monstres qui tiennent le milieu entre l'homme et le singe..."

                        Hitler, Mein Kampf.

"5 à 10 % de la population, l'élite, doivent régner. Le reste doit obéir et travailler (...) La sélection de la nouvelle aristocratie est assurée par les S.S. (...), par l'élimination de tous les inférieurs sur le plan racial biologique, et par la liquidation de tous les adversaires politiques irréductibles, de ceux qui se refusent à accepter l'État national-socialiste. Cette voie nous permettra de dicter à l'Europe la loi d'Adolf Hitler, d'arrêter ainsi le déclin du continent et d'assurer la véritable communauté des peuples, avec à sa tête l'Allemagne".

                                   KOGON, l'État S.S.

 

                        "De même que la nuit s'oppose au jour et que l'ombre et la lumière sont des adversaires perpétuels, de même le pire ennemi de l'homme dominant la terre, c'est le sous-homme... Le sous-homme n'a jamais respecté la paix, il n'a jamais laissé les autres tranquilles. Car il avait besoin de la pénombre et du chaos. Il craignait la lumière du progrès. Pour sa conservation, il lui fallait la gadoue, l'enfer et non pas le soleil. Et ce monde ignoble de sous-homme trouva son chef : le JUIF !"

                                   Manifeste émanant de la Centrale S.S.

 

                        "Le manifeste que le parti national-socialiste a publié prescrit un boycottage systématique, organisé dans tous ses détails, des commerçants, des médecins et des avocats juifs... Sans doute, le document proscrit les sévices contre les personnes mais (...) elles (les mesures) aboutissent à condamner ces centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants à mourir de faim..."

                                   Extrait du journal Le Progrès du 30 mars 1933  

 

                        "Pénétré de la conscience que la pureté du sang allemand est la prémisse de la perpétuation du peuple allemand, et inspiré de la volonté indomptable d'assurer l'avenir de la nation allemande, le Reichstag a adopté à l'unanimité la loi suivante, qui est proclamée par les présentes :

§1. Les mariages entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé sont interdits.

§2. Le rapport extra marital entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé est interdit...

Tout contrevenant sera puni de travaux forcés".

                                   Extraits des Lois de Nuremberg, 15 septembre 1935.

 

             "En 1940, je fus nommé commandant à Auschwitz. J'ai dirigé ce camp jusqu'au 1er décembre 1943 et j'estime qu'au moins deux millions cinq cent mille victimes furent exterminées par les gaz puis incinérées ; un demi million au moins moururent de faim ou de maladie, ce qui fait un chiffre total de trois millions de morts. Parmi les gazés et incinérés, se trouvaient environ vingt mille prisonniers de guerre russes. Le reste des victimes comprenait environ cent mille Juifs allemands et un très grand nombre de Juifs de Hollande, de Belgique, de France, de Pologne, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Grèce et autres pays. Dans le seul été 1943, quatre cent mille Juifs hongrois furent exécutés..."

                                    Déposition de Rudolf Hösz, procès des criminels de guerre, Nuremberg, 1945-1946

 

            Voici la liste des principaux camps de concentration (camps de travail où on meurt d'épuisement et de maladies et camps d'extermination) et les chiffres approximatifs des victimes :

            AUSCHWITZ..............................:............. + de 2000000 morts

            MAJDANEK-LUBLIN................................. XXXXmorts   TREBLINKA.....................................................800000 morts

            BELZEC........................................................... 600000 morts      CHELMNO.......................................................200000 morts

            SOBIBOR.........................................................150000 morts

            MAUTHAUSEN...............................................122800 morts

            SACHSENHAUSEN........................................100000 morts

            RAVENSBRUCK............................................. .92000 morts

            NEUENGAMME................................................82000 morts

            STUTTHOF........................................................80000 morts

            FLOSSENBURG................................................73300 morts

            TEREZIN............................................................58000 morts

            BUCHENWALD......................................    56000 morts                        BERGEN-BELSEN............................................ 48000 morts

            DACHAU............................................................32000 morts

                       

        "L'épaisse fumée bleue des incendies flottait au-dessus des bois de sapins le long de la route de Winsen à Belsen. Dans les champs, le blé vert avait une senteur de printemps et les herbes qui se consumaient lentement dans les bois de sapins dégageaient un parfum agréable. En respirant à plein poumons, on sentait sourdre en soi la jeunesse et la joie de vivre. Puis, soudain, une nouvelle odeur s'insinuait dans les narines. Cela sentait la mort. C'était la puanteur qui nous parvenait du grand charnier, pour nous rappeler - et cette fois sans possibilité de l'ignorer ou de l'oublier - l'horrible crime commis par Hitler et les nazis contre le genre humain, contre le fondement même de la vie et de la foi...

         Je n'oublierai jamais l'horreur de ce que j'allais découvrir pas à pas. A première vue, cela ressemblait, en pis, à un énorme camp de baraques parsemées de miradors en bois. Dissimulé dans la pinède, ce camp immense était divisé en enclos entourés de fils de fer barbelés et contenant chacun une trentaine de longues baraques qui pouvaient loger, selon les normes militaires, quelque cinquante personnes. Les occupants, des hommes, des femmes et des enfants, y étaient récemment arrivés. pour la première fois depuis des jours il y avait de l'eau dans le camp, et pour la première fois depuis des semaines, ces gens se lavaient et lessivaient leurs vêtements. Le plus étrange, c'est que ça et là des hommes et des femmes se soulageaient - n'importe où, à l'endroit où ils se trouvaient. Il n'y avait pas d'installations sanitaires dans cet enfer perdu dans les bois.

         J'eus alors devant les yeux l'image de la lente destruction d'êtres humains, qui, après avoir été dépouillés de toute dignité et abaissés au rang des bêtes, mouraient à l'état d'épaves. Cet enfer, qui dépassait les plus hallucinantes descriptions de Dante, contenait quelque 60000 âmes. Des âmes ! Pouvait-on appeler ainsi ces tragiques créatures de l'espèce humaine qui pourrissaient dans leurs propres excréments, ces choses qui avaient été des hommes et qu'on avait réduit à l'état de squelettes, par une famine lente et délibérée, non sans les avoir préalablement dépouillés de tout reste de dignité humaine, si bien qu'en réalité, ils étaient déjà morts avant de mourir. Des cadavres gisaient près des fils de fer barbelés, couverts de lambeaux, ou complètement nus, des hommes, des femmes et des enfants, véritables déchets de l'espèce humaine, presque méconnaissables. Et pourtant il n'y avait qu'une heure qu'ils étaient morts...

Ils s'étaient couchés et ils étaient morts. En s'enfonçant dans le camp, c'étaient des monceaux de cadavres qu'on trouvait, en tas bien faits. Des cadavres aux membres grotesques, entassés dans des positions terribles. Un petit chariot était chargé d'une douzaine de corps de femmes et d'enfants, la peau du visage tendue sur le crâne, comme du parchemin. Ils venaient de mourir. Une jambe portait un bas brun, qu'une petite jarretière noire de moins de 10 centimètres de diamètre ne parvenait pas à serrer. Une auréole de cheveux roux cernait le visage mort d'une femme qui fixait le ciel bleu sans plus le voir. Le monde normal était loin. L'horreur en elle-même ne signifie pas grand chose pour un individu. Cette femme avait une vie, un but, elle était aimée de quelqu'un. Maintenant, il y avait morts par centaines, des morts, des vivants et des demi vivants. Les morts en petits tas de trois ou quatre à l'ombre des sapins, les mourants sur le bord de la route dans des attitudes de dormeurs, certains s'éteignant tranquillement, d'autres s'asseyant brusquement et parlant précipitamment. Ici, une femme était assise ; ses yeux ronds rentraient profondément dans leurs orbites. Une femme plus jeune essayait d'arrêter son babillage. Elle parlait comme un enfant dont elle n'était que la grotesque caricature. Celui qui n'aurait pas été au courant, aurait pu croire qu'elle réclamait un jouet, mais c'était la mort qu'elle implorait...

        Et lentement, l’aumônier m'entraîna vers le grand cimetière où nos soldats étaient en train de creuser des fosses au bulldozer pour y enterrer tous les morts, toutes ces épaves humaines en train de se décomposer, qu'Adolf Hitler et ceux de sa race avaient lentement, délibérément réduits à cet état. Jour et nuit, un gros camion avec des remorques charria des cargaisons de corps. Restez un moment avec moi au bord de cette fosse emplie de cadavres. C'est mon affaire, c'est votre affaire, c'est l'affaire du monde entier. La fosse a 10 mètres de profondeur, mais cela ne peut pas se voir parce qu'elle est remplie de corps humains, déversés n'importe comment, enlacés dans la mort... Il y a des filles, des garçons, des hommes, des femmes, nus ou à moitié nus, placés dans tous les sens, de toutes les façons, les uns fixant le ciel, d'autres ayant la tête enfouie dans des débris humains. A l'autre bout de la clairière sablonneuse se dresse le four crématoire, mais le pétrole a manqué. Un rapport approximatif du responsable des incinérations signale la destruction de 17000 corps le mois dernier. Il paraît que les prisonniers étaient assommés avant d'être jetés au four, car il y avait si peu de différence entre les morts et les mourants. On ne pouvait même pas voir la différence sur les visages...

         L'Allemagne m'était devenue un objet d'horreur. Je la haïssais jusqu'à l'obsession... Il m'était difficile de parler à un Allemand quel qu'il soit. Je circulais parmi les civils ou les prisonniers comme s'ils n'étaient pas là, sentant une sorte de mur de flammes entre eux et moi... L'horreur m'avait transformé. Ma conception de la vie avait changé - j'en avais la révélation - et toutes mes idées en matières sociale, politique et économique s'étaient cristallisées. Je suis devenu un pur idéaliste. J'ai renoncé à tous les "ismes". J'ai foi en l'esprit humain, et je crois que ce n'est qu'en améliorant le cœur des hommes que la civilisation pourra être sauvée.

         Car, s'il est vrai que ce sont les Allemands qui ont fait cela, il n'y a pas que les Allemands qui sont capables de le faire. Des prisonniers l'ont fait à d'autres prisonniers. L'espèce humaine peut faire cela à l'espèce humaine".

                                   R.W. THOMPSON, Men Under Fire, et son article au Sunday Times, le 19 avril 1945.

                        Elle est nationaliste : selon HITLER, l'Allemagne est peuplée des Aryens les plus purs ; les Allemands sont donc des " hommes supérieurs " destinés à devenir les "maîtres du monde ". Le peuple allemand, " race de seigneurs " a le droit d'étendre son " espace vital " au détriment des peuples inférieurs ( principalement les Slaves ).

                        "Réduire l'ensemble de l'économie polonaise au minimum absolument

indispensable à la simple survie de la population, et fermer toutes les institutions culturelles, en particulier les écoles et les collèges techniques, afin d'empêcher la formation d'une nouvelle élite polonaise. La Pologne sera traitée comme une colonie ; les Polonais deviendront les esclaves du Grand Reich Allemand ".

                                   FRANK, gouverneur général de la Pologne, 1939.

"Il doit y avoir une règle absolue pour les SS : être honnêtes, corrects, loyaux et amicaux entre les membres de notre propre race et envers personne d’autre. Ce qui peut arriver à un Russe ou à un Tchèque ne m'intéresse pas le moins du monde. Nous prendrons dans ces nations ce qu'elles peuvent offrir de sang pur en leur enlevant, si besoin est, leurs enfants et en les élevant chez nous. Que ces peuples soient prospères ou meurent de faim ne m'intéresse que dans la mesure où nous avons besoin d'eux comme esclaves de notre Kultur : en dehors de cela, je ne m'en soucie aucunement. Peu importe que 10000 femmes russes tombent d'épuisement en creusant un fossé antichar pourvu que ce fossé soit terminé. Nous ne seront jamais brutaux et insensibles lorsque cela ne sera pas indispensable, c’est évident. Nous, Allemands, qui sommes les seuls au monde à avoir une attitude correcte envers les animaux, nous aurons également une attitude correcte envers ces animaux humains. Mais ce serait un crime contre notre race de nous soucier d’eux et de leur donner un idéal, car nos fils et nos petits-fils auraient encore plus de difficultés avec eux. (…)

Si quelqu’un vient vers moi pour me dire : " Je ne peux pas faire construire le fossé antichars par des enfants ou des femmes. Cela est inhumain, car ils mourront ", je dois lui répondre : " Tu es un assassin pour ceux de ta race, car si le fossé n’est pas construit, des soldats allemands mourront et ce sont des fils de mères allemandes. Ils sont de notre race ". C’est ce que je voudrais inculquer à chaque SS, et – comme je le crois – ce que j’ai inculqué comme un des lois les plus sacrées de l’avenir : Notre souci, notre devoir, c’est notre peuple, c’est notre race ".

                                   HIMMLER aux officiers S.S., 1943.

Par ailleurs, tous ceux qui sont de sang allemand doivent se retrouver unis dans une grande nation allemande (théorie du Deutschtum) :

" 1. Nous demandons la réunion de tous les Allemands en une Grande Allemagne, conformément au droit des peuples à disposer librement d'eux-mêmes.

          2. Nous réclamons l'égalité des droits pour le peuple allemand vis-à-vis des autres nations, et l'annulation des traités de Versailles et de Saint-Germain.

1.    Nous réclamons des terres et du sol (colonies) pour nourrir notre peuple et établir notre excédent de population ".

Programme du N.S.D.A.P. (Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands), 24 février 1920.

 

Elle est totalitaire : comme en Italie, toutes les forces de la Nation doivent être soumises à l'État. Il ne peut y avoir qu'une seule opinion, qu'un seul parti politique. Il faut donc éliminer les socialistes et les communistes, " responsables " de la défaite de 1918. La grève est interdite, les syndicats dissous.

        " Le Parti National- Socialiste des Travailleurs Allemands (N.S.D.A.P.) constitue le seul parti politique d'Allemagne. Quiconque entreprend de maintenir la structure d'un autre parti politique ou de former un autre parti politique, sera puni d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de travaux forcés ou de six mois à trois ans de prison ; si le crime n'est pas passible d'un châtiment plus grave aux termes d'autres règlements"

                                   Loi du 14 juillet 1934.

            Elle est dictatoriale : pour veiller à la pureté de la race, pour faire du peuple allemand un peuple de seigneurs, pour diriger le parti nazi, il faut un chef, un guide, un führer : " Ein Volk, ein Reich, ein Führer " ( un peuple, un empire, un chef ). La volonté d'Adolf HITLER sera transmise à une pyramide de chefs dans laquelle chacun est lié à ses supérieurs et au Führer par une soumission volontaire et un dévouement absolu. Le Führer se déclare également chef suprême de l'armée : c'est à lui, et non au drapeau ou à la Nation que les soldats prêtent le serment de fidélité.

                        Serment du S.S. : " A toi, Adolf Hitler, Führer et chancelier du Reich, je prête serment de fidélité et de courage. Je te jure, à toi et aux chefs par toi désignés, obéissance jusqu'à la mort. Que Dieu me soit témoin ! "

                                   Cité in J.LEFEVRE et J. GEORGES, Les temps contemporains vus par leurs témoins, doc.119, p. 82, Casterman, 1973.

"Lorsqu'une décision doit être prise, nous ne comptons pas plus que le sol sur lequel nous nous trouvons. C'est le Führer et le Führer seul qui décide".

                        Déclaration du ministre allemand Göring à l'ambassadeur d'Angleterre.

 

 

 

 

5. LA DICTATURE D'HITLER

                         

Avec ses pleins pouvoirs, Hitler supprime toutes les autres formations politiques ; il impose aux Allemands son emblème, un symbole religieux hindou en forme de croix aux branches coudées, la Svastika (croix gammée) ; son drapeau et le salut hitlérien (bras levé) accompagné du " Heil Hitler " pour remplacer les formules de politesse traditionnelles. La Gestapo (police secrète) et les S.S. enserrent tous les Allemands dans un réseau de suspicion et d'oppression généralisées : la peur devient le moyen le plus efficace de gouvernement.

            Dès l'année de son arrivée au pouvoir, le Führer fait créer les premiers camps de concentration et y autorise la détention sans jugement (Dachau, près de Munich, dès mars 1933). Les premières victimes en sont des Allemands "ennemis" du régime (socialistes, communistes, libéraux, anarchistes, intellectuels...) et des gens" hors normes ", tels les condamnés de droit commun, les Témoins de Jéhovah et les homosexuels.

            Le Reichstag n'est plus convoqué que pour écouter les discours du chef. Celui-ci gouverne avec l'aide de collaborateurs, comme GOERING (président du Reichstag et ministre de l'aviation), GOEBBELS (ministre de la propagande) et HIMMLER (chef des S.S.et de toutes les polices). Le ministère de la propagande contrôle la littérature, la presse, la radio, le théâtre, la musique et les beaux-arts. L'uniformisation de l'opinion s'achève par la mainmise sur l'enseignement. Les bibliothèques sont épurées des auteurs juifs ou marxistes (avec autodafés des livres interdits).

                        "Hier soir, devant l'Université de Berlin, sous la présidence de M. Goebbels, ministre du Reich, et en présence d'une foule nombreuse qui chantait le Deutschland über alles et l'hymne raciste Horst Wessel, les étudiants ont fait un autodafé monstre d'environ vingt mille volumes d'écrivains les plus divers. Ces ouvrages, enlevés dans plusieurs bibliothèques avec l'approbation du ministre de l'Éducation et des Cultes, avaient été déclarés contraires à l'esprit allemand régénéré et, par conséquent funestes..."

                        Extrait de journal, le 12 mai 1933.

                       

            Parallèlement, tout comme en Italie, la jeunesse est contrôlée dans des organisations (les Jeunesses hitlériennes) où on inculque l'obéissance au Führer, la supériorité de la Nation allemande, la haine des races " inférieures "et la notion du "Surhomme" ou de "l'Homme-Dieu" si chère au philosophe allemand Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) :

"Ma pédagogie est dure. La faiblesse doit être chassée à coups de fouet. Dans mes séminaires grandira une jeunesse qui effraiera le monde. Je veux une jeunesse brutale, impérieuse, impavide et cruelle. La jeunesse doit être tout cela. Elle doit supporter la souffrance. Il ne doit y avoir en elle rien de faible ou de tendre. Le fauve libre et magnifique doit à nouveau briller dans ses yeux. Forte et belle : voilà comme je veux ma jeunesse. Elle pratiquera tous les exercices physiques. Je veux une jeunesse athlétique, c'est la première chose, et la plus importante. C'est ainsi que j'effacerai des millénaires de domestication humaine. Ainsi j'aurai devant moi le fruit pur et noble de la nature. Ainsi je pourrai créer du nouveau. Je ne veux pas d'éducation intellectuelle. La science corromprait ma jeunesse. Ce que je préférerais, c'est qu'elle n'apprenne que ce qu'elle s'appropriera volontairement en pratiquant une activité de jeu. Mais elle doit apprendre à se dominer. Je veux qu'elle apprenne à vaincre, dans les plus rudes épreuves, la crainte de la mort. C'est là le stade de la jeunesse héroïque. D'elle sortira l'homme libre, mesure et centre du monde, l'homme-créateur, l'homme-Dieu. Dans mes séminaires, il y aura comme image du culte l'homme beau et maître de lui, et il préparera la jeunesse au stade ultérieur, celui de la maturité virile..."

                                   H. RAUSCHNING, Conversation avec Hitler. Cité d'après P. MILZA, Fascismes et idéologies réactionnaires en Europe (1919-1945), dossier "sciences humaines" n°9, pp. 38-39, Paris, 1969.

                   "L'État national doit, en première ligne, orienter son effort pédagogique, non vers la simple absorption de connaissances, mais vers l'élevage de corps foncièrement sains...

                   Le couronnement de tout le travail de formation et d'éducation de l'État national ne peut être que l'impression, au fer rouge, dans les cœurs et dans le cerveau de la jeunesse qui lui est confiée, de l'esprit de race et du sentiment de race en s'adressant à la fois à l'instinct et à l'intelligence".

                                   HITLER, Mein Kampf.

D'un point de vue économique, le nazisme est fidèle aux grands principes de l'idéologie fasciste : autarcie, dirigisme économique, augmentation des rendements, grands travaux, armement massif. Hitler réussit à redresser artificiellement l'économie en résorbant l'énorme chômage allemand ; mais les caisses sont vides et les industriels attendent encore des commandes. La guerre servira d'écran de fumée devant les problèmes financiers et contentera les industriels avides de bénéfices.

 

6. LES INFRACTIONS A LA PAIX

                                  

Peu après son arrivée au pouvoir, HITLER montre déjà clairement son agressivité. Il rétablit le service militaire obligatoire et remilitarise la Rhénanie contrairement aux stipulations de la paix. En 1925 avaient été signés les Accords de Locarno ( Tessin, Suisse ) entre la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie. Ceux-ci, en reconnaissant les frontières des pays signataires, assuraient une paix durable en Europe. Un système d’arbitrage devant régler les éventuels conflits. Grâce à sa bonne volonté, l'Allemagne put devenir membre de la Société des Nations. HITLER fera sortir son pays de la S.D.N avant de dénoncer le pacte de Locarno. Il se rapproche de MUSSOLINI : les deux États totalitaires seront associés dans l'aide au général FRANCO en Espagne. En 1936, Cet axe Rome-Berlin sera renforcé par le pacte antikomintern (contre l'Internationale communiste) signé avec le Japon.

            Une série d'agressions, conformes au plan d'unification de la "communauté germanique" (Deutschtum) commence. L'Autriche, pays natal du Führer, ( dont le chancelier DOLFUSS est assassiné par les nazis dès 1934 ) est annexée au Reich en mars 1938 (= l'Anschluss). La même année, la population germanique des Sudètes (3 millions), enlevée à la Tchécoslovaquie, est rattachée au "Grand Reich allemand". Aux fameux Accords de Munich (29-30 septembre 1938), les démocraties, représentées par la France de DALADIER et la Grande-Bretagne de CHAMBERLAIN crûrent éviter la guerre en acceptant les exigences allemandes. Elles encouragèrent en fait HITLER dans sa politique d'expansion. Déjà, elles avaient permis à HITLER d'occuper la Rhénanie, laissé à MUSSOLINI les mains libres en Éthiopie, abandonné les républicains espagnols à leur sort face à FRANCO, ou encore fermé les yeux sur l'Autriche. Ici, elles abandonnèrent une démocratie alliée tout en se mettant à dos l'U.R.S.S. exclue des débats. Moins d'un mois après Munich, la Tchécoslovaquie était envahie, sans un seul coup de feu. Dans la lignée, MUSSOLINI envahit l'Albanie en avril 1939 et l'allié japonais, qui a également quitté la S.D.N. occupe la Chine.

            Décidé à régler le sort de la Pologne, née en partie sur les cendres de l'ancien empire allemand, HITLER réussit à signer avec l'U.R.S.S. de STALINE un pacte de non-agression (Pacte germano-soviétique)afin d'éviter de devoir éventuellement se battre sur deux fronts. Afin de "neutraliser" les Soviétiques, il était prévu d'envahir la Pologne et de leur en céder une partie tout en reconnaissant l'appartenance de certaines terres à la "sphère" soviétique (notamment la Finlande, l'Estonie et la Lettonie). Les nazis se réservant le reste de la Pologne, la Lituanie et la Roumanie (23 août 1939).

            Cette guerre par fragments n'était que le prélude d'un conflit universel, déchaîné par l'ambition d'hégémonie des régimes fascistes en général, du national-socialisme hitlérien en particulier.

            Le 1er septembre 1939, l'armée allemande (la Wehrmacht) pénètre en Pologne sans déclaration de guerre. Les parachutistes, les tanks, l'infanterie motorisée étaient couverts par une aviation (Luftwaffe) détruisant voies de communication, aérodromes et avions, avant même qu'ils ne décollent. C'est la furieuse guerre-éclair des nazis : la Blitzkrieg. Tout est fini en quelques jours.

            HITLER espéra, une nouvelle fois, que les pays occidentaux s'inclineraient devant son coup de force. Mais dès le 3 septembre, la Grande-Bretagne et la France lui déclarent la guerre. La seconde guerre mondiale est commencée.

            Lorsque cinq ans plus tard, on jugea les criminels nazis au Procès de Nuremberg, ils se déclarèrent tous innocents. Ils avaient simplement "obéi au chef"...

 


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